SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
Anna vit avec son mari, ses deux fils et Simon 6 ans, un enfant placé depuis l'âge de 18 mois. Jusqu'au jour où le père de Simon demande à récupérer la garde de son fils.
La grande force du film est le réalisme des séquences qui mettent en scène la famille heureuse et les enfants, leur fraîcheur et leur naturel.
La réalisation à hauteur d'enfants, qui se décadre, la qualité du travail sur le son, incluant les silences et l'accompagnement musical, nous entraînent au coeur de cette famille et de ce débordement d'amour.
Du plus petit (le craquant et émouvant Gabriel Pavie) à la décidément très grande Mélanie Thierry, en passant par Lyes Salem et Félix Moati, les interprètes sont tous excellents.
Le scénario et les dialogues dessinent petit à petit les déchirements multiples engendrés par la situation, ceux d'une mère d'accueil trop aimante, ceux d'un père qui se débrouille comme il peut pour reprendre sa place et ceux d'un enfant écartelé entre deux amours.
Le réalisateur au style très marqué (Roméo+Juliette, Moulin Rouge et Gatsby le magnifique...) propose un biopic d'Elvis Presley qui conte la vie du chanteur de sa naissance à son décès à 42 ans.
C'est par la voix du Colonel Parker, imprésario d'Elvis qui escroqua la star et dont le réalisateur laisse à penser qu'il a poussé Elvis dans la tombe, que Luhrmann fait le récit de ce destin exceptionnel.
Elvis, porte drapeau du Rock'n Roll, artiste solo ayant vendu le plus de disques au monde, est interprété par Austin Butler impressionnant d'incarnation dans un rôle très physique. Tom Hanks, comédien dont le talent n'est plus à prouver, croule un peu sous le maquillage. La réalisation de Luhrmann qui change de plan toutes les 2 secondes ne laisse pas beaucoup d'espace à l'expression de son jeu.
Si on passe outre la réalisation épileptique, le film fait le job. On en sort rincé à l'image d'Elvis que les shows à répétition ont usé prématurément.
Sganarelle, riche et âgé, va convoler ce soir avec Dorimene, jeune, belle et désargentée. Soudainement, Sganarelle s'inquiète, ne risque t-il pas d'être cocufie ? Il prend conseil auprès de son serviteur, de philosophes et de diseuses de bonne aventure.
Cette comédie en 1 acte de Molière prend un malin plaisir à piéger l'homme vieillissant dominant par sa richesse la jeunesse et la beauté du sexe "faible". Sauf qu'ici la jeune fille à l'esprit plus retord que le vieux bourgeois.
Louis Arene place la pièce dans un théâtre de treteaux. Les comédiens portent des masques outrés et des prothèses de corps apparentes. Le rythme est à la farce. Le décor de planches s'escamote en portes, fenêtres ou trappes diverses pour laisser entrer et sortir les protagonistes.
A l'exception de Sganarelle qui reste enfermé dans cette boîte au plancher penché qu'il faut descendre et remonter, et dont le vieil homme fait le tour sans cesse pour mieux réfléchir, se faire entendre ou échapper à ces tortionnaires.
Ces interlocuteurs se succèdent devenant de plus en plus inquiétants. L'accompagnement sonore, qui dès les 3 coups du brigadier annonçait la couleur, ajoute à l'oppression grandissante, le piège se refermant progressivement sur le vieil imbécile.
Louis Arene.s'empare du texte percutant de Molière et le saupoudre de citations d'autres pièces de Jean-Baptiste et de références modernes, le rendant plus désopilant encore et d'une terrible actualité.
Julie Sicard, dans le rôle de Sganarelle, est hilarante. Sa petite taille sert particulièrement bien le personnage. Sa manière de se déplacer à petits pas rapides, la position de son corps dégingandé, ses mouvements de tête, ses intonations... tout relève du génie comique. Benjamin Lavernhe, en Pancrace, est impayable. Il nous offre avec Julie Sicard un très grand moment comique, le contraste avec le corps longiligne et figé de l'un et celui petit et sans tenu de l'autre est particulièrement efficace. Christian Hecq est parfaitement effrayant en Dorimene. Gaël Kamilindi et Sylvie Bergé complètent la distribution de ce Mariage Forcé complètement fou. Fou parce Louis Arene l'a voulu à la fois drôle et très violent. La pièce est déconseillée au moins de 15 ans.
Rose, 78 ans, vient de perdre son mari. Accablée par la perte, elle tombe en dépression jusqu'au jour où sa fille la traîne à un dîner.
La plus grande qualité du film réside dans le plaisir procuré par la présence de Françoise Fabian belle, élégante, irradiante.
La plus grande faiblesse du film se situe au niveau du scénario qui ne sait choisir entre le portrait d'une femme et le portrait d'une communauté, qui à force de vouloir traiter équitablement tous ses personnages n'en traite vraiment aucun et affiche pas mal de longueurs.
Pourtant, est-ce grâce à ses excellents comédiens ; Grégory Montel, Aura Atika et Pascal Elbe accompagnent Françoise Fabian ; plusieurs scènes cocasses ou émouvantes marquent.
Pour le 400ieme anniversaire de Moliere, Éric Ruff a demandé à trois de ses comédiens de créer un seul en scène, Danièle Lebrun, Pierre-Louis Calixte et Anne Kessler qui clôt la saison.
La comédienne a choisi de rendre hommage aux personnages féminins et à la belle place que le maître a donné aux femmes. Dans Ex- traits de femmes, Anne Kessler interprète successivement, 8 héroïnes, Louison, Agnès, Armande, Celimene, Elvire... comme s´il ne s´agissait que d´une seule et même personne à différents âges de la vie.
Enfants naïves, jeunes femmes soumises ou indociles, femmes d´expérience, manipulatrices... elle joue à la fois ces femmes et les hommes à qui elles se confrontent. Le talent de la comédienne est grand qui d´une intonation, d´un changement de rythme ou de posture nous guide dans la perception des différents personnages. Les textes s´enchaînent naturellement comme s´ils ne faisaient qu´un.
La mise en scène est espiègle et ingénieuse dans un écrin de planches blanches au plancher incliné (le décor du Mariage forcé qui se joue en alternance) la comédienne use de peu d´accessoire qu´elle détourne tous pour leur donner plusieurs utilités.
Elle fait également intervenir son grand talent de dessinatrice. Ses dessins, pour la plupart en noir et blanc, sont projetés et animés en fond de scène. Ils sont simples, très beaux et composent une pièce maîtresse de cette mise en scène remarquable.
Dans ce spectacle qu´elle a conçu, dont elle a créé les animations graphiques et qu´elle interprète avec la précision, la passion et l´espieglerie qui la caractérisent, Anne Kessler nous emporte et impressionne toujours plus.