SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

16 décembre 2019 1 16 /12 /décembre /2019 17:46

Sarah, astronaute, est sélectionnée pour un voyage d'un an vers Mars. Entre son entrainement physique et technique et sa préparation à la séparation d'avec sa fille de 6 ans, les préparatifs sont éprouvants.

Alice Winocour propose un space movie sans espace qui replace sans cesse son héroïne face à la dichotomie entre son attachement à la terre et son rêve d'aventure extra-terrestre. Entre documentaire, l'entrainement de l'astronaute est précis, et mélodrame, sans pathos appuyé, Proxima est un beau film sur le sacrifice, le renoncement. 

Eva Green est parfaite en femme, tout à la fois, déterminée et concentrée sur son objectif et rattrapée par son instinct maternelle. 

Un film original par son propos et sa forme parfaitement maîtrisés.

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15 décembre 2019 7 15 /12 /décembre /2019 13:58

Franz Jaggerstatter, paysan autrichien, fervent catholique, affiche ouvertement son anti-nazisme. En février 1943, alors qu'il est appelé sur le front, il refuse de jurer fidélité au fuhrer.

A travers ce magnifique portrait de Franz Jaggerstatter, Terrrence Malik interroge, notamment, sur la place dans l'Histoire de l'homme de rien porté par ses convictions,  la force donnée par la foi et les doutes que l'horreur fait naître sur Dieu. Mais plus qu'un film sur la foi en Dieu, "La vie cachée" proclame la foi en l'homme. Le réalisateur alterne les scènes désespérées et mortifères avec celles de bonheur et de vie incarnés par la nature, l'amour et l'enfance.

Formellement très beau, le film impressionne autant par ses plans panoramiques que par ses gros plans ou cadrages dècentrés sur les visages, les mains qui s'etreignent, les pieds d'un enfant... La beauté se cogne sans cesse aux conséquences de l'horreur de la guerre et du nazisme dans ce petit village tranquille. August Diehl et Valerie Pachner, sont tous deux magnifiques. Seul bémol, la seconde partie du film dédiée au martyr de Franz perd de sa force de par sa longueur.

On demeure touché par la beauté et la cruauté de ce sacrifice, et la grandeur de cette petite histoire dans la grande Histoire du monde.

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14 décembre 2019 6 14 /12 /décembre /2019 19:43

Elia Suleiman vit à Nazarreth, en Palestine. Il part observer la vie à Paris et à New-York.

Le récit enchaine de grands moments de vide, beaucoup de clichés et des plaisanteries faciles.

Quitte à enfoncer les portes ouvertes mieux aurait value y aller carrément et remplir ces 1h38mn du burlesque que semble apprécier le réalisateur du film, qui s'avère de plus être un piètre comédien.

Ici, les silences et les 3 phrases de dialogues pseudo poétiques semblent brandis pour parer le film d'une posture intellectuelle qui ne fait guère illusion. On ne retient que la vacuité de l'ensemble.

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12 décembre 2019 4 12 /12 /décembre /2019 16:34

De nos jours à Marseille, Richard, chauffeur de bus, Sylvie, femme de ménage et leurs filles et beaux fils s'arrangent comme ils peuvent avec la dureté du monde moderne.

Après "Sorry we miss you" de Ken Loach sur l'uberisation de notre société, Guediguian présente à son tour sa vision de la paupérisation du monde du travail et de la société dans son ensemble. Une misère qui pousse à la bêtise, la cruauté, l'indifférence et au sacrifice. Guediguian fait avec gravité et poésie, et avec plus de finesse que Loach, une démonstration aussi plombante qu'efficace sur cette société impitoyable.

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11 décembre 2019 3 11 /12 /décembre /2019 16:50

Au début des années 60, la compagnie Ford, qui voit ses ventes chuter, décide de se donner une nouvelle image en défiant Ferrari au 24 heures du Mans.

Réalisation enlevée, rythme endiablé, dialogues musclés et interprétation testostéronee, Le Mans 66 répond aux exigences du genre. Les amateurs, grands enfants, apprécieront.

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9 décembre 2019 1 09 /12 /décembre /2019 16:27

Un célèbre auteur de roman policier est retrouvé mort dans son manoir. Les soupçons se portent sur tous les membres de la famille et du personnel.

Cette sorte d'énigme à l'Agatha Christie, est portée par un casting intrigant, Daniel Craig, Michael Shannon, Jamie Lee Curtis, Don Johnson, Toni Colette... C'est sa seule originalité. Ce film au scénario vu et revu, s'il s'oubliera vite, se laisse regarder sans déplaisir.

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7 décembre 2019 6 07 /12 /décembre /2019 19:18

De la fin des années 50, jusqu'au début des années 90, Martin Scorsese dresse le portrait de Franch Sheeran, petit gangster, au coeur du crime organisé et proche du président du syndicat des transports, Jimmy Hoffa, mort assassiné.

Il faut bien 3h30, pour raconter avec clarté et créativité cette histoire vraie aux multiples protagonistes et aux incessants rebondissements. Les comédiens sont tous excellents, même si le rajeunissement numérique de De Niro dérange un peu au démarrage.

Le récit, très dense, nous tient en haleine jusqu'au bout.

A voir sur Netflix.

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1 décembre 2019 7 01 /12 /décembre /2019 16:12

Camille, 12 ans, voit ses parents séduits par l'accueil d'une communauté religieuse. Peu à peu l'emprise se fait plus forte, les interdits se multiplient.

Sarah Suco s'inspire de son histoire pour délivrer une dénonciation puissante et efficace des dérives sectaires. C'est par le regard de l'adolescente, la seule à garder un œil critique sur les événements, que la réalisatrice conte cette histoire. Elle démontre parfaitement, par touches de plus en plus appuyées, les rouages de cette mécanique d'emprisonnement des esprits, sa violence psychologique et physique.

Le film doit aussi beaucoup à la qualité de ses interprètes. Céleste Brunnquell est parfaite en adolescente pleine de vie et rebelle. Face à elle Camille Cottin en mère paumée et Eric Caravacca en père trop bon, trop faible, sont parfaits. Quant à Jean-Pierre Darroussin, il est particulièrement glaçant dans le rôle du gourou.

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1 décembre 2019 7 01 /12 /décembre /2019 13:36

A Paris, une main s’évade du laboratoire dans lequel elle est conservée. Elle part à la recherche de son corps.

 

Parallèlement, à ce périple, on découvre le parcours de Naoufel qui se confond avec les souvenirs de la main.

 

Ce film d’animation, au-delà de cette histoire aussi originale qu’étrange, porte beaucoup de poésie évoquant notamment la force du souvenir et le poids de la solitude.

 

« J’ai perdu mon corps », grand prix au festival d’Annecy, est nommé aux Oscars.

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30 novembre 2019 6 30 /11 /novembre /2019 13:14

A Montfermeil, en banlieue parisienne, Stéphane vient d'intégrer la BAC. Il fera équipe avec 2 flics qui connaissent par cœur la ville et ses habitants.


Ladj Ly a grandi à Montfermeil qui est, entre autre, la ville où Victor Hugo a écrit "Les Misérables". Ladj Ly dessine le portrait des différentes forces qui s'opposent dans les banlieues : les gamins, les trafiquants qui en échange de leur tranquillité font régner le calme, les porteurs de la parole de l'Islam, les mères et la police.

Ce qui perturbe la lecture de ce film est la mission que lui confère la presse qui en fait un film drapeau de la banlieue.

Mais le film de Ladj Ly ne raconte qu'une histoire romancée, certes sur fond de réalité mais conforme à ce que nécessite le récit. La police ici n'est confrontée qu'à des enfants. Cette vision de la jeunesse de la banlieue qui ne semble jamais dépasser l'âge de 15 ans, sans grande délinquance réelle, est particulière. L'attitude des trois flics après leur bavure, en dehors d'être illégale, est surtout totalement idiote. On est bien dans une histoire romancée, un peu de guingois, aux portraits artificiels ou caricaturaux. Cela reste efficace et plusieurs séquences sont marquantes parce que mettant en scène des jeux d'enfants dans un décor de tension. Mais le film ne se positionne pas dans du grand cinéma. 


On peut légitimement penser que le Prix du Jury reçu à Cannes a, cette fois encore, été remis au sujet traité plutôt qu'à l'œuvre cinématographique.
 

 

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29 novembre 2019 5 29 /11 /novembre /2019 16:05

En Sicile, dans les année 80, les différentes familles mafieuses se font la guerre. Tommaso Buscetta  membre de la Cosa Nostra qui a fuit au Brésil, est arrêté et extradé en Italie. Il décide de dire toute la vérité au juge Falcone.

Marco Bellocchio retrace cette histoire incroyable qui a vu l'arrestation de plus de 450 malfaiteurs, le triomphe du juge Falcone et son assassinat. A travers le portrait de Tommaso Buscetta, à la fois traitre et homme d'honneur (Pierfrancesco Favino magistral), Bellochio offre une vision nouvelle de la mafia en nous plongeant au coeur de l'intimité des mafieux et des trahisons multiples, portraits d'hommes sans foi ni loi ni éducation. Ici, les scènes de procès semblent surréalistes tant la bouffonnerie règne. On est bien loin des visions romanesques proposées par d'autres cinéastes et sans doute plus proches de la réalité.

 

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21 novembre 2019 4 21 /11 /novembre /2019 15:36

Bruno et Malik dirigent deux associations qui travaillent main dans la main : le Relais Ile de France et le Silence des justes. L'une travaille à la réinsertion sociale et professionnelle de jeunes et l'autre assure la prise en charge de jour ou de nuit d'enfants et adultes atteint d'autisme sévère.

Nakache et Toledano trace le portrait de ces hommes qui ont dédié leur vie à aider les autres. Cet exemple concret est le prétexte pour pointer du doigt les manquements de l'Etat français dans la prise en charge des personnes souffrant d'handicaps lourds.

Ainsi, le sujet du film n'est pas l'autisme mais les difficultés de sa prise en charge par les familles et les organismes de santé et le rôle essentiel joué par les associations.

Volontairement didactique, alternant gravité et rires, Hors normes est une sorte de feel good moovie qui appuie là où ça fait mal.

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14 novembre 2019 4 14 /11 /novembre /2019 15:50

Les Crawley reçoivent le roi et la reine en villégiature dans le Yorkshire. Cette visite va mettre le château en ébullition.

Il faut vraiment être très fan de la série pour apprécier cette version cinéma à la mise en place poussive et aux nombreuses scènes  lourdement démonstratives et aux dialogues ringards. Le plaisir prit à retrouver les personnages, maîtres et valets, s'essoufle vite face à cette intrigue de faible catégorie.

Une question demeure : pourquoi présenter cela au cinéma ?

 

 

 

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10 novembre 2019 7 10 /11 /novembre /2019 13:11

Victor, sexagénaire, dépassé par son époque, vient de se faire virer par sa femme du domicile conjugale. Un ami de son fils lui propose de tester un nouveau concept qui le plongera dans l'époque de son choix.

Après M. et Mme Adelmann, Nicolas Bedos reprend le thème de l'usure du couple, du temps qui en passant abîme les choses et les personnes aimées et de l'emprise du créateur sur sa muse. Lorsque Bedos parle de l’égocentrisme de l'artiste, et donc certainement d'un peu de lui, les scènes frôlent le ridicule. Le talent de Doria Tillier, remarquable, et celui de Guillaume Canet limitent sans nul doute l'agacement que peut faire naître le couple dont la partition fait pâle figure face à celle, affûtée, de leurs aînés.

Fanny Ardant et Daniel Auteuil sont également tous deux excellents dans leur façon de se débattre face à l'usure du temps ou au contraire de s'y abandonner. Ils sont particulièrement bien servis par des dialogues vachards, drôles et émouvants. Nicolas Bedos les place dans des situations qui leur donnent la possibilité d'utiliser une vaste palette de jeu qu'ils maîtrisent tous deux parfaitement. 

Les séquences de reconstitution des années 70 sont très belles et ce d'autant plus que le fameux concept de retour dans le passé n'utilise pas de technologies modernes mais les artifices du cinéma, comédiens et décors. Le film est ainsi et aussi un bel hommage au 7ieme art. Nicolas Bedos prouve encore qu'il est un bon metteur en scène. Sa réalisation est soignée et le parti pris du montage donne particulièrement du rythme à chaque scène.

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3 novembre 2019 7 03 /11 /novembre /2019 22:38

En 2011, quand la révolution pacifiste éclate, Waad el Kateab est étudiante à l'université d'Alep. A partir d'avril 2012 et jusqu'en décembre 2016, Waad filme la guerre que Bachar el Assad et son allier russe livrent à la ville d'Alep.

Ses images témoignent des massacres perpétrés sur une population de civils, hommes, femmes et enfants, à coups de tortures et de balles dans la tête, de bombardements aériens, de tirs de chars, de famine. Son film raconte aussi la lutte pour la liberté plus forte que la peur, la culpabilité de donner naissance et d'élever des enfants dans ces circonstances, la force et la folie de l'espérance, la rencontre de Waad avec Hamza, son mari, médecin héroïque, la première année de sa fille Sama, la vie avec ses amis, compagnons de lutte, la mort partout dans la ville et les hôpitaux qu'on bombarde, le regard des enfants en première ligne de cette ignominie. Et dit qu' "essayer de vivre une vie normale à Alep est une forme de lutte."

Pour "Sama", comme "Eaux Argentée" de Ossama Mohammed et Wiam Simav Bedirxan, est l'édifiant témoignage du crime contre l'humanité perpétré par Bachar el-Assad et ses alliés russes contre son peuple.

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3 novembre 2019 7 03 /11 /novembre /2019 16:45

Deux amis d'enfance doutent de la nature de leur amitié, après s'être embrassés pour le tournage d'un film.

Dolan présente un récit pauvre et répétitif qui semble caricaturer son propre cinéma : mères hystériques et/ou toxiques, scènes de complicité sur fonds de tubes plus ou moins ringards, amitiés vachardes, doutes existentiels, héros martyre...

L'intrigue repose sur le seul destin de ce duo d'amis et tourne, comme eux, en rond.

8 films en 10 ans, c'est beaucoup et certainement trop pour que Xavier Dolan soit en capacité de se renouveler et d'étoffer ses récits.

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1 novembre 2019 5 01 /11 /novembre /2019 13:41

Ricky qui multiplie les petits boulots depuis des années se met à son compte comme chauffeur-livreur. Cette décision nécessite des sacrifices à commencer par celui de la voiture de Abbie, sa femme, aide à domicile pour personnes âgées et handicapées.

Ken Loach dénonce ici l'ubérisation du travail. Il déroule son film en faisant s'affronter la déshumanisation du travail et l'équilibre familial. Les personnages, très bien incarnés par Kris Hitchen et Debbie Honneywood, sont instantanément attachants et les conséquences de leurs conditions de travail créent d'emblée l'empathie. 

La démonstration est édifiante. Mais Ken Loach charge un peu trop la barque du malheur. Tout comme dans "Moi, Daniel Blake", ses excès nuisent à son cinéma qui en devenant caricatural perd en efficacité.

 

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30 octobre 2019 3 30 /10 /octobre /2019 16:17

Ashleigh, étudiante à Yardley, est invitée à Manhattan pour interviewer, pour le journal de la fac, Pollard, un réalisateur de cinéma prestigieux. Gatsby, son petit ami, est ravi de l'accompagner pour lui faire découvrir sa ville. Mais le week-end en amoureux ne se passe pas comme prévu.

Woody Allen transfère sa veine comico-dépressive et ses angoisses sur un jeune couple d'étudiants et révèle au passage le talent comique de Elle Fanning. La comédienne, qui dispose d'une partition particulièrement drôle, est la grande surprise du film. Pour le reste, l'ensemble, sans être extraordinaire, est tout à  charmant.

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30 octobre 2019 3 30 /10 /octobre /2019 15:56

Arthur, déséquilibré mental, vit seul avec sa mère psychologiquement malade. Il cachetonne comme clown et se rêve stand-uper tout en tentant de survivre dans une société ultra violente, humiliante et qui abandonne l'idée de le soigner.

Ce film imagine un passé au Joker (le méchant de Gotham City dans Batman) Pourquoi est-il devenu cet affreux individu ? Tout simplement parce qu'il est mentalement malade, nous dit le film dès les premières minutes. Pendant deux heures, le récit nous explique comment un gentil déséquilibré devient un affreux meurtrier dans une réalisation ultra demonstrative, à l'accompagnement sonore pesant et à l'interprétation outrancière. Interminable et vain.

 

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29 octobre 2019 2 29 /10 /octobre /2019 22:38

A Alger, dans les années 1990, alors que la guerre civile prend de l'ampleur, Nedjma, étudiante, dessine et vend des robes. En réponse à la violence des intégristes, elle organise un défilé de mode.

Que ses créations soient réalisées à partir du Haik, ce tissu de 5 mètres destiné à être porté par les femmes pour masquer leur corps, ajoute à la portée du symbole. Mounia Meddour célèbre les femmes dans leur volonté de résister à l'oppression et à rester maîtresse de leurs corps et de leur destiné.

Elle dose parfaitement son récit qui monte en tension. Après les rires et l'insouciance des premières minutes du film, l'angoisse s'installe par petites touches et une succession d'événements. L'étau se resserre sur Nedjma et ses amis. La réalisatrice joue avec les couleurs et la lumière pour figurer la liberté et ses oppresseurs. Dans sa photographie, elle magnifie la beauté de cette jeunesse qui se débat sous la belle lumière Méditerranée face aux femmes en tenue traditionnelle noire et les hommes en armes qui semblent presque irréels.

L'énergie et la fraîcheur des comédiennes, dont Lyna Khouri dans le rôle principal, emportent l'ensemble.

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