SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

27 novembre 2010 6 27 /11 /novembre /2010 18:18

potiche.jpgOzon adapte la pièce de boulevard « Potiche » rendue célèbre par Jaqueline Maillan. L’histoire se passe en 1977 et met en scène Suzanne Pujol, femme au foyer soumise et héritière d'une usine de parapluies dirigée par son mari Robert. Suite à une grève du personnel, Robert tombe malade laissant à contre cœur sa place de dirigeant à Suzanne.

 

Ozon reste fidèle au burlesque de la pièce et plonge ses acteurs dans les années 70 de façon précise et drôle, entre reconstitution fidèle et pastiche kitsch. La mise en scène et la gestuelle des acteurs lors de certaines séquences, accompagnement musical compris, lorgnent vers les feuilletons TV de l’époque. Face à cette irrésistible reconstitution, on oscille entre hommage nostalgique et bienveillante moquerie.

Les comédiens sont parfaits dans la parodie. Judith Godreche porte la coiffure de Farah Fawcett comme si elle l’avait toujours eu. Jérémie Régnier a de faux airs de Claude François. Karine Viard, lunette XXL sur le nez est plus vraie que nature en secrétaire complaisante. Depardieu, maire communiste-syndicaliste,  porte magnifiquement la coiffure de Bernard Thibault. Lucchini, bien que jouant moins dans la farce, est très bon en mari et patron odieux. Quant à Catherine Deneuve c’est un festival. Elle est simplement irrésistible et joue à fond le jeu du pastiche et du kitsch. Son statut de mythe ne fait qu’ajouter à l’incongruité de sa prestation. Le fait que ce soit Deneuve, la Deneuve, ajoute au comique.

 

Derrière l’irrésistible drôlerie de la reconstitution, Ozon, fort des trentes ans qui se sont écoulés depuis l'écriture de la pièce, trace des ponts vers notre époque. Il introduit autour du personnage de Robert des références, « citations » de Nicolas Sarkozy et donne à Catherine Deneuve de faux airs de Ségolène Royal. Tous deux évoqués dans ce qu’ils sont de plus effrayant. Ainsi, si la pièce traitait de la condition de la femme entre soumission et désir d’émancipation contre la tyrannie patriarcale des maris-patrons, Ozon, en guise de pied de nez et d'épilogue de son film, semble émettre quelques réserves sur les bienfaits de la prise de pouvoir par les femmes. Le matriarcat remplaçant le patriarcat est-il moins effrayant ?

Le tout sur le ton de la comédie, du kitsch et du 15ième degré. Bien joué.

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