Le metteur en scène Dominique Pitoiset transpose le chef d’œuvre de Rostand, aux 1600 vers, dans un hôpital psychiatrique, de nos jours. Drôle et inquiétante d’idée !
Est-ce la beauté des alexandrins de Rostand qui suffit à elle seule à nous emporter ? Le talent des interprètes ? Toujours est-il qu’au théâtre de l’Odéon, sur cette scène éclairée de la lumière blafarde de néons, meublée de matériel médical et habitée par 11 comédiens habillés de jeans, jogging et tee-shirt trop larges, la magie opère encore.
Pitoiset présente une mise en scène très physique où le comique et le fantasque dominent. Les comédiens s’en donnent à cœur joie à commencer par Daniel Martin en Duc de Guise parfait de ridicule. Maud Wyler est une Roxane sautillante et gaie. Ses tâches de rousseurs siéent parfaitement à son personnage à l’exaltation folle. Costa, très bien aussi, conserve à Christian tout son 1er degré, comme s’il était seul, conscient, au milieu de ces fous.
La transposition de la pièce dans cet étrange univers, et à notre époque, donne place à d’excellentes idées de mise en scène, telles que le duel à coups de poing, de tête et de pieds, bien plus violent au final, la scène du balcon sur skype et ces cordes à linge tendues à travers toute la scène et sur lesquelles reposent les lettres d’amour de Cyrano pour Christian à Roxane.
Quant à Torreton crâne rasé, gueule cassée, maillot de corps, pantalon de jogging et baskets, il est un magnifique Cyrano. Il fait entendre le texte comme rarement. La langue est belle et il la sert parfaitement. Captivant.