SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

30 juin 2024 7 30 /06 /juin /2024 14:25

En 1815, en France, Edmond Dantes, 22 ans, victime d'un complot, est arrêté le jour de son mariage avec Mercedes et emprisonné dans les cachots du château d'If. 

Le roman-feuilleton d'Alexandre Dumas (écrit avec la collaboration d'Auguste Maquet) a déjà été de nombreuses fois adapté à la télévision et au cinéma avec plus ou moins de bonheur. Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patelliere s'attaquent à leur tour à ce pavé de 1500 pages, aventure aux multiples rebondissements et au héros iconique.

Et c'est contre toute attente une réussite. Tout d'abord dans l'écriture du scénario. Le récit, qui dure pourtant près de 3 heures, est d'une grande fluidité, d'une grande maîtrise, déroulant l'histoire en allant à l'essentiel des événements sans précipitation ou perte de sens, présentant les personnages sans en négliger, exposant malgré tout la diversité des sentiments. La première heure est en cela exemplaire. Du bonheur absolu  à l'arrachement, de l'effondrement à la soif de vengeance, le spectateur est emporté dans la descente aux enfers de Dantès et est prêt pour la suite que le Comte de Monte-Cristo décrit ainsi "Ce n'est pas de la vengeance, c'est de la justice"

Décors en majesté, élégance des costumes, beauté des images, précision de la réalisation qui en amples mouvements de caméra comme au plus près des visages donne à voir les émotions, les tensions, les actes de bravoure et donne du rythme quand il le faut. Casting royal avec Pierre Niney très grand en Comte de Monte-Cristo, entouré de la toujours excellente Anaïs Demoustier, des non moins très bons Bastien Bouillon, Laurent Lafitte, Patrick Mille, Anamaria Vartolomei, Vassili Schneider et Julien de Saint-Jean. Dans des seconds rôles, plaisir de retrouver Stéphane Varupenne, Bruno Raffaelli, Pierfrancesco Favino et Julie Bona. Seul bémol à cette pièce de maître, la présence quasi incessante de la musique. Comme trop souvent dans ce genre de cinéma, les réalisateurs semblent manquer de confiance en leurs comédiens ou même en leurs images pour faire passer l'émotion voulue.

Cela ne parvient toutefois pas à gâcher ce grand  spectacle de divertissement populaire, intelligent et de qualité comme Dumas semblait lui même les apprécier.

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28 juin 2024 5 28 /06 /juin /2024 21:57

Jeanne et Arthur se rencontrent en discothèque, tombent amoureux, vivent heureux ensemble jusqu'au jour où Arthur  ne sait plus ce qu'il est censé acheter chez l'épicier.

Adaptation par Marie-Julie Baup et Thierry Lopez (qui ont interprété la pièce à sa création) du livre In others words de Matthew Seager, Oublie-moi doit beaucoup à la qualité de ses interprètes. Mathilde Roehrich et Kevin Garnichat (ce soir, car il y a alternance) sont absolument charmants.

Oublie-moi doit aussi beaucoup à sa scénographie, son décor sucré, sa mise en musique et en scène qui dynamisent agréablement et de façon acidulée le récit.

Les auteurs ont, malheureusement, choisi un récit chronologique et descriptif. Le sujet étant rapidement exposé, son issue assez évidente, la répétition des scènes lasse vite. Il aurait fallu une écriture plus riche ou une composition du récit plus surprenante. Oublie-moi manque ainsi de puissance et de surprise dans sa dramaturgie et finit par ennuyer un peu.

Sur un sujet similaire, on se souvient de la pièce "Le père" de Florian Zeller qui etait bien plus percutante.

Oublie-moi a reçu les Molière 2023 du meilleur spectacle privé, de la mise en scène, du comédien (Thierry Lopez) et de la comédienne (Marie-Julie Baup).

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25 juin 2024 2 25 /06 /juin /2024 20:53

En 1921, 3 ans après une guerre qui a décimé les hommes et les villes, la France se reconstruit. Pierre de Coubertin, père des Jeux Olympiques modernes, va se battre pour que les JO aient lieux à Paris, soutenu par le président Doumerg qui espère ainsi insuffler au pays de l'optimisme et lui redonner un peu de son prestige 

600 000 billets vendus, 3 088 sportifs représentant 44 nations (sans l' Union Soviétique déjà) dont 135 femmes vont s'affronter, entre autres, au stade de Colombes (qui accueillera le hockey sur gazon en 2024), à la piscine des Tourelles, construites pour l'occasion.

Ce documentaire, remarquable aussi parce qu'il est uniquement constitué d'images et de documents d'époque, raconte ces jeux de leur préparation jusqu'aux évènements majeurs des épreuves sportives. Problèmes de transports (contournés par certains grâce à l'utilisation d'une trotinette !), crise du logement, augmentation des tarifs, mise en relation des.visiteurs et des parisiens souhaitant louer une chambre, dépassements de budgets, prix excessif des places, produits estampillés JO, dopage... les similitudes avec les JO 2024 et le sport actuel sont étonnantes.

Apparition et suppression de certaines disciplines, célébrités sportives de l'époque, rôle du sport dans la libération des corps, racisme colonial, place des femmes,dans le sport et la société... le documentaire, tout en contant ces Jeux, trace un portrait de la France et du Paris des années 20.

A voir en replay sur Public Sénat 

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14 juin 2024 5 14 /06 /juin /2024 20:59

David Teboul réunit quatre rescapées d'Auschwitz-Birkenau, Ginette Kolinka, Isabelle Choko, Judith Élan et Esther Sénat, toutes les quatre nonagenaires. Elles témoignent de leur histoire, seules auprès du réalisateur et ensemble autour de deux repas, dans des échanges animés par des incompréhensions cocasses et des divergences de perception dûes à leurs trous de mémoire, leurs différences sociales, culturelles, d'origines.

Ces différences de point de vue. qui auraient pu brouiller le récit, au contraire l'enrichissent, rappellant que l'holocauste n'a pas broyé une communauté mais une multitude d'individualités.

Le réalisateur inclut également dans son documentaire le témoignage préservé par la USC Shoah Foundation de Marie Chafir, amie de déportation d'Esther Sénat.

A voir en replay sur France.tv

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7 juin 2024 5 07 /06 /juin /2024 20:38

Alexandre Léger, grand œnologue et créateur du célèbre et redouté guide Léger, vient de mourir chez lui à Tokyo. Son testament met en compétition sa fille Camille qui ne l'a pas revu depuis 20 ans et Tomine Issei, son fils spirituel. Ils s'affronteront dans trois épreuves. Celui qui gagnera héritera de l'empire Léger.

La série, adaptée du manga, affiche un certain standing par la qualité de sa réalisation, par la beauté de ses décors et son travail sur le son qui laisse notamment place au silence et aux bruits spécifiques à la discipline viticole. Les comédiens sont très bien dont Fleur Geffrier parfaite.

Les deux premiers épisodes séduisent et surprennent d'emblée par la plongée précise et documentée dans le monde du vin qu'ils proposent. Les épisodes suivants cèdent trop de place à un récit d'un romanesque facile, frôlant le soap opéra. Abstraction faite de cette tendance, la série demeure une belle proposition.

Nous vous conseillons de visionner la série en version originale (français, anglais, japonais), l'interprétation y est plus fine.

A voir en replay sur France.tv

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