SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
Ahmed Sylla est un excellent comédien et un humoriste plutôt créatif. La première 1/2 heure d´Origami est consacrée aux calamités des 5 ans qui se sont écoulés depuis son dernier spectacle. Le Covid, les puces de lit, le décès d´Elisabeth II, l'apparition de l´expression Quoicoubeh... cela en un quinquennat soit 1 Macron. Macron sur lequel Ahmed Sylla se penche aussi.
C´est drôle, plutôt bien vu et surtout très bien joué. Ce sont d´ailleurs les qualités de comédien de Sylla, sa capacité à déformer les traits de son visage, à modifier sa voix qui séduisent d´emblèe. Et ce sont elles qui rattrapent les quelques moments où l´humour cède la place au 1er degrés. Car dans sa deuxième partie, Ahmed Sylla se dévoile sur des sujets plus graves - racisme, islamophobie, masculinité et féminité, feminicide... Le comédien affiche une bienveillance évidente et exprime son droit à l´empathie. Cela n' élimine pas les moments hilarants dont le récit du film Titanic, par un Ch´ti, un homme, un vrai, et l'éloge des papouilles par une copine qui multiplie les digressions. Ahmed Sylla est aussi très bon sur ses interactions avec le public.
Seul regret, le choix de très grandes salles pour un spectacle qui sur le fond et la forme mériterait plus d'intimité.
A Brooklyn, Anora, danseuse - prostituée épouse un jeune client. Ivan, jeune adulte immature, est le fils d'un oligarque russe.
Sean Baker poursuit son étude d'une Amérique déclassée aux prises avec le capitalisme. La première partie du film est dédiée à la rencontre du couple. Sexe, drogue, jeunesse dorée et hyper luxe sont au programme. Les couleurs vives et la musique envahissent l'écran.
Dans la deuxième partie, le réalisateur nous emporte dans une autre ambiance. Les hommes de main de l'oligarque interviennent. On bascule dans un film de mafieux façon pieds nickelés. C'est très drôle.
A Londres, Douglas Bellows est présentateur vedette à la télévision quand un tweet l'accuse d'avoir fait une blague sexiste lors d'un mariage. Madeline, sa co-présentatrice, retweete à ses 2 millions de followers avec un commentaire de soutien ou pas... L'affaire s'emballe.
On retrouve avec plaisir Hugh Bonneville (Downton Abbey) et Alex Kingston (Urgences). Ils sont accompagnés par Keran Gillan, excellente dans un rôle complexe, et Ben Miles, parfait en sale type.
La série débute gentiment, mêlant cynisme et humour, s'amusant des "boomers" qui peinent à dépasser leurs préjugés sexistes et raciaux et à comprendre le fonctionnement des réseaux sociaux. Elle en fait autant avec les "wokes" et leurs excès, et tire à boulets rouges sur la presse tabloïd.
Le ton change au fur et à mesure de la montée en tension. Le 3e épisode est le plus glaçant nous enfermant dans une chambre d'hôtel avec un disciple d'Harvey Weinstein. Le 4e épisode dévoile dans un face a face tendu et retord les clés de l'affaire et un message politique fort sur l'attitude et la lâcheté des hommes à l'égard des femmes.
Années 80, dans le nord de la France, Jacqueline et Clotaire s'aiment. Lui est une petite frappe, elle une lycéenne choyée par son père.
Le film débute dans une ambiance La Boum qui se serait déplacée des quartiers huppés parisiens et ses ados sans histoire aux quartiers plus populaires du nord et ses délinquants. Y'a le rock en plus et, au fil du récit de plus en plus de violence. La Boum se transforme en film de mafieux. Ainsi Lellouche confronte la pureté d'un premier amour au banditisme et sa violence.
La photographie très colorée, les plans très travaillés et une bande son très présente évoquent une série de vidéos clips. Le film regorge d'idées formelles. Cela séduit autant que cela perturbe. Le récit, d'une durée de 2h40, se regarde sans réel ennui. Le film frôle la naïveté sans jamais totalement y tomber. Les scènes bien troussées et celles plus convenues, se succèdent mais ce sont les premières qu'on retient.
Dans ce film où l'amour, célébré dans le titre, s'exprime sous toutes ses formes, Lellouche affiche aussi celui qu'il porte aux comédiens. Tous sont d'une grande justesse, à commencer par les jeunes Malik Frikah et Mallory Vanecque, révélations du film. Karim Leklou, Benoît Poelvoorde, Élodie Bouchez, Alain Chabat, Raphaël Quenard, Jean-Pascal Zadi, Anthony Bajon, Vincent Lacoste, François Civil et Adèle Exarchopoulos sont tous parfaits.