SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

1 octobre 2023 7 01 /10 /octobre /2023 11:32

Amiens, en avril 1976, suite à l'annulation pour vice de forme de son premier procès, Pierre Goldman est rejugé pour avoir effectué quatre braquages dont l'un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Goldman reconnaît les braquages sauf celui de la pharmacie. Lors du 1er procès, Pierre Goldman avait été condamné à la réclusion à perpétuité.

Plus que le procès lui même, c'est la personnalité de Pierre Goldman qui intéresse. Une impressionnante dialectique, une curieuse façon de se défendre qui renvoie à l'occasion la justice face à ses étrangetés, une forme d'instabilité psychologique que l'on perçoit chez ce fils de parents juifs polonais, engagés politiques, dont le père ayant fuit le nazisme pour trouver refuge en France, y sera résistant... Pierre Goldman, pétri d'admiration pour ses parents, militant d'extrême gauche, versant pourtant dans le banditisme, intrigue. 

Cédric Kahn présente sa vision des moments forts du procès, traçant le portrait complexe de Goldman, l'ambiance électrique dans le prétoire mais aussi entre Goldman et son avocat Georges Kiejman. Son traitement met aussi en lumière l'antisémitisme, le racisme, une police défaillante de l'époque, autant de thèmes toujours d'actualité.

Trois caméras ont tourné simultanément ce huis clos bouclé en trois semaines et monté par Yann Dedet. La réalisation s'approche au plus près des visages, se joue de la disposition des lieux pour donner à voir simultanément les orateurs et les auditeurs, laisse entendre la présence du public pro ou anti Goldman, adopte un format carré qui favorise l'immersion. Le grain de l'image, encore plus que les looks vestimentaires des personnages, nous transporte d'emblée dans les années 70. La qualité du film repose aussi sur l'excellence de ses comédiens (Arieh Worthalter, Arthur Harari, Stéphane Guerin-Tillie, Nicolas Briançon, Jérémy Lewin...,), ingrédients essentiels dans la réussite d'un film de prétoire.

Difficile de mesurer la part du vrai, du subjectif et du fictif dans le film. On pourra toutefois avoir un autre éclairage en lisant l'interview donnée par Christiane Succab-Goldman l'épouse de Pierre Goldman, au Monde le 4 octobre 2023.

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