SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
Mason vit avec sa soeur aînée et sa mère à Houston. Entre les déménagements, les maris de sa mère, les week-ends avec son père et les cours, Mason grandit.
Pendant 12 ans, Richard Linklater a donné rendez-vous chaque année à ses comédiens, enfants et adultes, pour quelques jours de tournage. On voit donc, au fur et à mesure de l'avancée du film, les personnages et leurs interprètes vieillirent sans artifice. Si le procédé intrigue au début, on l'oublie vite pour se concentrer sur l'histoire de Mason et de sa famille, et sur la peinture d'une certaine Amérique. Rares sont les films de plus de 2h qui tiennent la route jusqu'au bout. Porté par de magnifiques comédiens, une B.O. soignée et un scénario qui en petites touches décrit l'enfant qui se construit, Boyhood nous offre 166 minutes d'un très beau voyage tendre et mélancolique.
Pensant retrouver sa femme Amy, en rentrant chez lui, Nick découvre la maison vide et des traces de lutte dans le salon. Il appelle aussitôt la police.
Le non jeu de Ben Affleck sert ici plutôt bien son personnage et Rosamund Pike est effrayante à souhait. Le scénario est au démarrage finement ficelé. Le suspens est bien tenu même si l'évidente critique des médias nous aiguille rapidement sur la culpabilité (ou non) du héros. Le film se découpe en trois parties. La première, d'une heure nous tient en haleine. La deuxième nous séduit 40 minutes et lasse les 20 suivantes. Et dans la dernière partie d'un quart d'heure, installant une fin rebondissante improbable, le film semble soudain interminable et lourdingue. Preuve une fois de plus que rares sont les histoires nécessitant un développement de plus d'1h45. À voir pour l'originalité du scénario et son développement dans ses 100 premières minutes.
Abd Al Malik adapte au cinéma son roman autobiographique. Il y raconte ses années d'adolescence dans une cité de Strasbourg où excellent élève, tout jeune converti à l'Islam, déjà rappeur et petit délinquant, il est entouré d'une jeunesse sacrifiée dont on compte sur les doigts d'une main ceux qui s'en sont sortis.
Réalisé en noir et blanc (on pense évidemment à La Haine), le film se pare d'une grande noirceur, non sans humour et avec beaucoup d'humanité. On y retrouve la poésie d'Abd Al Malik en voix off mais aussi dans la réalisation soignée, le sens du cadre et du montage. Pour un premier film, ça a de la gueule.
Un magicien célèbre, content de lui, qui ne croit ni aux esprits, ni à Dieu, ni vraiment à l'amour, va voir ses certitudes bousculées par une jolie rousse aux curieuses pratiques.
Cette histoire simple se regarde avec plaisir, comme un doux moment. Les comédiens sont parfaits, les images de la Côte d'Azur, telles de beaux dessins, évoquent celles du très romantique Elle et Lui. Mais ce sont surtout les dialogues savoureux et drôles qui enchantent.
Un Woody Allen charmant qu'on risque toutefois d'oublier assez vite.
Diane récupère, son fils Steve qui souffre de TDAH et vient de se faire virer d'un établissement spécialisé.
On retrouve dans Mommy la créativité visuelle, le soin esthétique tout particulier que Dolan donne à ses films. C'est ce qui séduit immédiatement. L'image est belle, la lumière très travaillée, le montage précis. Dolan joue sur la vitesse de l'image, sur le son mais aussi sur la dimension de l'écran. Ainsi son film s'inscrit 90% du temps dans un format carré auquel les filtres qu'il utilise donnent une curieuse allure d'Instagram. Ce que Dolan maitrise parfaitement également c'est la qualité des dialogues. Ici aussi il s'en donne à coeur joie et l'argot québécois que parlent ses personnages accentue cette impression de virtuosité. Ca va vite, ça cogne juste, c'est souvent drôle. On retrouve aussi ses actrices fétiches Anne Dorval et Suzanne Clément, déjà au générique de "J'ai tué ma mère", toutes deux inoubliables. Dans le moins bien, on n'échappe pas à une BO ultra présente. A la limite de l'overdose. D'autant plus que les goûts musicaux de Dolan ne font pas vraiment dans l'originalité ou l'undergound. Une très belle scène de danse regroupant les trois personnages principaux perd un peu de son charme accompagnée par une chanson de Céline Dion. L'intensité des émotions jouées par les comédiens est desservie par la musique. C'est d'ailleurs souvent dans les scènes plus sensibles que Dolan pêche par excès, d'esthétisme, de musique, de pathos. Il n'en demeure pas moins un des réalisateurs les plus créatifs et percutants.
10 ans après les attentats du World Trade Center, les Forces de l'Ordre surveillent avec attention Hambourg, ville d'où les terroristes avaient préparés leurs attaques. L'annonce de l'arrivée dans la ville d'un présumé jihadiste Tchéchène alerte Gunther qui dirige la cellule anti-terroriste locale.
Un film d'espionnage de facture plutôt classique, bien réalisé, au montage précis et parfaitement interprété par une équipe d'acteurs germano-américaine : Philip Seymour-Hoffman, William Dafoe, Daniel Brühl, Nina Hoss, Robin Wrigh et Rachel Mc Adams. L'intrigue est suffisamment complexe pour maintenir l'intérêt du spectateur et suffisamment simple pour que le film demeure un divertissement.
S'il ne s'agit pas du film d'espionnage du siècle, un homme très recherché est un bel ouvrage qui offre également le plaisir d'admirer une dernière fois le talentueux Philip Seymour-Hoffman.
Alors que Jalil Lespert avait choisi de raconter l'histoire d'amour d'une vie entière entre Yves Saint-Laurent et Pierre Berger et ce avec tant d'égard et de politesse que son film en devenait bien fade, Bonello nous plonge dans l'âme et les tripes du couturier. Il met en images, en sons et en sensations ce qu'il considère comme les 10 années (1967-1977) les plus fortes de la vie de Saint-Laurent.
Les comédiens sont excellents, à commencer par Gaspard Ulliel qui est bluffant. Il joue parfaitement l'ambiguïté de son personnage à la fois très entouré et terriblement seul, dictateur et esclave, ressentant simultanément attirance et répulsion dans les différents mondes où il évolue.
Jérémie Rénier, tout en sobriété, incarne un Pierre Berger bien moins présent que dans le film de Lespert mais dont les quelques scènes dessinent bien son rôle équivoque de compagnon, homme d'affaires exigeant et garde fou.
Louis Garrel joue avec délectation la venimosité de Jacques de Bascher, aussi effrayant qu'irresistible.
On peut reprocher à Bonello de donner plus de place à la phase destructrice de l'artiste plutôt qu'à sa créativité ; ce qui est d'autant plus regrettable que les parties mettant en scène les ateliers et Saint-Laurent au travail sont très réussies ; on peut déplorer l'entrée d'un certain misérabilisme avec l'intervention d'un Saint-Laurent au seuil de la mort dans la deuxième partie du film, on peut se perdre dans le choix des allers-retours historiques, on peut se plaindre de la durée (2h30) du film ; mais on ne peut retirer à Bonello la politesse de nous proposer une vraie oeuvre artistique parfaitement mise en scène, offrant un regard original et fort. Son film a de la personnalité et ne se laisse pas bouffer par la force de son sujet. Le réalisateur a le don de reproduire en images et en sons les ambiances et sensations. Les scènes de boite de nuit, de perdition dans le sexe, la drogue et les médicaments sont impressionnantes par l'atmosphère qu'il y distille et qu'il parvient à nous faire partager.
Ce Saint-Laurent est une belle oeuvre cinématographique, exigeante, qu'on pourra admirer ou détester.
Arnaud, jeune homme sans histoire, s'apprête à consacrer son été à travailler auprès de son frère dans l'entreprise familiale, lorsqu'il rencontre Madeleine. La jeune fille, séduisante et brutale, veut intégrer l'armée pour se préparer aux conditions de vie extrême que lui réserve un monde en perdition. La placidité d'Arnaud sera ébranlée.
Tout d'abord, il faut souligner la qualité de l'interprétation des seconds rôles principaux (Brigitte Rouan et Antoine Laurent) et en premier plan, celle de Kevin Azai dont le visage qui nous était déjà pas tout à fait inconnu (on l'avait déjà vu dans Comme un homme et La journée de la jupe) va nous rester bien en tête. Et bien sûr, Adèle Haenel qui n'a plus à prouver ses belles qualités d'actrice (déjà appréciées dans Naissance des pieuvres, l'Appolonide, Plein sud...). Pour eux, le film vaut déjà le déplacement.
Ensuite, il y a la première moitié du film d'une grande maîtrise, à la fois drôle et sensible, au rythme très soutenu. Une réussite peut être un peu trop clinquante car la deuxième partie n'est pas à la hauteur. L'humour devient potache, le rythme freine des quatre fers et à part une belle idée de représentation de l'appocalypse annoncée par Madeleine, le scénario s'essouffle.
Un film presque admirable, mais sans doute un peu trop encensé par la critique.
De nos jours, en Israël, Viviane souhaite divorcer mais son mari refuse. Face à un tribunal où les juges sont rabbins et où le mari a tous les droits, c'est Viviane et sa soif de liberté qui sont jugés.
Le film dépeint une société israélienne archaïque aussi révoltante que ridicule. En multipliant les témoignages et les portraits, le film met en évidence deux catégories d'Israéliens, ceux qui adaptent leur culture au monde moderne et ceux qui prônent des préceptes d'un autre âge. La réalisation en huis clos et la force des comédiens (Ronit Elkabetz et Simon Abkarian en tête) accentuent la sensation d'oppression chez le spectateur. Edifiant.
Henri, tout jeune comédien, aux références issues du cinéma d'action américain, est engagé par Cédric Rovère, maître du film d'auteur exigeant. Ensemble, avec très peu de moyen, ils vont tourner l'adaptation d'Astrée d'Urfée, conte du 17e siècle.
Le film est inspiré de la rencontre de Jocelyn Quivrin et Eric Rohmer sur le tournage des Amours d'Astrée et de Céladon. Il s'agit ici de raconter le choc des cultures et surtout l'apprentissage d'un jeune comédien qui s'ouvre à la délicatesse et se laisse emporter par l'enthousiasme d'une troupe de comédiens passionnés par une poésie auquel il n'a pas accès.
Les scènes représentant le décalage entre Henri, l'esthétique du film et l'artisanat du tournage sont irrésistibles et d'autant plus fortes qu'elles le sont dans la bienveillance. Elles servent parfaitement l'émotion qui se crée au fur à mesure de l'évolution du comédien et de sa relation avec le maître.
Les acteurs sont excellents à commencer par Pio Marmaï et Michael Lonsdale. Et cerise sur le gâteau on retrouve l'excellente Dominique Reymond.
Vivian Maier est cette photographe dont le travail fut découvert par hasard dans une salle des ventes en 2007 et qui connaît depuis une reconnaissance exponentielle du public. John Mallof l'heureux acheteur, face à l'exceptionnelle qualité des clichés qui n'avaient pour la plupart jamais été tirés, a très vite cherché à rencontrer l'artiste. A son grand étonnement, il a découvert que Vivian Maier était une "simple" nanny décédée, avant qu'il ne l'identifie, en 2009.
Depuis, parallèlement à sa volonté de faire connaître son oeuvre dans le monde entier, il s'est lancé dans une enquête approfondie sur cet étrange personnage. Le documentaire "A la recherche de Vivian Maier" dresse, à travers les interviews de ceux qui l'ont connue, le portrait de cette drôle de nounou. L'occasion de voir ou revoir les photos de l'artiste et de découvrir une femme aussi originale qu'inquiètante. Intriguant et réjouissant.
Carole tient un restaurant étoilé dans une magnifique propriété avec Sam, son Chef de mari. Des envies de changer d'air l'amènent dans un centre de formation professionnel où exerce Marithé.
La comédienne et réalisatrice Anne Le Ny a entre autres qualités de proposer des scénarios originaux qui nous sortent des redites du cinéma actuel. Ses récits ont pour ancrage, souvent en filigrane, un sujet de société : la maladie d'un proche dans "Ceux qui restent", les sans-papier dans "Les amies de mon père" et la reconversion professionnelle dans "On a failli être amies". Partant de ces sujets sensibles, Anne Le Ny, sur ses deux derniers films, affiche un sens de la fantaisie dosée et offre un comique de situation d'autant plus hilarant qu'il prend corps à travers des comédiens au jeu subtile.
C'est le cas ici, où le sens comique de Karine Viard fait merveille, en une simple expression du regard, particulièrement face à une Emmanuelle Devos parfaite en fausse ingénue. Une scène de recherche de profession idéale rappellera sans doute quelques souvenirs à tous ceux qui sont passés par un bilan de compétence. Hilarant.
Gary, ingénieur Américain est à Paris pour affaire. Dans sa chambre du Hilton de Roissy, il décide soudainement de tout laisser tomber : travail, femme et enfants. Audrey, jeune femme de chambre, dans ce même hôtel, vit une vie solitaire, sans passion.
Pascale Ferran tourne peu mais bien. Après "Petits arrangements avec les morts" et "Lady Chatterley", ce "Bird People" était très attendu. Présenté à Cannes dans la sélection "Un certain regard", il est encensé par la critique. Une critique sans doute plus pointue lors du festival, car le film est quelque peu déconcertant de par sa forme et son récit. Un film de 2h08 dans lequel pourtant il ne se passe pas grand chose. La scène d'introduction et celles du survol de l'aéroport de nuit sont très réussies. Les interventions des animaux bluffent chaque fois par leur perfection. Josh Charles et Anaïs Demoustier sont parfaits. Si la majorité des scènes qui se succèdent sont agréables, elles sont aussi toujours trop longues. De plus, l'ensemble manque de liens. Le traitement des deux histoires est trop dissemblable, ou pas assez, comme si on visionnait deux oeuvres simultanément. Cela manque d'harmonie. Et à la fin de la projection, si on résume les évènements, il y en a peu. Aussi, la façon dont la réalisatrice traite le, vu et revu, thème de la perte des contacts et des relations (Gary n'échange que par mails, téléphone ou skype, Audrey est seule à Paris et dans les aéroports les gens courent sans se voir...) est vieillote. Dernière déception, la scène finale semble tomber dans une facilité fabriquée en proposant une nouvelle définition du mot "personne". Grosse déception. Dommage.
Sandra de retour d'un arrêt maladie apprend qu'elle est licenciée. Si la majorité de ses 16 collègues acceptent de renoncer à leur prime de 1000€, l'entreprise annulera le licenciement. Sandra dispose du week-end pour convaincre ses collègues de prendre la bonne décision.
Ce film est une nouvelle fois l'occasion pour les frêres Dardenne de dénoncer la cruauté d'un capitalisme sans état d'âme et de dresser les portraits de citoyens confrontés à cette impitoyable réalité. Chacun fait comme il peut avec ses priorités : sauver sa peau et un peu de confort ou sa conscience et un peu de solidarité ?
Les frêres Dardenne impressionnent encore par leur capacité à capter les spectateurs avec cette intrigue aussi ténue que dramatique. Le scénario marque un sens rare du rythme et une capacité à offrir de la diversité dans la répétition. Chaque scène est d'une précision et d'une efficacité marquante.Marion Cotillard est parfaite dans un rôle d'autant plus compliqué que les scènes semblables se succèdent. Elle participe pleinement grâce à la variété de son jeu à éliminer toute impression de redite. Un film d'une grande maîtrise.
What's The Mashup est une nouvelle chaîne sur You Tube qui propose des montages de scènes mythiques du cinéma mixées avec les dialogues d'un autre film.
La version Titanic vs Les Bronzés est une petite merveille : ICI
De nos jours, en Italie, Virgil Oldman, commissaire priseur renommé, est contacté par Claire Ibbetson. Elle souhaite lui confier l'estimation de l'héritage paternel.
Giuseppe Tornatore présente une oeuvre étrange, sur la mystification et l'art, entre thriller ésotérique et film à l'eau de rose. Cette rencontre d'un homme hautain et vieillissant ne vivant que pour l'art et de cette jeune femme effrayée par le monde intrigue.
Geoffrey Rush est impeccable en homme bousculé dans son confort et ses obsessions. La mise en scène de Tornatore, son sens du récit developpent une ambiance raffinée qui joue avec les genres et flirte sans cesse avec le malaise. Et cela marche.
Woody, 70 ans, persuadé d'avoir gagné 1 million de dollars à une loterie du Nebraska, multiplie les fugues. Pour calmer son père, David part avec lui en voiture.
Alexander Payne propose un road movie grinçant et drôle. Les comédiens sont parfaits, particulièrement Bruce Dern en vieux taiseux perché et Will Forte dans le role du fils incrédule et blasé. On regrette le choix du noir et blanc un peu artificiel et le rythme du film trop lent. Mais l'ensemble reste plaisant.
1934, Pamela Lyndon Travers écrit son best-seller "Mary Poppins". 30 ans plus tard, après 20 ans de négociation, Walt Disney parvient à convaincre l'auteur de venir dans ses studios pour adapter son livre au cinéma. Pamela Lyndon Travers fera tout pour que le film ne se fasse pas.
Le titre original du film, "Saving Mister Banks", est bien plus à l'image de son contenu que le très lourd titre français. Car plus que la rencontre compliquée entre Travers, Disney et ses studios, il est question de l'enfance de l'auteur et de la part autobiographique du livre. Toute l'émotion, pas toujours très fine, il est vrai, réside dans l'évocation des rapports de Pamela Travers et de son père. Sans doute que les studios Disney ont un peu arrondi les angles dans la relation entre le maître et l'auteur, sans doute que les rapprochements entre le livre et l'enfance de Pamela Travers sont plus supposés qu'avérés mais ça fonctionne. Et évidemment, mieux vaut bien connaître le film incarné par Julie Andrews pour apprécier totalement ce nouvel éclairage. Les autres pourront admirer les belles prestations de Emma Thompson, Tom Hanks et Collin Farrel.
1985, Ron Woodroof, texan magouilleur, jouisseur et homophobe, apprend qu'il est porteur du VIH. Les médecins ne lui donnent que 30 jours à vivre. Ron fasse à l'échec du traitement par AZT part au Mexique chercher d'autres médications.
A travers l'histoire (vraie) de Ron Woodroof, Jean-Marc Vallée dépeint les premières années SIDA aux USA : les abus des laboratoires pharmaceutiques soutenus par les institutions, l'impuissance des médecins et la création des "Buyers club". Le film ne séduit pas vraiment par l'originalité de son récit : on retrouve les personnages adorés d'Hollywood que sont le sale con qui devient si généreux et du monsieur tout le monde qui se bat contre l'état tout puissant. Son intérêt réside surtout dans le rappel historique sur les premières années SIDA et dans les performances de Matthew McConaughey et Jared Leto tout deux impressionnants.
Theodore Twombly, écrivain public spécialisé dans les lettres poétiques, vit seul après une rupture difficile. Passionné par les jeux vidéo interactifs, il acquière un logiciel aux potentiels infinis : Samantha, son OS personnel et intime.
"Her" nous emmène dans un avenir proche, en temps et en aspect. Les difficultés de vivre ensemble sont les mêmes qu'aujourd'hui et l'utilisation des hautes technologies, bien que plus évoluées, semblables à celles que nous utilisons. Du coup, l'aventure que vit Théodore nous parait d'emblée tout à fait réaliste. Spike Jones soigne particulière l'esthétique de son film. Les couleurs chaudes, surtout le rouge prédominent et installent une ambiance cotonneuse. Cette atmosphère associée au choix du décor, un mix entre Shangaï et Los Angeles, évoque l'esthétique de "Lost in translation". La présence en voix off de Scarlett Johanson conforte cette impression. L'actrice n'a jamais été aussi juste que dans cet exercice périlleux qui ne fait appel qu'à sa voix et à la précision de son intonation. Elle est d'une présence impressionnante. Joachim Phoenix est parfait en héros solitaire et romantique. Sur la durée (2h05), le scénario peine mais l'épilogue d'une implacable logique et peu Hollywoodien, finit de nous séduire.
Gustave H, concierge du Grand Budapest Hôtel et séducteur patenté de ses richissimes clientes veillissantes, est accusé du meurtre de Madame D. Assisté du fidèle Zéro Moustafa, garçon d'ascenseur, il tente de se disculper et de démasquer le coupable.
On retrouve dans Grand Budapest Hôtel, l'univers déjanté et féérique de Wes Anderson. Les décors regorgent de couleurs et sont d'une réjouissante minutie. La mise en scène suit le rythme enlevé de cette histoire cartonnesque. La distribution Hollywoodienne, proche du clin d'oeil, ajoute à la fantaisie du propos. Un film de pure distraction efficace.
En 1841, Solomon Northup, musicien noir et libre de New-York, est enlevé et vendu comme esclave en Louisiane.
En nous contant cette histoire vraie, Mc Queen réussi le pari de créer le malaise et l'asphyxie chez le spectateur. Il fait de son film une sorte de catalogue des sévices qui régnaient dans les plantations du Sud. Cela semble son objectif ultime tout le long du film : témoigner de la violence physique de l'esclavage. Et l'effet est réussi, on étouffe et se résigne au rythme de Solomon.
On peut, cependant, reprocher à ce film, très physique, un déficit en psychologie des personnages. Les souffrances du corps l'emportent largement sur celles de l'esprit qui sont très peu exposées. Les relations tissées entre les esclaves ne sont pas non plus réellement traitées et le personnage de Michael Fassbender, en sudiste totalement cinglé, laisse à penser que tous les exploiteurs étaient intellectuellement déficients, ce qui disculperait le rôle de la société toute entière.
La scène finale qui, sans grâce, fait place à une émotion facile semble d'autant plus superficielle. Il eut été bien plus fort de clore le film sur la scène de la libération de Solomon et "de l'abandon" de ses collègues de détention.
Un bon film mais certainement pas le chef d'oeuvre qu'on veut nous vendre.
PS : le film vient de recevoir l'Oscar du meilleur film
Ariane Felder, jeune juge stricte et douée, célibataire endurcie, se découvre enceinte de 6 mois sans très bien comprendre comment cela a pu arriver. Ses recherches lui révèlent que le père n'est autre que Bob, criminel "globophage" en attente de son procès.
Un scénario original et drôle, rien de surprenant venant de Dupontel. On s'attendait moins à la tendresse et le 1er degré qui régnent dans certaines scènes. Cet adoucissant sied parfaitement au monde étrange de l'auteur qui perfectionne ici, encore un peu plus, ses qualités de réalisateur. Le film regorge de plans inventifs, étonnants et beaux.
Sandrine Kiberlain est, comme toujours, parfaite et Nicolas Marié hilarant dans le rôle de l'avocat bégayant.
Dans les années 80-90, Jordan Belfort, trader, fait fortune. Pendant 2h50, Scorsese nous invite à suivre son jeune héros dans ses diverses orgies (sexe, drogue, fric,....). On ne doute pas un seul instant qu'en adaptant l'autobiographie du trader, Scorsese cherche à dénoncer les dérives de la finance. Mais on est moins sûr que tous les spectateurs l'accueillent ainsi.
En effet, le film bénéficie d'une mise en image rythmée, laissant place à l'humour et un vocabulaire branché (et souvent grossier). L'essentiel des scènes a pour sujet des partouses, des prises de drogue et des virées en yacht. Tout est outré, dialogue et jeu, mise en scène sans distance, sans jugement. Tout cela est-il minable ou cool ? Scorsese se contente de filmer l'outrance. Les scènes d'orgies se suivent et se ressemblent. Jusqu'à l'écœurement ? Du coup, en plus d'être gênés par le parti pris qui semble être "la forme fait le fond", on s'ennuie rapidement. Même la qualité de la prestation de Leonardo du Caprio, excellent comme souvent, finit par lasser.
Le film pourrait s'appeler "Pierre Niney, moi, Saint-Laurent" tant l'incarnation est bluffante et le film décevant au regard de ce prodige. Le récit est, assez prévisiblement d'ailleurs, mal tenu. Comment raconter le génie et la complexité d'un tel artiste en 1h40 ? Comment assumer les impasses, comment limiter l'effet sketch dans la succession des instants clés de la vie de Saint-Laurent ? Il eut fallut être un autre génie pour y parvenir. Jalil L'expert, malgré son évident enthousiasme, n'en est pas un. Bien qu'il dise avoir réduit son champs d'action à l'histoire d'amour qui unissait Yves Saint-Laurent à Pierre Bergé, il est dépassé par l'ampleur du personnage et de son monde. Du coup, il ne tient pas son sujet central et se disperse. Après une première partie bien tenue, il survole tout en un effet zapping qui tient le spectateur à distance, loin du coeur et des tripes de l'artiste, du monde et de la mode.
Autres déceptions du film : sa mise en images et l'utilisation d'une voix off. Le directeur de la photo devait avoir la tête ailleurs. Mais pour un film sur un amoureux de la lumiere et des couleurs c est dommage. Quant à la voix off, celle d'un Pierre Bergé contant son amoureux, l'effet romanesque sans doute recherché ne fonctionne pas. Tout semble sans souffle.
Si Lespert n'est pas un grand cinéaste, il a en revanche le sens du casting et celui de la direction des acteurs sur lesquels le film semble émotionnellement tout miser. Pierre Niney est donc impressionnant accompagné par un Guillaume Gallienne parfait (et une Charlotte Le Bon lumineuse). Ils apportent l'envolée qui manque à la réalisation du film.
Tout comme La Môme, film imparfait, fascine par la prestation de Marion Cotillard, Yves Saint-Laurent vaut pour la prestation du duo issu de la Comédie française. Cela ne suffit pas à en faire un grand film.