SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
A Londres, Douglas Bellows est présentateur vedette à la télévision quand un tweet l'accuse d'avoir fait une blague sexiste lors d'un mariage. Madeline, sa co-présentatrice, retweete à ses 2 millions de followers avec un commentaire de soutien ou pas... L'affaire s'emballe.
On retrouve avec plaisir Hugh Bonneville (Downton Abbey) et Alex Kingston (Urgences). Ils sont accompagnés par Keran Gillan, excellente dans un rôle complexe, et Ben Miles, parfait en sale type.
La série débute gentiment, mêlant cynisme et humour, s'amusant des "boomers" qui peinent à dépasser leurs préjugés sexistes et raciaux et à comprendre le fonctionnement des réseaux sociaux. Elle en fait autant avec les "wokes" et leurs excès, et tire à boulets rouges sur la presse tabloïd.
Le ton change au fur et à mesure de la montée en tension. Le 3e épisode est le plus glaçant nous enfermant dans une chambre d'hôtel avec un disciple d'Harvey Weinstein. Le 4e épisode dévoile dans un face a face tendu et retord les clés de l'affaire et un message politique fort sur l'attitude et la lâcheté des hommes à l'égard des femmes.
A Lille, à l'hôtel Nowhere, les femmes de chambre, sous payées, multiplient les heures supplémentaires, les cadences infernales et subissent les réflexions de petits chefs abusifs. Elles décident de se mettre en grève.
La série s'inspire de la grève des femmes de chambre de l'hôtel Ibis Batignolles en 2019. Issues de l'immigration, précarisées, embauchées par un sous-traitant qui les exploite, elles ont lutté pendant 22 mois.
Frotter, frotter fictionnialise cette histoire à travers trois personnages féminins : Solange, la gouvernante (Eye Haïdara), une femme de chambre militante LGBT (Karole Rocher) et une avocate paumée (Emilie Caen). Toutes les trois sont très bien. Les femmes de ménage sont interprétées par des comédiennes amateures parfaites également. A leur côté, un coloc-éboueur interprété par Gringe et un syndicaliste joué par Francis Leplay.
Il semblerait que le choix d'un format en 4 épisodes ait poussé les scénaristes à allonger inutilement le récit. Le scénario s'attarde sur les intrigues familiales et amoureuses de ses trois protagonistes, nous éloignant du coeur du sujet et semble, parallèlement et par petites touches, vouloir déployer une sorte de catalogue de l'employée précarisée. Le récit s'égare souvent.
Malgré tout, la série présente plusieurs moments assez drôles et a le mérite de mettre au premier plan des personnages que l'on voit rarement à la télévision.
Elsbeth, ex-avocate de Chicago, est officiellement mandatée pour contrôler que le service Affaires Sensibles de la police de New-York respecte bien les procédures, et officieusement, elle enquête sur des soupçons de corruption. Elle en profite pour mettre son nez dans les enquêtes.
Conçue par les créateurs de The Good Wife et The Good Fight, Elsbeth se situe entre Columbo et HPI. Chaque épisode prend la forme d'un procédural (le criminel est connu dès le départ) et son héroïne très farfelue a le don de remarquer le détail qui tue et se joue des criminels en passant pour une tête de linotte. C'est distrayant et amusant.
Dans le rôle principal Carrie Preston est excellente et on retrouve avec plaisir Wendell Pierce dans le rôle du chef de la police.
Don Diego de la Vega a abandonné le costume de Zorro depuis 20 ans. Ayant renoncé à toute forme de violence, il administre la ville avec difficultés par manque de charisme et sa vie de couple est routinière.
Le casting est parfait : Gregory Gadebois en Sergent Garcia, Eric Elmosnino en méchant, André Dussolier en père fantôme, Audrey Dana en épouse assoiffée de romantisme, Salvatore Ficarra en Bernardo. Jean Dujardin a tout à fait le physique du rôle et manie ici encore avec dextérité le second degré.
Le décalage règne en maître dans ce nouveau Zorro. Il se situe autant dans la forme que sur le fond avec un scénario qui semble mixer les Misérables de Victor Hugo, James Bond, OSS117 et les films sur l'esclavagisme et l'exploitation des indiens. Les scénaristes mettent à mal le mythe du super héros souffrant d'un dédoublement de personnalité, dessinant un Don Diego de la Vega anti-violent déprimé et un vengeur masqué aux ambitions et à la virilité mises à mal.
Tout ne fonctionne pas parfaitement mais c'est tout de même plutôt réussi.
Gaspard est à la tête du Tout Paris, le cabaret dont il a hérité de son père. Mais, les affaires vont mal et il faut prendre des décisions difficiles.
La série a été créée par l'équipe de Dix pour cent qui se penche cette fois sur le monde du cabaret. Direction, artistes, serveurs, mécènes potentiels... la série présente un panel de personnages dont on suit les péripéties plus ou moins intéressantes, et le plus souvent sans aucune originalité. Le récit peu inspiré est très répétitif, les intrigues ringardes, les dialogues sans esprit. Les effets comiques tombent souvent à côté.
Les choix de réalisation et de montage sont parfois curieux, nous emmenant à l'occasion dans une autre décennie. La série se déroule bien à notre époque post COVID, mais elle adopte souvent des codes de la télévision ou des soap opéra des années 70/80. La bande originale, pas désagréable par ailleurs, de Bertrand Burgalat amplifie cette impression.
Le casting est aussi inégal. Les guest ne jouent pas très bien. Alex Lutz est parfait. Si la perruque de Charlotte de Turckheim interpelle au premier abord, la comédienne convainc. Bernard Lecoq est comme toujours parfait et Nicolas Maury perché comme il se doit. Et on peut constater que Dominique Besnehard est toujours un piètre comédien.