« Le discours d’un roi » doit beaucoup à ses comédiens. Colin Firth en George VI bégaye sans jamais rendre son personnage ridicule, Geoffrey Rush en orthophoniste impertinent est très drôle et Helena Broham Carter en épouse aimante, tout à la fois coincée et pince sans rire, est parfaite. Deuxième attrait du film, les dialogues à l’humour so british qui offrent de bons moments sans doutes les meilleurs. La réalisation assez académique propose tout de même 3-4 plans efficaces.
Malheureusement, le cœur du film manque d’ambition. Le scénario est plat et si les échanges entre le roi et son orthophoniste n’étaient pas aussi drôles on s’ennuierait fort. Les scénaristes se contentent d’un récit chronologique, linéaire, un peu confus et répétitif. L’intensité du film reste la même d’un bout à l’autre, avec quelques coups de mous en cours de route. Le réalisateur reste au premier degré, sur son sujet, le bégayement du roi sans jamais réellement faire de place au plus gros handicap d’ Albert-George VI : son absence d’ambition pour la fonction de roi. Une fonction qui, d’autant plus, lui tombe du ciel alors qu’il s’en croyait à l’abri. Si Tom Hooper aborde le sujet c’est du bout de la caméra. Ainsi la scène finale est ratée car écrite et réalisée, à l’image du reste du film, sans montée en puissance. On ne sent la libération du roi bégayeur qu’après son discours lorsqu’il est félicité par son entourage. Alors que cette libération s’opère au fil du discours. Sa voix se libère peu à peu et sans doute entre t-il vraiment dans la fonction à ce moment clé de son Histoire. Mais le réalisateur ne semble pas y porter attention. L’essentiel est que ce discours se termine sans fausse note. Il faut dire que le sujet de son film est le bégayement du roi et surtout rien d’autre.