SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

26 avril 2024 5 26 /04 /avril /2024 10:06

Melissa, surveillante de prison expérimentée, a quitté le continent, avec compagnon et enfants, pour prendre un nouveau poste dans la prison de Borgo. Elle est affectée à "la section ouverte", là où les prisonniers circulent librement, là où il est dit que ce sont "les prisonniers qui surveillent les surveillants".

Stéphane Demoustier dessine une série de portraits haut en couleur sans tomber dans la caricature. Soucieux de la vraisemblance de ces personnages, il a fait appel à des comédiens Corses, tous excellents, sans sur-jeu. Il parvient à échapper au film caricatural de caïds ou mafieux et tisse avec précision la toile dans laquelle, petit à petit, Melissa s´emmelera.

Hafsia Herzi est parfaite de naturel dans la posture inconfortable (pour la comédienne comme pour son personnage) de l´autorité mâtinée d´humanité. La demonstration de la bascule difficilement évitable en est d´autant plus forte.

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11 mars 2024 1 11 /03 /mars /2024 21:11

Meilleur film : Oppenheimer de C. Nolan

Meilleure réalisation : Christopher Nolan pour Oppenheimer

Meilleure actrice : Emma Stone dans Pauvres créatures

Meilleur acteur : Cillian Murphy dans Oppenheimer

Meilleure actrice dans un second rôle : Da'Vine Joy Randolph dans Winter Break 

Meilleur acteur dans un second rôle : Robert Downey JR. dans Oppenheimer

Meilleur scénario original : Anatomie d'une chute de Justine Triet et Arthur Harari

Meilleur film international : La Zone d'intérêt de Jonathan Glazer

Meilleur film documentaire : 20 Days in Mariupol  de M.Chernov

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10 mars 2024 7 10 /03 /mars /2024 14:04

1928, à Paris, Ida Rubinstein, danseuse et chorégraphe, commande à Maurice Ravel la musique de son prochain ballet. Ravel se retrouve confronté aux affres de la création.

Anne Fontaine, à travers la création du Boléro, esquisse le portrait d'un homme, sans femme ni enfant, à la fois distant et d'une grande sensibilité, obsédé par la musique, tout à la fois, reconnu pour ses compositions et malmené par la critique. Un homme mystérieux essentiellement entouré et épaulé par des femmes. Sa mère Marie (Anne Alvaro), la pianiste Marguerite Long (Emmanuelle Devos), Ida Rubinstein (Jeanne Balibar) et Misia Sert (Doria Tillier), sa chère amie, auxquelles s'ajoute son fidèle compère Cipa Godebski (Vincent Perez), sont les autres personnages principaux de ce faux biopic, tous excellemment interprétés.

Raphaël Personnaz est parfait dans le rôle du compositeur obsessionnel, aux sentiments et actes contradictoires, entre euphorie créatrice, découragements et auto dépréciation. Un technicien de la musique semblant se défier des sentiments mais y tombant pourtant.

Dans les 90 premières minutes, la réalisatrice parvient à effleurer, à travers le récit de la création d'une oeuvre connue et reconnue, la personnalité mystérieuse de son créateur. La dernière demi-heure dédiée à la maladie de Ravel est moins convaincante, voir inutile.

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29 février 2024 4 29 /02 /février /2024 17:28

Adam, écrivain, homosexuel, vit seul à Londres dans une tour vide avec un jeune homme pour seul voisin. Il retourne sur les lieux de son enfance, et retrouve dans leur maison, ses parents au même âge que lors de leur mort lorsqu'il avait 12 ans.

Cette histoire fantastique met en scène son héros dans un des fantasmes de beaucoup : pouvoir retrouver les gens aimés décédés et leur dire ce qui n'a jamais pu être dit, l'occasion unique d'une grande séance de psychanalise.

Les quatre comédiens (Andrew Scott, Paul Mescal, Jamie Bell et Claire Foy) sont très bien. L'omniprésence de la musique agace un peu, tout comme l'excès de pathos d'autant moins digeste que les dialogues sont d'une grande pauvreté et le récit inutilement alambiqué. Il aurait fallu une plume de qualité pour conter cette histoire d'écrivain souffrant, pour différentes raisons, d'une immense solitude.

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23 février 2024 5 23 /02 /février /2024 20:47

Meilleure Actrice : Sandra Hüller - Anatomie d'une chute 

Meilleur Acteur : Arieh Worthalter - Le Procès Goldman

Meilleure Actrice dans Un Second Rôle : Adèle Exarchopoulos - Je verrai toujours Vos Visages

Meilleur Acteur dans Un Second Rôle : Swann Arlaud -  Anatomie D’une Chute

Meilleure Révélation Féminine : Ella Rumpf -  Le Théorème De Marguerite

Meilleure Révélation Masculine : Raphaël Quenard - Chien De La Casse

Meilleur Scénario Original : Justine Triet, Arthur Harari - Anatomie D’une Chute

Meilleure Adaptation : Valérie Donzelli, Audrey Diwan - L’amour et les Forêts

Meilleure Musique Originale : Andrea Laszlo De Simone -  Le Règne Animal

Meilleure Costumes : Ariane Daurat - Le Règne animal 

Meilleure Effets visuels : Cyrille Bonjean, Bruno Sommier et Jean-Louis Autret - Le Règne animal

Meilleure Photo :  David Cailley - Le Règne Animal

Meilleure Décors Ariane Daurat - Le Règne animal

Meilleur Montage : Laurent Sénéchal - Anatomie D’une Chute

Meilleure Réalisation : Justine Triet - Anatomie D’une Chute

Meilleur Film D’animation : Linda Veut Du Poulet ! - Chiara Malta, Sébastien Laudenbach

Meilleur Film Documentaire : Les Filles D’olfa - Kaouther Ben Hania

Meilleur Premier Film : Chien De La Casse - Jean-Baptiste Durand

Meilleur Film Étranger : Simple Comme Sylvain - Monia Chokri

Meilleur Film : Anatomie D’une Chute - Justine Triet

César des Lycéens : Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry

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17 février 2024 6 17 /02 /février /2024 17:57

Elizabeth s'invite chez Gracie et Joe. Dans un prochain film qui racontera l'histoire du couple, Elizabeth interprétera le rôle de Gracie. Elle souhaite en savoir plus sur ce couple peu ordinaire qui fit la une des journaux 20 ans plus tôt.

Todd Haynes déploie doucement son récit et dessine le portrait de ses personnages par petites touches. Il nous mène tour à tour sur des pistes contradictoires, défiant le spectateur de pouvoir se faire une opinion tranchée sur les protagonistes. Ici tout est vénéneux. Les faux-semblants règnent, et les faces à faces entre les deux femmes oscillent entre jeu de séduction et affrontement. Au milieu de ces deux héroïnes, un homme, confus, trop jeune pour être le père d'enfants qui entrent en fac, trop vieux pour vivre l'adolescence qu'il n'a pas eu.

La réalisation à la fois élégante et à l'occasion curieusement démonstrative avec des zooms avant sur les visages et le choix d'une musique pesante (Michel Legrand- Le Messager de Losey) souligne l'ambiguïté.

Nathalie Portman est impressionnante dans le rôle de l'actrice sans scrupule, Julianne Moore est parfaite d'ambivalence et Charles Melton excelle en homme à la fois complice et victime, totalement paumé.

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11 février 2024 7 11 /02 /février /2024 16:27

Judith, journaliste, cherche à interviewer Salvador Dali. Mais le maître, résiste.

Quentin Dupieux confie le rôle de Dali à cinq comédiens - Jonathan Cohen (excellent), Édouard Baer (brillant), Pio Marmai, Gilles Lelouch et Didier Flamand - qui se succèdent ou s'intercalent parfois dans les mêmes scènes. Cette valse des comédiens fonctionne étonnamment bien et participe à exposer la personnalité multiple et complexe du facétieux peintre. Autour du simple postulat de départ de la quête de Judith (Anaïs Demoustier, parfaite), Dupieux multiplie les références à l'univers surréaliste de Dali et à sa personnalité fantasque, et profite de 2 ou 3 scènes assez réjouissantes pour dénoncer le machisme dans l'art et le "fric fou claqué" dans le cinéma.

C'est ingénieux, esthétiquement référencé et souvent très drôle.

Romain Duris, Agnès Hurstel, Marie Bunel, Eric Hegger, Catherine Schaub-Abkarian... complètent l'excellent casting.

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25 janvier 2024 4 25 /01 /janvier /2024 20:07

Meilleur Film

Meilleure Réalisation

  • Justine Triet - Anatomie D’une Chute
  • Catherine Breillat - L’été Dernier
  • Jeanne Herry - Je Verrai Toujours Vos Visages
  • Cédric Kahn - Le Procès Goldman
  • Thomas Cailley - Le Règne Animal

Meilleur Film D’animation

Meilleur Film Documentaire

  • Atlantic Bar - Fanny Molins
  • Les Filles D’olfa - Kaouther Ben Hania
  • Little Girl Blue - Mona Achache
  • Notre Corps - Claire Simon
  • Sur L’adamant - Nicolas Philibert

Meilleur Premier Film

 

Meilleur Film Étranger

Meilleure Actrice

  • Marion Cotillard - Little Girl Blue
  • Léa Drucker - L’été Dernier
  • Virginie Efira  - L’amour Et Les Forêts
  • Hafsia Herzi - Le Ravissement
  • Sandra Hüller - Anatomie D’une Chute

Meilleur Acteur

  • Romain Duris - Le Règne Animal
  • Benjamin Lavernhe -  L’abbé Pierre - Une Vie De Combats
  • Melvil Poupaud -  L’amour Et Les Forêts
  • Raphaël Quenard - Yannick
  • Arieh Worthalter - Le Procès Goldman

Meilleure Actrice dans Un Second Rôle :

  •  Leïla Bekhti - Je Verrai Toujours Vos Visages
  •  Galatea Bellugi - Chien De La Casse
  • Élodie Bouchez - Je Verrai Toujours Vos Visages
  • Adèle Exarchopoulos - Je Verrai Toujours Vos Visages
  • Miou Miou - Je Verrai Toujours Vos Visages

Meilleur Acteur dans Un Second Rôle :

  • Swann Arlaud -  Anatomie D’une Chute
  • Anthony Bajon -  Chien De La Casse
  • Arthur Harari - Le Procès Goldman
  • Pio Marmaï - Yannick
  • Antoine Reinartz - Anatomie D’une Chute

Meilleure Révélation Féminine

  • Céleste Brunnquell - La Fille De Son Père
  • Kim Higelin - Le Consentement
  • Suzanne Jouannet - La Voie Royale
  • Rebecca Marder -  De Grandes Espérances
  • Ella Rumpf -  Le Théorème De Marguerite

Meilleure Révélation Masculine

  • Julien Frison - Le Théorème De Marguerite
  • Paul Kircher - Le Règne Animal
  • Samuel Kircher - L’été Dernier
  • Milo Machado-Graner - Anatomie D’une Chute
  • Raphaël Quenard - Chien De La Casse

Meilleur Scénario Original

  • Justine Triet, Arthur Harari - Anatomie D’une Chute
  • Jean-Baptiste Durand - Chien De La Casse
  • Jeanne Herry - Je Verrai Toujours Vos Visages
  • Nathalie Hertzberg, Cédric Kahn - Le Procès Goldman
  • Thomas Cailley, Pauline Munier - Le Règne Animal

Meilleure Adaptation

  • Valérie Donzelli, Audrey Diwan - L’amour Et Les Forêts
  • Vanessa Filho Pour Le Consentement
  • Catherine Breillat - L’été Dernier

Meilleure Musique Originale

  • Gabriel Yared - L’amour Et Les Forêts
  • Delphine Malausséna - Chien De La Casse
  • Vitalic - Disco Boy
  • Andrea Laszlo De Simone -  Le Règne Animal
  • Guillaume Roussel -  Les Trois Mousquetaires (Partie 1 : D’artagnan / Partie 2 : Milady)

Meilleure Photo

  • Simon Beaufils - Anatomie D’une Chute
  • Jonathan Ricquebourg - La passion De Dodin Bouffant
  • Patrick Ghiringhelli - Le Procès Goldman
  • David Cailley - Le Règne Animal
  • Nicolas Bolduc - Les Trois Mousquetaires (Partie 1 : D’artagnan / Partie 2 : Milady)

Meilleur Montage

  • Laurent Sénéchal - Anatomie D’une Chute
  • Francis Vesin -  Je Verrai Toujours Vos Visages
  • Valérie Loiseleux - Little Girl Blue
  • Yann Dedet - Le Procès Goldman
  • Lilian Corbeille - Le Règne Animal

 

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26 novembre 2023 7 26 /11 /novembre /2023 14:07

Sophia, professeur de philosophie dans une université du 3e âge de Montréal, vit depuis 10 ans avec Xavier, intellectuellement parfait mais un peu chiant. Un jour, elle rencontre Sylvain, le charpentier qui effectue les travaux dans sa résidence secondaire.

Mona Chokri interroge l'amour, ce qui le fait naître, ce qui le fait durer, ce qui compte vraiment et s'attaque aux clichés sur ce qui créé le désir,

Le film offre des moments de rire et d'émotions particulièrement réussis. Les dialogues sont excellents (trahis par des sous-titres faits à la va vite). La mise en images qui renvoit aux comédiens sentimentales des années 70 est particulièrement plaisante. Les comédiens sont excellents dont Magalie Lépine Blondeau dans le rôle de Sophia.

Malheureusement, le personnage de Sylvain, dessiné à gros traits, sans complexité, n'est pas très attachant. Et Mona Chokri n'échappe pas à l'évidente caricature sur les différences de classes, les intellos chiants et l'homme de la nature hyper sexy et inculte.

Les qualités formelles du film, les quelques excellentes scènes et cette déception dans le portrait de l'homme désiré, nous laissent un ressenti en demi-teinte. 

A voir pour vous faire votre propre opinion.

 

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22 novembre 2023 3 22 /11 /novembre /2023 21:56

Juin 1858, à Bologne, l'Eglise enlève Edgardo Mortara à sa famille. Né juif, Edgardo a été baptisé bébé par sa nourrice. Le Pape Pie IX considère qu'il doit recevoir une éducation chrétienne.

Cette histoire édifiante est vraie. L'enlèvement fut condamné par les grandes puissances de l'époque qui réclamèrent que l'enfant soit rendu à sa famille, sans que le Pape ne renonce à ce qui ressemble plus à un caprice, qu'à un devoir divin.  Edgardo ne sera rendu à sa famille qu'à condition que les Mortara se convertissent.

Metteur en images de l'Histoire de l'Italie et de ses figures les plus sombres, Marco Bellocchio tire ici à boulets rouges sur l'Eglise. Le poids des religions sur les hommes mais aussi la toute puissance des adultes sur les enfants, sont au coeur du film. Bellocchio partage ainsi son attention sur le petit garçon, les traumatismes successifs  et le lavage de cerveau religieux et affectif qu'on lui fait subir, et sur la mégalomanie de Pie IX et la chute du pouvoir ecclésiastique en Italie.

Formellement très beau, L'enlèvement déploie un scénario d'une grande maîtrise, enchaînant les évènements et distillant les informations nécessaires à la compréhension des enjeux religieux et  politiques de l'époque, sans créer le moindre ennuie.

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19 novembre 2023 7 19 /11 /novembre /2023 13:21

Le 1er mars 2016, Carole Achach, photographe de plateau et romancière, se suicide à l'âge de 63 ans, laissant à sa fille, Mona, des caisses de photos, de carnets intimes et d'enregistrements.

Mona Achach nous plonge dans la vie de sa mère Carole, de sa grand-mère Monique Lange et des hommes qu'elles ont côtoyés, amis, amants, maris, se nommant, curieusement tous (ou presque) Jean comme Jean Genêt, protagoniste clé. Des hommes, tous au mieux lâches, au pires pervers, dont Monique, Carole et Mona ont subi les violences, comme une malédiction familiale inévitable.

Pour dessiner le portrait de sa mère, expliquer son suicide et mettre fin à cette malédiction, Mona Achach met en place un processus de création complexe sur le papier mais d'une grande maîtrise formelle, mêlant archives photographiques et sonores. et reproductions vidéos.

Dans un vaste espace servant de studio sont affichées une multitudes de photos, sont reproduit le bureau de Carole et une brasserie où elle interview les connaissances de Monique et est placé à vue un écran de projection pour le tournage des scènes extérieures.

Au coeur de ce dispositif, Marion Cotillard, filmée à la fois en Marion jouant Carole et disparaissant totalement pour n'être que Carole. Mona Achach mixe ainsi processus de travail et fiction, passant subtilement de l'un à l'autre sans jamais perdre le spectateur. Jouant en playback sur les enregistrements vocaux de Carole ou s'appropriant ses écrits en transformant sa voix, Marion Cotillard semble habitée par cette femme complexe entre dureté et souffrance. Les superlatifs semblent vains pour décrire la puissance de cette incarnation. Face à Mona, Carole réapparaît comme pour un réconciliation post-mortem.

Little girl blue est ainsi un film remarquable, par l'intelligence de sa conception, par l'intensité de son récit et par la puissance de son incarnation.

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11 novembre 2023 6 11 /11 /novembre /2023 22:06

Marguerite termine sa thèse en mathématiques à l'ENS. Alors qu'elle présente ses travaux, une erreur remet en cause tout son travail. Elle quitte l'ENS et se lance dans la vie.

Le film vaut par l'originalité de son héroïne, de son environnement et de sa quête jusqu'à la folie. Ella Rumpf est parfaite dans ce rôle de scientifique obsédée par ses recherches, associable par nature, qui tente de s'ouvrir aux autres.

Malgré cela, le récit offre peu de surprises et ennuie parfois.

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8 novembre 2023 3 08 /11 /novembre /2023 17:51

1939, Henri Groues quitte à contre coeur, pour question de santé fragile, l´ordre des Capucins. Bientôt arrivent la guerre puis la résistance, et le pseudonyme d'abbé Pierre, puis la députation, puis la création d´Emmaus avec Lucie Coutaz.

A l´issue de la projection, ce qui marque :

1- La réalisation. Elle semble être totalement décorrélée de son sujet et des moments qu'elle est censée conter. Incohérente, en roue libre, elle enchaîne les "styles", tentant à l'occasion l'immersion, la caméra plonge, ne cadre plus rien, ou une oreille pour être au plus près. Mais au plus près de quoi ? Sans grâce, ni finesse, elle est de plus surlignée par une musique omniprésente. Le montage à l'avenant sabote régulièrement le travail des comédiens. S'ajoute l'intégration d'images d'archives choisies on ne sait comment tant elles n'apportent rien. La liste est longue...

2- Le scénario. Le récit est écrit à la truelle. Tellier  conte les évènements soit au pas de course, expédiés, soit choisi de s'appesantir, sans jamais vraiment parvenir à communiquer l'émotion, à approcher de la complexité de l'homme. Quant au personnage de Lucie Coutaz, il est survolé. La partition confiée à Emmanuelle Bercot est bien trop faible pour que, et la comédienne et l'amie fidèle de l'abbé, soient présentées à leur juste valeur.

3- Benjamin Lavernhe. Il est définitivement un très grand comédien. Au théâtre comme sur grand écran, il impressionne. Ici, la puissance, la délicatesse, toutes deux déployées dans le soucis d'une grande justesse, saisissent. Même le maquillage parfois un peu trop chargé, même la réalisation ratée et le récit à l'emporte pièce ne peuvent rien contre ce talent.

Conter une vie aussi riche, dresser le portrait d'une personnalité aussi complexe n'est pas chose aisée. Il faut avoir un minimum de talent et dans ce domaine Benjamin Lavernhe est ici bien seul.

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5 novembre 2023 7 05 /11 /novembre /2023 12:44

La journaliste Mademoiselle Pove et son cameraman Gus suivent la campagne de Pierre-Henri Mercier le candidat à l'élection présidentielle du parti ultra-libéral. Ils découvrent que celui-ci veut une fois élu appliquer un tout autre programme que celui que ses puissants soutien financier attendent de lui.

Autant le dire tout de suite, on a connu Albert Dupontel bien plus et bien mieux inspiré. Ici, l'idée de départ de la duplicité du candidat était séduisante et offrait de nombreuses pistes de traitement, plus ou moins militant, sur la politique et les médias. Mais ce n'est finalement pas le sujet qui semble intéresser Dupontel. Il nous plonge dans des histoires de famille alambiquées alourdissant son récit qui perd cohérence et lisibilité et s'échoue dans un sentimentalisme gnangnan. Le scénario déçoit donc.

Esthétiquement, Albert Dupontel semble s'être emparé de toutes les technologies qui s'offrent à un réalisateur, multipliant les effets spéciaux rarement heureux, virevoltant à la Lelouch autour de ses comédiens. Des choix que l'on jugera au mieux curieux mais plus souvent moches.

Au milieu de tout cela, trois comédiens, Albert Dupontel, très bien, mais surtout Cécile de France et François Marié qui bénéficient des meilleurs rôles et réparties. Leur duo est hilarant. Le film est sauvé du ratage total par leur partition et leur excellente interprétation.

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1 novembre 2023 3 01 /11 /novembre /2023 16:24

Lydia alors qu'elle vient de quitter son compagnon qui l'a trompée, apprend que Salomé, sa meilleure amie est enceinte. Lydia pense qu'elle est reliée à son amie, que lorsque l'une vit un grand bonheur, l'autre est malheureuse. 

Hafsia Herzi est remarquable dans le rôle de Lydia, sage femme, sans famille, éprise de Milos une rencontre d'un soir. Elle est accompagnée par Nina Meurisse et Alexis Manenti, tous deux parfaits 

La mécanique du mensonge dans lequel s'enferre Lydia est dessinée avec précision et une sensibilité soulignée par le récit et les interrogations en voix off de Milos. Les circonstances maléfiques, l'entourage inconsciemment complice, la psyché des deux amies composent les fondations de ce geste fou. 

Un beau et délicat premier film.

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15 octobre 2023 7 15 /10 /octobre /2023 12:46

Le 7 mai 1995, Jacques Chirac est élu Président de la République et Bernadette Chirac devient première Dame jusqu'en 2007.

Léa Domenach propose un portrait de Bernadette Chirac annoncé comme une "fiction inspirée de faits réels". La réalisatrice situe l'action entre 1995 et 2007, années de la présidence de Jacques Chirac. Elle séquence le film des dates politiques importantes et réelles de la présidence, exposant le rôle de Bernadette Chirac, de l'épouse potiche à la dame des Pièces Jaunes en passant par l'avisée conseillère générale de Corrèze.

On y retrouve "les anecdotes" connues de tous, la relation fusionnelle qui lie Claude Chirac et son père, Chirac introuvable la nuit du décès de Lady Di, le soutien d'Hilary Clinton à Bernadette, les prévisions de Bernadette Chirac sur les résultats de la dissolution de l'Assemblée nationale et du 1er tour de la présidentielle de 2002,... 

On comprend donc que dans ce film "les faits réels" sont nombreux et on imagine que la fiction intervient uniquement dans la mise en scène et la mise en mots des coulisses de ces événements. C'est là que la comédie pourrait prendre toute sa place. Malheureusement, malgré quelques bons mots et situations cocasses, le film ne provoque que très peu le rire. La faute au montage, à l'écriture des scènes, au placement des punchline ? Toujours est-il que la mécanique de précisions nécessaire au rire n'est pas à l'oeuvre et que, globalement, le film ne trouve pas sa tonalité. Entre fidélité à la réalité, volonté de ne pas trop écorcher le portrait, nécessité de ne pas occulter le drame intime qui touchait le couple et le désir évident de faire rire, la réalisatrice ne parvient pas vraiment à se positionner.

Pourtant, le casting 5 étoiles ne démérite pas. Catherine Deneuve est parfaite dans ce rôle qui n'est pas sans évoquer celui déjà tenu dans Potiche, Michel Vuillermoz est plus vrai que nature en Jacques Chirac, Denis Podalydes campe un conseiller has been excellent, Laurent Stocker surprend en Sarkozy. Dans les rôles plus premier degrés des filles du couple, Sara Giraudeau et la trop rare Maud Wyler sont parfaites.

Dommage.

 

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8 octobre 2023 7 08 /10 /octobre /2023 13:21

François, entraîne son fils Émile, dans la recherche de Lana, épouse et mère. Elle fait partie des humains en cours de mutation animale. 

Des hommes et des femmes voient leur corps muter, s'approchant de celui d'animaux, leur instinct animal prendre le dessus. Faut-il s'en inquiéter ? Faut-il les aider ou les exclure ? Est-ce un drame ou une nouvelle vie qui s'offre à eux ?

Thomas Cailley (Les Combattants) traite cette histoire surréaliste avec le soucis constant du réalisme. C'est ce traitement qui donne au film toute sa force. Il n'est pas question ici d'effets horrifiques, de spectacle. Et il n'est pas question de laisser chez le spectateur la place au doute. Tout cela est possible, pour preuves les réactions de la société, de Monsieur tout le monde jusqu'aux forces de l'ordre, sont semblables à celles qu'on peut ou qu'on a pu rencontrer dans certaines circonstances réelles. Ce soucis du réalisme crée l'émotion plus que l'effroi.

Si le film nous renvoit instantanément à l'idée d'une vengeance de la nature qui reprendrait le pouvoir sur l'invasion de l'Homme, très vite le récit nous évoque d'autres thèmes qui touchent notre époque, tels que l'acceptation de la différence, l'accueil de l'étranger, l'apprivoisement d'un corps différent d'une identité officielle...

La réalisation de Thomas Cailley offre de beaux moments oniriques et de poésie pure, laisse deviner plus qu'on ne les voit ses créatures étranges, présente la forêt, et sa rivière, entre ombre et lumière, dans tout son mystère et sa beauté. 

Romain Duris est magnifique en type ordinaire prêt à tout pour sauver sa famille. Son sourire lumineux et son regard noir lui confèrent une humanité désarmante. A ses côtés, Paul Kircher, grand adolescent déguingandé entre convictions fortes et dénuement, est remarquable.

Un film ovni magnifiquement réussi.

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1 octobre 2023 7 01 /10 /octobre /2023 11:32

Amiens, en avril 1976, suite à l'annulation pour vice de forme de son premier procès, Pierre Goldman est rejugé pour avoir effectué quatre braquages dont l'un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Goldman reconnaît les braquages sauf celui de la pharmacie. Lors du 1er procès, Pierre Goldman avait été condamné à la réclusion à perpétuité.

Plus que le procès lui même, c'est la personnalité de Pierre Goldman qui intéresse. Une impressionnante dialectique, une curieuse façon de se défendre qui renvoie à l'occasion la justice face à ses étrangetés, une forme d'instabilité psychologique que l'on perçoit chez ce fils de parents juifs polonais, engagés politiques, dont le père ayant fuit le nazisme pour trouver refuge en France, y sera résistant... Pierre Goldman, pétri d'admiration pour ses parents, militant d'extrême gauche, versant pourtant dans le banditisme, intrigue. 

Cédric Kahn présente sa vision des moments forts du procès, traçant le portrait complexe de Goldman, l'ambiance électrique dans le prétoire mais aussi entre Goldman et son avocat Georges Kiejman. Son traitement met aussi en lumière l'antisémitisme, le racisme, une police défaillante de l'époque, autant de thèmes toujours d'actualité.

Trois caméras ont tourné simultanément ce huis clos bouclé en trois semaines et monté par Yann Dedet. La réalisation s'approche au plus près des visages, se joue de la disposition des lieux pour donner à voir simultanément les orateurs et les auditeurs, laisse entendre la présence du public pro ou anti Goldman, adopte un format carré qui favorise l'immersion. Le grain de l'image, encore plus que les looks vestimentaires des personnages, nous transporte d'emblée dans les années 70. La qualité du film repose aussi sur l'excellence de ses comédiens (Arieh Worthalter, Arthur Harari, Stéphane Guerin-Tillie, Nicolas Briançon, Jérémy Lewin...,), ingrédients essentiels dans la réussite d'un film de prétoire.

Difficile de mesurer la part du vrai, du subjectif et du fictif dans le film. On pourra toutefois avoir un autre éclairage en lisant l'interview donnée par Christiane Succab-Goldman l'épouse de Pierre Goldman, au Monde le 4 octobre 2023.

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24 septembre 2023 7 24 /09 /septembre /2023 11:51

A Helsinki, Ansa est employée sous payée dans un supermarché. Holappa est métallurgiste et porté sur l'alcool. Un soir, dans un karaoké, leurs regards se croisent.

Le monde et les Hommes désespèrent Aki Kaurismaki au point qu'il annonça, en 2017, à la sortie de L'autre côté de l'espoir, vouloir arrêter le cinéma. Il a visiblement changé d'avis mais pas de vision du monde. Sur fond d'informations radio sur la guerre en Ukraine et, un peu, sur la répression en Libye, il conte la difficulté de la classe populaire de survivre dans un monde froid et hostile. Ses héros (Alma Poysti et Jussi Vatanen très bien), deux êtres solitaires, qui se débattent dans un monde du travail sans pitié et face à l'inflation galopante, sont sans cesse séparés par leurs timidités, les hasards ou les accidents de la vie. Kaurismaki parsème cette histoire de rencontre contrariée de son humour pince sans rire, usant toujours de longs silences et de plans fixes sur des hommes à l'air ahuri ou perdu. La mise en scène et la photographie, où les couleurs explosent dans des décors pourtant austères, portent la patte du réalisateur reconnaissable entre mille. Les références à la culture française et aux classiques du cinéma (Brève rencontre, le Clan des siciliens, Godard, Besson, Chaplin...) sont nombreuses en arrière plan. En illustration sonore des chansons finlandaises, portant toutes un texte désespéré, semblent décrire une société finlandaise intrinsèquement dépressive.

Sans être désagréable, le film déçoit un peu par son manque d'audace et de surprise, le réalisateur jouant sur ce qu'il sait faire et a déjà fait.

Prix du jury au festival de Cannes 2023.

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17 septembre 2023 7 17 /09 /septembre /2023 15:01

Marc Becker présente les rushs de son dernier film à ses producteurs/distributeurs qui déçus décident de confier la reprise du film à quelqu'un d'autre. Marc fuit avec son film et son équipe.

Marc, clone de Michel Gondry, est fantasque, angoissé, hyperactif et bipolaire. Gondry dresse ici le portrait, d'un créateur et de sa solitude face à son oeuvre, de sa tyrannie à l'égard de son équipe. Et celui d'un bipolaire, en pleine phase maniaque, assailli par une multitude d'idées qu'il juge forcément géniales. 

Pierre Niney est parfait dans le rôle du réalisateur débordé par lui même et insupportable pour les autres. Il est entouré des excellents Blanche Gardin, Frankie Wallach, Camille Rutherford et la remarquable Françoise Lebrun. 

Le film, autoportrait du réalisateur sur le tournage de L´écume des jours, est aussi une représentation des affres de la création et un hommage à l'entourage, souffre douleurs, des artistes. C'est imaginatif, vif et très, très drôle. Une bouffée d'air frais.

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