SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 21:23

Barbara_-_film_de_Christian_Petzold.jpg 

1980, Barbara, médecin à Berlin Est, débarque, après une mutation punitive, dans un hôpital de province.

 

Le film dresse un beau portrait de femme (parfaite Nina Hoss) face à laquelle il place un personnage masculin éthéré d'une fadeur un peu trop appuyée. Elle, tout en profondeur incandescente et retenue, lui, tout en démonstration sans fond. Elle représentant le refus et la soif de liberté, lui la résignation sans discussion.

Le film est à l'image de ces deux personnages, sans réel nuance, parfois trop démonstratif et lourdingue, d'autres fois tellement suggestif qu'il en devient opaque. Du coup, on ne sait pas très bien où il nous méne, si tant est qu'il nous emmène.

Est-ce un film sur la vie en Allemagne de l'Est dont il affiche le flicage permanent de la part des autorités comme des voisins, dont il montre la violence et les conditions de vie spartiates, et l'insolence de l'Ouest si proche ?

Est-ce une histoire d'amour, celle d'un amour si peu partagé qui repose sur une impossible communication et se poursuit sur un malentendu qui semble sans fin ?

Est-ce le portrait d'une femme, combattante, sur fond de dictature communiste ?

A vous de juger.

 

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2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 22:40

the-suit.jpg

C'est un drame qui se joue ici, celui d'un amour trahi sur fond d'apartheid. Peter Brook adapte pour la seconde fois "The Suit" de Can Themba. Fort du décor naturel et majestueux du théâtre des Bouffes du Nord, il disperse sur scène 8 chaises colorées, une table et 4 portants qui par la justesse d'un geste, une astuce de mise en scène se transforment en lit, armoire, porte ou fenêtre. Des musiques et des chansons idéalement choisies accompagnent parfaitement le propos de la pièce. La mise en scène, d'une redoutable efficacité, souligne la force de la solidarité et la place de la musique dans la communauté, les moments de joie, de partage, de tension et le drame. Quatre comédiens-chanteurs et trois musiciens-acteurs, tous excellents, portent cette histoire dans tous ces moments. Parfaits tant dans l'humour, que l'ironie et la tragédie, ils vous emportent dans le rire et vous basculent dans l'émotion en un battement de cil.

Une histoire simple, dans une mise en scène d'apparence modeste et des comédiens habités, le tout en version originale sous-titrée. Une réussite.

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1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 10:20

Gondoles (4)

© Isabelle Dujardin

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20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 16:58

les-laisons-dangereuses-atelier-affiche.jpg

John Malkovitch met en scène au théâtre de l'Atelier le livre de Pierre Choderlos de Laclos, les liaisons dangereuses. L'adaptation signée Christopher Hampton, à l'image du film, abandonne totalement la forme du livre, composé de correspondances, et propose un récit des plus classiques d'échanges directs entre les protagonistes.

La mise en place se fait dès l'entrée des spectateurs. Les comédiens sont en scène, s'échauffent, se concentrent, saluent les quelques connaissances présentes dans la salle. Puis, Azolan prend la parole et  emande au public d'éteindre les portables et de ne pas prendre de photo. Le spectacle peut commencer. Les pleines lumières sont lancées sur la scène tandis que dans la salle la lumière est à peine tamisée.

Malkovitch créé ainsi d'entrer une complicité entre les comédiens et les spectateurs, les premiers, protagonistes et conteurs, prennent à témoin le spectateur, sans quatrième mur. Ils demeureront tous en scène tout au long de la première partie, successivement partie et juge de la machination qui se trame.

Malkovitch joue d'entrée sur l'anachronisme. Même si les mœurs décrites sont bien celles du XVIIIe siècle, les costumes mélangent jeans, tee-shirts et Habits, le mobilier sans âge n'est surtout pas d'époque, les mails remplacent les lettres écrites à la plume, les messagers sont des ipad et des téléphones portables. Malkovitch s'amuse et amuse, même si on le surprend parfois à étirer un peu trop ces scènes de décalage et astuces comiques. Il use aussi d'un accompagnement musical qui vient souligner les moments clés et d'émotion de l'histoire. Facilité assez déconcertante et curieuse comme si Malkovitch ne faisait pas suffisamment confiance en ses comédiens, assez inégaux il est vrai. Julie Moulier campe une Madame de Merteuil d'un seul tenant : cynique et autoritaire. Elle prive ce personnage, au caractère complexe, de toute réelle émotion. Elle gagnerait aussi à articuler un peu plus. Yannick Landrein, Valmont, rôle écrasant, est, abstraction faite de son jeune âge, très bon. Lazare Herson Macarel, dans le rôle d'Azelon, sorte de Zébulon fantasque, a sans conteste du métier. Il est parfait. Pauline Moulène, Madame de Volanges, Rosa Bursztejn, Cécile de Volanges très drôle, Lola Naymark dans le rôle d'une Emilie très dénudée, sont parfaites. Sophie Barjac, doyenne de la troupe, assure le job dans le rôle assez ingrat et quasi-muet de Rosemonde. Jina Djemba, la présidente de Tourvel, m'a semblé assez inégale. Parfois très juste, d'autres comme "à côté". Quant à Mabo Kouyaté, il force un peu trop le trait sur la naïveté de Danceny et perd en justesse. Mais si le talent est génétiquement transmissible, et au souvenir de Sotigui Kouyaté dans « London River », on ne doute pas de son potentiel de progression.

Malgré ces réserves, la première partie de 2h00 s'écoule sans déplaisir et surtout sans ennuie. Entracte.

A la reprise, la salle est plongée dans le noir. Procédé qui pour le coup, en réponse à l'éclairage du départ, semble affreusement artificiel. Mais pourquoi pas, on a bien compris : on n'est plus là pour rigoler.  Le problème c'est que Malkovitch se lâche. Tous les partis pris de mise en scène qui était un peu limite en première partie sont ici exacerbés. Malkovitch se fait plaisir et rate totalement sa seconde partie ; 45 minutes bouffonnes, étirées en longueur où tout est surligné, souligné, montré du doigt avec une absence totale de finesse. Le combat à l'épée entre Valmont et Danceny, interminable et outré, ainsi que la scène finale n'échappent pas au ridicule qui parait -il ne tue pas. Valmont, pourtant, ne se relève pas.

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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 17:57

barbara-carlotti-l-amour-l-argent-le-vent.jpg

Barbara Carlotti publie son troisième album "L'Amour, l'Argent, le Vent".12 titres qui font la part belle au synthé et offrent des arrangements plus instrumentalisés. Un son moins épuré, moins pop chic, plus proche, sur certains titres, d'une certaine variété. Un album sans doute plus accessible qui pourrait agrandir l'auditoire.

Les textes sont majoritairement graves, laissant peu de place à l'ironie que Carlotti parsemait sur ses albums précédents. On y reconnait ses mots, sa plume et ses thèmes : l'amour, la séparation, l'ennui et l'argent. Donnez-moi de l'argent...

  "L'Amour, l'Argent, le Vent" est une œuvre très Carlottienne et à la fois toute différente. Barbara Carlotti évolue, propose autre chose en conservant ce qui fait sa marque : sa voix si particulière, un sens certain de la mélodie et une légère folie.

 

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1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 21:22

Dans 15 jours, Anders aura terminé sa cure de désintoxication. Il quitte son centre une journée pour se rendre à un entretien d'embauche à Oslo. Il en profite pour revoir des amis et d'anciennes connaissances.

Joachim Trier nous présente 24 heures dans la vie d'un toxicoman tout juste sevré des drogues mais toujours en prise avec son mal de vivre. Les rencontres de cette journée forment le portrait d'une jeunesse qui peine à passer de l'adolescence au statut de jeune adulte. Les responsabilités qui en résultent, les rêves auxquels il faut renoncer, la nostalgie de l'enfance, la liste des échecs qui s'allonge sont autant de raisons de flancher. Le film repose sur le regard de son héros et sans la mise en scène aérienne de Triers et plus encore le charisme de Danielsen Lié Oslo 31 août aurait pu nous perdre en chemin. Mais, il n'en est rien. On reste accroché aux basques d'Anders, espérant jusqu'au bout pour lui le meilleur.

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1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 13:45

2-days-in-NY-copie-1.jpg

Julie Delpy plonge à nouveau Marion et sa famille française au contact des Américains. Cette fois c'est la famille de Marion qui vient lui rendre visite. 5 ans après Two days in Paris, on la retrouve chez elle à New York. Elle vit avec son fils Lulu et son nouveau boy friend, Mingus, animateur radio. 

Jeannot son père, sa sœur Rose et le boy friend de celle-ci vont envahir et bousculer le couple franco-américain.

 Le choc des cultures est dessiné ici à gros traits, tant la famille de Marion est barrée. Les Français sont toujours obsédés de bouffe et de sexe et les Américains puritains et sages. Julie Delpy enchaîne clichés sur clichés dans un joyeux bordel absolument réjouissant. C'est bavard, rapide et désopilant. On retrouve Alexia Landeau dans le rôle de Rose et dans le rôle du père, Albert Delpy, veuf à la vie comme à l'écran. Julie Delpy rend ainsi hommage à sa mère, Marie Pillet, excellente dans Two days in Paris et dont la présence-absente plane sur le film. Seul bémol, léger, la naïveté du monologue finale en voix off sur l'importance de profiter des gens qu'on aime tant qu'ils sont là. Les deux scènes finales, drôles et poétiques ne nécessitaient pas cette explication de texte. Cette réserve, tout à fait dispensable mise de côté, on conserve un film loufoque, très drôle et excellemment interprété.

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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 18:35

Max Eiseninconnu.jpgstein et Martin Schulse sont propriétaires, associés et amis, d'une galerie d'Art à San Francisco.

Martin, Allemand, a choisit de rentrer vivre au pays avec femme et enfants. Max, de confession juive, demeure à San Francisco. On suit leur correspondance échangée entre novembre 1932 et mars 1934, alors qu'Adolf Hitler au pouvoir instaure les lois anti-juifs.

Tirée du livre de Kathrine Kressmann Taylor, la très courte pièce (50 minutes) est à l'affiche du théatre Antoine depuis février. Tout d'abord interprétée par Gérard Darmon et Dominique Pinon, c'est Patrick Timsit et Thierry Lhermitte qui assurent le mois de mars.En avril, ils seront remplacés par Thierry Frémont et Nicolas Vaude.

Thierry Lhermitte est excellent. Il ne tombe pas dans le piège de l'exercice, celui d'une lecture qui s'avèrerait vite monotone, manquant de vie. Il ne lit pas ses lettres, il les joue et donne corps à ce qu'elles racontent. Patrick Timsit s'en sort un peu moins bien. Il est plus dans la lecture, moins dans le jeu, moins vivant. Malgré tout, son interprétation demeure agréable.

La pièce captive de bout en bout et reste à l'esprit longtemps après la représentation.

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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 18:09

arnaud-t-samere.jpeg

Ce qui surprend au démarrage du spectacle, lors du préambule, c'est la gémellité avec Ben - l'excellent Ben dont on attend depuis trop longtemps un nouveau spectacle. même sens de l'absurde, même capacité à lancer un sujet, ouvrir une parenthèse, multiplier les circonvolutions et retomber sur ses pieds. Même élocution soignée. Puis,Arnaud Tsamère prend, à nos yeux, une identité bien personnelle.

Le comédien est excellent. Sens de l'échange avec le  public, du rythme, du geste et à l'occasion de la grimace. Forme olympique.

Il nous emmène crescendo dans le délire de son personnage, comédien de circonstances qui se prend finalement au jeu.

Le "sketch " du vaudeville est particulièrement bon, tant dans la qualité d'écriture que dans l'interprétation qu'en fait Arnaud Tsamère.

La présence dans la salle de Raphaël Mezrahi, producteur du spectacle, nous a offert (est-ce tous les soirs ?) un échange avec le comédien tout à fait savoureux.

A voir donc sans hésiter.

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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 16:26

cloclo.jpg"Cloclo" souffre, comme beaucoup de film aujourd’hui d’une narration mal dosée, sans point de vue et sans âme.

 

Le scénariste a choisit, sans grand sens créatif, une narration chronologique.

La première partie du film dédiée à l’enfance et à l’adolescence en Egypte, puis l’exil et les premières années en France est contée vitesse grand V par une succession de saynètes. Le film ne se déroule pas vraiment comme un récit mais plutôt comme un catalogue, une collection de vignettes. La narration est au minima et rate ce qui était l’occasion d’une tentative d’explication de la psychologie du personnage, à l’âge où tout est fondateur. Après cette première partie, Claude François nous demeure toujours étranger et, à moins d’être un fan absolu du chanteur, on est déjà en manque d’empathie avec le héros du film.

Et ce n’est pas avec la deuxième partie que la sympathie va se créer. Il est là question des premiers succès dans les années 60 puis du Claude François de tous les excès, celui des années 70 et de la médiatisation. Claude François est devenu un type odieux, égoïste, ingrat. Invivable. Là aussi, les scènes se succèdent en catalogue. Puis, plus on approche des dernières années, plus le réalisateur s’attarde et tente un vrai récit, mais trop répétitif.

On peut reconnaître aux auteurs du film le courage d’avoir dessiné un portrait sans concession bloquant, malheureusement, toute sympathie possible. Du coup, les rares émotions ressenties sont causées par les personnages secondaires victimes plus ou moins consentantes du chanteur.

 

Scénario mal ficelé donc jusqu’à la place laisser à la musique. On se doute bien qu’il est peu probable qu’un biopic sur Claude François se passe sans musique mais ici les titres sont placés sans aucune subtilité dans leur quasi-entièreté, arrivant comme un cheveu dans la soupe sur des scènes ou montage vidéo-photos. C’est interminable. Aussi, on s’étonne d’entendre « Comme d’habitude » à 3 reprises ! 1ière fois à la création de la chanson (scène un peu ridicule au bord de la piscine), la 2 ième transformée en « My Way » par Sinatra et la 3ième mix des deux versions interprété par Claude François au Royal Albert Hall. Ca fait beaucoup. Quant à la musique additionnelle, on a connu Alexandre Desplat mieux inspiré.

La réalisation est alerte sans être formidable avec toutefois 2 plans séquences et 2-3 idées sympas. L'ensemble sonne quand même régulièrement un peu faux, un peu bande dessinée. Les comédiens sont investis mais l'écrin ne les aide pas. C'est un peu surjoué. 

 

Un film raté donc sur un sujet pourtant en or. Dommage.

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16 mars 2012 5 16 /03 /mars /2012 16:44

danton-mc93.jpgLa MC93 Bobigny présente jusqu'au 1er avril "La mort de Danton" de Büchner.

George Lavaudant reprend sa mise en scène créée en 2002 à L'Odéon théatre.

 

"Avec La Mort de Danton, Georg Büchner, le poète et dramaturge allemand, compose un drame au plus près de l’implacable mécanisme conduisant, en quelques jours du printemps 1794, les adversaires politiques de Robespierre à la guillotine. Danton, qui tantôt abdique, tantôt se refuse à se laisser emporter vers la mort, réactive les grandes figures shakespeariennes qui marchent vers le néant. Et cependant, au nom de quoi cet homme consent-il au supplice ? Une telle question pourrait disqualifier l’utopie des Lumières. Du moins la nuancer. À la manière ambivalente de Goya intitulant l’une de ses gravures : « Le songe (ou le sommeil ?) de la raison produit des monstres ». Nul doute que ce qui tremble et vacille dans cette interrogation est furieusement d’actualité."

 

Je n'ai pas vu la pièce.

Mais si vous commandez vos billets de la part de zabouille.over-blog.com, la MC93 vous proposera un tarif préférentiel de 15€ au lieu de 25€.

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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 21:46

hollywood

Hollywood, 1939, David Selznick, producteur de cinéma, s'enferme dans un bureau, avec le réalisateur Victor Fleming et le scénariste Ben Hecht, pour réécrire, en 5 jours, le scénario tiré du best seller de Margaret Mitchell "Autant en emporte le vent".

Hollywood, la pièce bénéficie de critiques plutôt bienveillantes, voire chaleureuses et s'avère pourtant bien décevante.

 

Hollywood ne parle pas vraiment de cinéma, pas vraiment du film "Autant emporte le vent", seules quelques scènes sont évoquées sur le ton de la grosse farce.

Hollywood traite peu de politique à la veille de la seconde guerre mondiale, même si le statut bancal des juifs d'Amérique est plusieurs fois évoqué.

Hollywood n'aborde jamais réellement les affres de la création.

Bref, Hollywood parle peu de ce qui pourrait avoir un minimum d'intérêt et se complait en revanche à centrer toute son attention sur la fatigue qui gagne les protagonistes au fur et à mesure des jours qui défilent.

Tous les trois se nourrissent exclusivement de bananes et de cacahuètes - rires - le scénariste à très mal au dos et aux doigts à force de taper à la machine à écrire - rires - ils sont épuisés à en perdre les pédales  et dormir debout - rires- ils finissent par en revenir aux origines de l'homme c'est à dire singe - rires - les bananes... forcément.

 

A la paresse du scénario, à l'absence de fond, et je ne vous parle pas de la mise en scène inexistante, s'ajoute l'incroyable faiblesse du texte. Pas une réplique franchement drôle. Tout est éculé. Quite à faire dans la grosse farce on pourrait au moins avoir quelques bons mots. On finit par penser que les pièces de Baffie sont géniales.

Les acteurs, eux, s'amusent et en fond des tonnes. Surtout Thierry Frémont et Samuel Le Bihan qui sans doute moins rodés à l'exercice sur jouent pas mal. Au milieu de tout ce médiocre, Daniel Russo apparaît une fois encore comme un excellent comédien. ll dose parfaitement et est largement au-dessus du lot.

Pendant cette heure et 45 minutes, je me suis raccrochée à lui pour que tout cela paraisse moins long.

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4 mars 2012 7 04 /03 /mars /2012 17:01

sophia aram 2Sophia Aram débute la soirée par une mise en bouche chorégraphiée parfaite et par cet avertissement : "Ce spectacle est déconseillé aux personnes plaçant leur foi au dessus de leur sens de l'humour."

Excellente introduction donc, qui place de suite le public dans l'humeur qui convient.

Car "Crise de foi" parle d'un sujet des plus délicats : la religion et plus particulièrement les trois religions monothéistes. Sophia Aram passe sans cesse de l'universel au personnel, du propos fondé sur les textes sacrés aux applications libres, de l'athéisme forcené au doute, de la tendre réprimande à la condamnation ferme. Et ce, avec une science du dosage assez bien maîtrisée. Certains regretteront sans doute qu'elle ne soit pas plus trash. Mais c'est justement cette ironique retenue qui fait la qualité du spectacle.

Bien joué !

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26 février 2012 7 26 /02 /février /2012 12:24

moi_je_crois_pas_assis.jpgMoi je crois pas ! met en scène un vieux couple qui comble le vide de son existence par le visionnage de documentaires animaliers pour elle et par la mise en doute de toutes choses par lui.

Les12 saynetes dont les mises en lumière et en scène laissent supposer que l'histoire renferme un enjeu, une certaine gravité, une profondeur déçoivent. Il s'avère que le texte est convenu, sans surprise, pas très drôle, pas vraiment méchant et même pas loufoque. Le niveau de vocabulaire utilisé n'est pas très beau. Sans doute pour faire plus français moyen... le mari jure "putain" et demande "qu'est-ce qu'on bouffe" sans cesse. Ainsi, le texte ne séduit ni dans sa forme, ni dans la force de son propos.

On se demande bien ce que Catherine Hiegel et Pierre Arditi sont venus faire dans cette galère. Elément de réponse : excellents tous les deux, ils comblent de leur immense talent une partie du grand vide qui occupe la pièce de Jean-Claude Grumberg.

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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 23:28

francis-huster.jpgAutant le dire tout de suite, Bronx a un seul défaut : l'utilisation pour musique de "générique" d'un Moon River certes charmant mais affreusement guimauve. Bronx "rate" donc son entrée et sa sortie.

Oublié ce détail, la pièce est une réussite. Le décor (Stéphanie Jarre) vous plonge immédiatement dans l'univers de Cologio qui nous conte son enfance et son adolesence. Le récit écrit par Chazz Palminter est harmonieux, les personnages parfaitement dessinés en peu de mot. Le texte mélange descriptions réalistes d'un milieu et d'une époque, et dialogues drôles ou émouvants. La mise en scène (Steve Suissa) à la fois simple, vive et astucieuse, à l'accompagnement sonore judicieusement dosé et aux belles lumières, est particulièrement efficace. Mais toutes ces qualités ne seraient rien sans l' exceptionnelle interprétation de Francis Huster qui seul en scène incarne les 18 personnages. Il offre à chacun une tonalité, voix, gestuelle, parfois à peine esquisée mais suffisante pour qu'on identifie instantanément le personnage. Il nous emporte dans cette histoire avec une merveilleuse facilité. Quelle joie de retrouver ici le Francis Huster flamboyant qui s'était un peu égaré ces dernières années. Le très grand Francis Huster est de retour. Oh, joie !

 

PS : parmi les spectateurs, un présentateur des matinales de France 2, un ancien joueur de rugby et Jean-Pierre Mocky

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16 février 2012 4 16 /02 /février /2012 20:01
Take Shelter de Jeff Nichols

Curtis vit avec sa femme et sa petite fille, sourde, une vie heureuse. Pourtant, une angoisse chaque jour un peu plus oppressante l'envahit.

Michael Shannon, scrutant le ciel, seul contre tous, est particulièrement impressionnant dans sa capacité à nous faire ressentir son angoisse. Nichols parsème sans cesse le doute. Curtis perd t-il la tête ou perçoit-il ce que les autres ne voient pas ? La petite musique de David Wingo sert parfaitement le doute. Le récit (scénario de Jeff Nichols) est mené avec une efficacité rare de nos jours. La patte d'un grand cinéaste.

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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 22:25

Sophie-Mounicot-Consensuelle_theatre_fiche_spectacle_une.jpg

Sophie Mounicot présente "Consensuelle" au théâtre du Petit Gymnase.

Sophie Mounicot c'est la Clara de la série H mais elle a dû faire pas mal d'autres choses car je n'ai jamais regardé le moindre épisode de H et pourtant je connais bien son visage et son jeu.

Ce qui éclate très vite en ce début de spectacle c'est le vide. Tellement présent et de façon si curieuse que ça vous saute à l'esprit. On est séduit par la présence de la comédienne, par un ou deux bons mots mais très vite l'absence de contenu nous foudroie.

A cela s'ajoute l'impression étrange que la comédienne en a conscience, n'assume pas et s'en excuse. Cela pourrait être une posture, une astuce scénaristique sauf que cela se poursuit pendant plus d'une demi-heure soit la moitié du spectacle. C'est bien trop long.

Parallèlement, on perçoit un certain savoir-faire dans l'écriture. Les sketchs se répondent, se complètent avec parcimonie, discrètement. Le spectacle se tricote maille par maille mais de façon bien trop lente et avec trop peu de bons gags ou même de bonnes idées.

Puis, vient un sketch sur la chanson Place des grands hommes de Bruel. On s'inquiète un peu - le sujet n'est pas une première main- mais ça fonctionne. Les rires se succèdent de façon rapprochée. C'est drôle. On passe trois vitesses d'un coup. La dernière demi-heure garde le cap. Enfin, on rit ou sourit à un rythme suffisamment soutenu.

Une demi-heure réussie sur un 1h10 de spectacle, ça ne fait pas beaucoup. C'est toutefois suffisant pour ne pas oser condamner totalement ce spectacle.

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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 19:33

27446-affiches-bourgeois-120_176.jpgCatherine Hiegel met en scène François Morel dans Le bourgeois Gentilhomme de Molière au théâtre de la Porte Saint-Martin.

Ce qui surprend d’abord c'est la simplicité des décors. La scène quasiment vide est délimitée par des toiles peintes disposées en arc de cercle. On comprend très vite à la vue de la mise en    scène virevoltante, au faste des costumes et au nombre imposant de comédiens-musiciens-chanteurs-danseurs (21 au total), ce choix de la sobriété "décorative". L'orchestre de clavecin et de cordes joue la musique écrite par Lulli, tandis que Monsieur Jourdain se laisse berner par tous avec la naïveté d'un imbécile heureux. François Morel, parfait en clown ahuri, prend le parti de camper un bourgeois gentilhomme plus enfantin que méchant. Il est irrésistible de drôlerie et parfaitement entouré par Alain Pralon, en maître de philosophie, Marie-Armelle Deguy en Madame Jourdain, Emmanuelle Noblet en Dorante et Héloise Wagner en "belle marquise vos beaux yeux me font mourir d'amour". Le reste de la troupe, sans atteindre une telle qualité de jeu, remplie parfaitebourgeois_gentilhomme-2.jpgment son rôle. Ils nous offrent à voir, à entendre et à rire, pendant 2h15, une histoire qui résonne encore aujourd'hui. Quant à la scène du sacre de grand Mamamouchi, elle offre une belle surprise et se termine en apothéose avec un Monsieur Jourdain en lévitation.

Un classique mené tambour battant qui demeure intelligent, drôle et intemporel.

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28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 16:50

Marcel-Storr.jpgLe Pavillon Carré Baudouin accueille l'oeuvre intégrale de Marcel Storr, une soixantaine de dessins réalisés entre 1930 et 1975 et précieusement conservés par Liliane et Bertrand Kempf.

 

Marcel Storr était cantonnier pour la ville de Paris MS6.jpgau Bois de Boulogne. Tout au long de son existence, qui avait débutée de façon la plus rude et qui semble n'avoir jamais était tendre avec lui, il s'est bâti un univers, une autre dimension où les bâtiments sont immenses et où l'humain n'est que fourmi. Le tout dans des couleurs d'automne, orange, marron et rouge.

 

Tout d'abord des églises et cathédrales de plus en plus grandes et étranges qui étaient sans doute les bâtiments les plus imposants qu’il avait pu rencontrer dans sa vie réelle. Puis, les tours de la Défense se mettent à pousser derrière les arbres du Bois de Boulogne.

 

P1030161Une nouvelle « race » de bâtiments gigantes ques se présente à lui et ouvre son imaginaire. Marcel Storr dessine alors d’inquiétantes mégapoles dans lesquelles la nature qu’il cotoit au quotidien prend de plus en plus de place. Ses dessins semblent une jungle de végetation et de batiments pointant vers le ciel, où l’humain demeure minuscule.

Tous les dessins sont d'une grande précision, tant qu'on pourrait les observer pendant des heures pour y percevoir chaque aspect, chaque détail. Devant les architectures étranges, on pense souvent à Gaudi et son incroyable Sagrada Familia.

Marcel Storr et son étrange univers se découvrent au Pavillon Carré Baudouin jusqu'au 31 mars 2012.


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27 janvier 2012 5 27 /01 /janvier /2012 23:16

j_edgar.jpgJ.Edgar reste un mystère : quel en est le sujet et qu'à bien pu vouloir dire Eastwood ?

Il semblerait que ce soit le Hoover privé qui intéresse Eastwood. Problème : Hoover ne vivait que pour le FBI et le pouvoir qu'il en tirait. Sa vie privée frolait le néant et son entourage "intime" se résumait à sa mère (castratrice apparement), sa secrétaire dévouée et son fidèle bras droit amoureux transit et platonique semble t-il. Car oui Hoover avait des penchants homosexuels refoulés, tellement qu' Eatswood n'en dit pas grand chose tout en y accordant la plus grande part de son film... Du coup, il n'a quasiment rien à raconter, de fait il ne se passe rien et on s'ennuie ferme. Cerise sur le gâteau, l'Histoire qu'a traversée et fait Hoover n'est qu'effleurée et perdue dans un aller-retour incessant, et quasi sans repère historique, entre passé et présent. Le présent étant celui du grand âge pour Hoover incarné par un Di Caprio, il est vrai, plutôt bon sous son maquillage.


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