SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
Lisa Azuelos nous conte la vie de la chanteuse Dalida à travers les hommes qu'elle a aimés. Le film présente un casting de comédiens efficaces, Riccardo Scamarcio, Jean-Paul Rouve, Nicolas Duvauchelle, Patrick Timsit, Vincent Perez, et révèle Sveva Alviti éclatante dans le rôle de Dalida. La reconstitution des époques est convaincante. La réalisation, même si elle cède parfois à un esthétisme un peu dérangeant, ne manque pas de panache et l'on perçoit sans cesse l'enthousiasme et le travail déployé par les équipes. Les ingrédients formels étaient donc réunis pour faire un beau film. Pour le fond, la vie, on ne peut plus romanesque, de la chanteuse était sans doute un cadeau empoisonné. Comment conter en deux heures, trente ans d'une vie aussi riche et tourmentée que celle-ci ? Comment percer le secret de cette personnalité complexe et de celles de son entourage, riches en personnages hauts en couleur ? Sans doute en faisant des choix et donc en renonçant à tout raconter. Ce n'est pas le parti-pris de la réalisatrice qui cherche une forme d'exhaustivité dans son récit jusqu'à vouloir y diffuser le maximum de chansons de la star. La musique occupe ainsi la majorité du film accompagnant les images de vie ou de shows jusqu'à l'overdose, réduisant comme peau de chagrin les moments clés. Ainsi, lorsque la réalisatrice arrête un instant la musique pour laisser les personnages s'exprimer cela est si rapide que rien n'y est vraiment dit. Tout devient anecdote, l'émotion ne perce pas. Dommage.
Maureen est l'assistante d'une célébrité. Ce travail lui permet de vivre à Paris où elle espère nouer contact avec l'esprit de son frére décédé quelques semaines plus tôt.
Olivier Assayas nous convie dans une histoire étrange au récit obscure, mi-polar, mi-fantastique. Sa mise en scène, froide et élégante, sert parfaitement les multiples ambiances et les différentes pistes qu'il nous fait emprunter. Chaque plan montre aussi la fascination du réalisateur pour son actrice, Kristen Stewart, parfaite une fois de plus.
Ce titre ringard cache un thriller-politique haletant et retors. Le sujet est le trafic d'influence érigé en art à travers le portrait d'une femme, Miss Sloane, lobbyiste aussi radicale qu'efficace. La curiosité du film réside dans le fait que la lobbyiste sans limite se bat pour une juste cause, le contrôle de la vente des armes. Le film repose sur Jessica Chastain. De tous les plans, elle est particulièrement efficace dans ce personnage tout à la fois odieux et admirable par l'ingéniosité dont elle fait preuve. Comme la plupart des films du genre, Miss Sloane est un peu trop bavard mais suffisamment clair pour rendre lisible toutes les manœuvres mises en place. Les rebondissements sont nombreux jusqu'au dénouement final. Efficace.
Romeo est médecin en Roumanie. Sa femme et lui ont tout sacrifié pour que leur fille, Elisa, réussisse ses études secondaires et obtienne une bourse pour aller à l'université en Angleterre. Alors que la dernière étape s'annonce, Elisa, élève effectivement brillante, est agressée. Traumatisée, le poignet dans le plâtre, elle doit passer la première épreuve du baccalauréat dès le lendemain.
L'histoire d'Elisa et de son père est le prétexte à une immersion dans la corruption qui gangrène la Roumanie. Tout se négocie, tout s'échange, tout se monnaye et tout le monde ou presque trouve cela, si ce n'est normal, inévitable. Roméo, médecin jusqu'ici intègre, est rattrapé par le système. La démonstration, bien qu'un peu trop appuyée et trop longue, se regarde sans déplaisir. Mungiu fait de son Roméo un personnage assez peu sympathique qui délaisse les femmes qui l'entourent, épouse, maitresse et mère, met sur les épaules de sa fille, une pression folle, et n'est pas valorisé dans son rôle de médecin. Le réalisateur semble ainsi condamner tous les adultes et placer tout l'espoir du pays dans sa jeunesse.
Orpheline trace le portrait de Karine à travers quatre étapes clés de sa jeune vie.
Chaque étape est interprétée par une actrice différente. Quatre comédiennes épatantes (Vera Cuzytek, Solène Rigot, Adèle Exarchopoulos et Adèle Haenel) qui par leur différence marquent la multiplicité d'une personnalité façonnée par les rencontres et les événements d'une vie. Le contexte dans lequel évolue Karine est bien glauque et il manque parfois d'indicateurs pour comprendre plus précisément l'évolution des comportements de l'héroïne et de son entourage. Mais la grâce des comédiennes et la narration à rebours qui marque plus encore le poids de l'existence séduisent.