SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

24 juillet 2022 7 24 /07 /juillet /2022 12:29

Dans la nuit du 12 octobre 2016, près de Grenoble, Clara, 19 ans, est brûlée vive par un inconnu. L' enquête est menée par la PJ.

Dès la première image, il est annoncé que le criminel, comme dans près de 20% des affaires judiciaires en France, ne sera pas trouvé. Cette absence de coupable est au coeur du film mais il n'en est pas le sujet. Dominik Moll nous plonge au sein d'une brigade de la police judiciaire, dans le quotidien de ses policiers qui font face aux obstacles logistiques dans la conduite de leur enquête et aux impacts psychologiques et émotionnels que l'horreur des crimes leur inflige.

Il ne faut pas s'y méprendre. Il ne s'agit pas d'un remake du L627 de Bertrand Tavernier, fiction quasi-documentaire sur les conditions de travail de la police. Dans La Nuit du 12, le réalisateur interroge fortement le rôle des hommes et leur regard sur ce féminicide et sa victime. Yohann, le chef d'équipe et son co-équipier Marceau, tout deux hantés par l'incompréhension d'une telle l'horreur, font face à la tentation de certains de leurs collègues de réduire Clara au statut de "fille facile". Et quand ils interrogent les hommes de la jeune vie de Clara, ils font le constat que tous auraient pu commettre ce crime. Les personnages féminins peu nombreux sont là pour recadrer et rappeler l'importance de ce crime et le statut de victime de Clara. Une de ces héroïnes, une policière ayant rejoint la brigade, s'interroge sur une police d'hommes qui enquête sur des hommes qui assassinent des femmes. Un monde d'hommes pour les hommes.

La réalisation, dans des paysages de montagne à la fois magnifiques et austères, souligne l'intranquiilite et la solitude. Solitude des proches de la victime face à la peine et l'incompréhension, solitude du policier face à l'horreur et l'incapacité de trouver le coupable. Dominik Moll réalise ici sans doute son meilleur film. En plus de ses qualités d'écriture, le scénario se déroule sans temps morts et distille avec finesse ses messages, et de la justesse de sa réalisation, le film affiche une distribution parfaite avec en tête Bastien Bouillon, Bouly Lanners, Pauline Seryers et Anouck Grinberg.

Le film est inspiré du livre ,18.3, une année à la PJ de Pauline Guena (Denoël)

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