SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
C'est en 1941, qu'Hannah Arendt, juive allemande, fuit le nazisme en se réfugiant à New-York. Elle publie 10 ans plus tard Les origines du totalitarisme, œuvre référence dans l'analyse des régimes totalitaires. Ce pavé de 600 pages tente de définir la pluralité des éléments qui sous-tendent le totalitarisme : le racisme, l'antisémitisme, l'impérialisme, la bureaucratie, les mouvements et la solitude de masse, la montée de l'idéologie, le déclin de l'Etat-nation et la montée des Droits de l'homme. Connaître et reconnaître ces éléments permet de résister au totalitarisme.
Son analyse a notamment était controversée car elle y compare nazisme et stalinisme. Sa vision de la défense des droits de l'homme divise également tout comme son concept de "banalité du mal" et le ton employé dans son récit du procès Eichmann.
A base de témoignages d'amis, d'historiens, de philosophes et d'archives d'interviews d'Hannah Arendt, cet excellent documentaire trace le parcours, les influences et les rencontres dont sa liaison avec Martin Heidegger, de cette théoricienne politique qui n'hésitait pas à être subversive et dont les écrits politiques rencontrent toujours beaucoup de succès, d'autant plus que les totalitarismes se développent dans le monde.
Pantin, quartier des quatre chemins, Marion, propriétaire de son 2 pièces au 32 avenue Jean Jaurès, reçoit un courrier du tribunal administratif. Le maire demande qu'un expert soit désigné pour évaluer l'état de l'immeuble soupçonné d'être un danger public.
Le documentaire conte les quatre années d'actions conduites par les habitants, essentiellement des locataires, pour sauver l'immeuble. Entre petites victoires, sabotages, et grosses désillusions, leur vie est un enfer.
A travers ce combat, est aussi fait le portrait de ces habitants qui représentent toutes les précarités et origines du quartier : chômeur, retraité, ouvrier, agent de sécurité, aide soignant, intermittent, serbe, chinois, algérien, tunisien... Une France d'en bas en miniature.
L'état dans lequel se trouve l'immeuble est édifiant et en dit long sur l'attitude des propriétaires, qu'ils soient malhonnêtes ou irresponsables, et sur l'état de ces quartiers pauvres négligés ou mal aidés par l'Etat (qui leur envoi les drogués qu'il ne veut plus à Paris...).
Du XVIIe au XIXe siècle, la France a réduit en esclavage 1,2 millions de personnes, hommes, femmes et enfants d'Afrique. 4 300 expéditions négrières sont ainsi parties des ports des côtes françaises.
Le documentaire conte l'histoire de l'esclavage à travers les origines de descendants d'esclaves ou d'esclavagistes : Joey Star descendant d'esclaves et de colons (Tascher de la Pagerie), Pierre-Yves Surcouf, descendant de l'armateur Robert Surcouf, Isabelle, blanche de peau, descendante de Casimir Fidèle esclavagé à l'âge de 7 ans, Guillaume Hoarau descendant d'une esclave gardienne,...
Le documentaire mêle témoignages des descendants, documents historiques, reconstitutions pour dire la rentabilité de la traite, la terreur du maître, les conditions des traverses auxquelles 1 esclave sur 8 ne survit pas, les conditions de travail sur les plantations, une espérance de vie de 10 ans, des corps usés prématurément, le code noir de 1685, l'exploitation sexuelle des femmes, les soulèvements, la révolution haïtienne, l'abolition (non respectée) de la traite en 1815, les attributions de noms, l'abolition le 27 avril 1848, l'indemnisation des colons...
Si les reconstitutions et certaines réflexions de descendants semblent un peu vaines, la force du documentaire réside dans la précision et la personnification du récit de l'horreur et sa capacité à rappeler que l'esclavage tient une part importante de l'histoire de la France et des français.
Le documentariste suit Alain Pons, maire de Teuillac (Gironde) de 1979 à 2001. En 1987, alors que le village fête le centenaire de l'école, il découvre les cahiers de Rachel Taytel, élève de l'école jusqu'au 11 janvier 1944.
L'ancien maire, bouleversé d'apprendre que l'oppression des juifs a touché son village, cherche à reconstituer la vie de la jeune Rachel. Dans sa quête, il retrouve des photographies et des lettres, et interroge les habitants qui ont pu la côtoyer.
Entre vagues souvenirs d'enfants et amnésie collective, les témoignages oraux sur cette enfant et sa famille sont plus que succincts. Demeurent les archives administratives, le témoignage de Ginette Kolinka qui a été emmenée au camps de Drancy comme David, Myrla et Rachel Taytel, l'éclairage de Boris Cyrulnik sur l'amnésie comme moyen de défense et une école communale qui désormais porte le nom de Rachel Taytel.
Pendant 1 an, les documentaristes ont suivi les entretiens préparatoires des victimes et des criminels d'homicides ou tentatives d'homicides sur conjoints. Et les échanges collectifs pendant lesquels tous tentent d'expliquer ce qu'ils ont subis ou fait subir.
Le documentaire montre également avec précision le travail de l'équipe encadrante soucieuse de la liberté de la parole dans le soucis constant que cette liberté reste supportable pour les victimes et de contrôler également le consensus qui se créé entre criminels et victimes sur la violence de la justice.
La justice restaurative permet à chacun, victimes et criminels, de se préparer à l'avenir.