SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
Judith, journaliste, cherche à interviewer Salvador Dali. Mais le maître, résiste.
Quentin Dupieux confie le rôle de Dali à cinq comédiens - Jonathan Cohen (excellent), Édouard Baer (brillant), Pio Marmai, Gilles Lelouch et Didier Flamand - qui se succèdent ou s'intercalent parfois dans les mêmes scènes. Cette valse des comédiens fonctionne étonnamment bien et participe à exposer la personnalité multiple et complexe du facétieux peintre. Autour du simple postulat de départ de la quête de Judith (Anaïs Demoustier, parfaite), Dupieux multiplie les références à l'univers surréaliste de Dali et à sa personnalité fantasque, et profite de 2 ou 3 scènes assez réjouissantes pour dénoncer le machisme dans l'art et le "fric fou claqué" dans le cinéma.
C'est ingénieux, esthétiquement référencé et souvent très drôle.
Romain Duris, Agnès Hurstel, Marie Bunel, Eric Hegger, Catherine Schaub-Abkarian... complètent l'excellent casting.
Isabelle qui rêve de danser accepte le pacte du Directeur de l'opéra et des souliers rouges : devenir danseuse étoile mais renoncer à l'amour.
Marc Lavoine, aux textes, et Fabrice Aboulker, à la musique, se sont associés pour adapter librement en comédie musicale le film de Ernest Pressburger et Michael Powell. Ils ont pris le pari difficile de conter cette histoire uniquement en chansons sans place aucune pour des dialogues. Exercice ardu pas tout à fait réussi, les textes tout à leur fonction de conteur s'avèrent manquer de charme tout en n'offrant qu'un récit assez obscure des tenants et aboutissants de l'intrigue.
La scénographie présente une scène nue entourée de drapés sur lesquels sont projetées des vidéos, à l'esthétique discutable, sans ligne artistique claire. Les huit danseurs dont les costumes nous renvoient aux comédies musicales du début du siècle, déploient leur talent dans des chorégraphies brouillonnes, peu signifiantes, mêlant difficilement danse contemporaine et classique. La danse est d'ailleurs curieusement peu présente.
Les trois rôles sont tenus par Guilhem Valleye dont la voix semble manquer de puissance pour le rôle du maître de L'opéra, l'ogre de l'histoire, Benjamin Siksou au charme toujours opérant et Céleste Hauser, la jolie voix du spectacle, qui bénéficie de la belle idée consistant à mettre en avant son souffle et ses essoufflements.
Les compositions de Fabrice Aboulker offrent des mélodies agréables, aux rythmes et aux tonalités variées, soutenues par des orchestrations soignées.
Au final, malgré ses nombreuses faiblesses, la comédie musicale se regarde et s'écoute sans réel ennui.
Alors que Paul est en rendez-vous avec son ami Pierre, So, qu'ils ne connaissent pas, les interrompt : Paul a rendez-vous avec So et avec Matt. Un grand destin l'attend...
Difficile de pitcher cette pièce tant elle est riche sur le fond et la forme, à la fois intrigante, drôle et d'une grande causticité sur la vie en société et la vacuité dans la réflexion des dirigeants, quelque soit ce qu'ils dirigent.
Bavarde, jouant avec le sens des mots et des expressions à tiroirs, les non-sens et l'absurde des situations et des attitudes, les malentendus et les divergences de perceptions, les discours qui tournent en rond, la pièce est particulièrement exigeante avec ses comédiens. Perfection dans la restitution du texte, précision dans les tonalités, Louis Albertosi, Pauline Belle, Rodolphe Congé, Pierre-Felix Gravière, Dominique Valadié et Claire Wauthion y sont excellents.
La mise en scène d'Alain Francon, suffisamment simple pour ne pas ajouter de la complexité au propos, est particulièrement efficace. En fond de scène, un écran semblant être le ciel. Sous un éclairage puissant et vertical, les comédiens assis sur quatre bancs disposés en cirque, de dos quand ils n'interviennent pas, entrent dans le jeu comme ils entreraient en piste.
Une réussite à tous points de vue à ne pas manquer jusqu'au 11 février à La Scala.
En trois situations et trois victimes, la série Nudes dessine les mécanismes, la violence et les conséquences du cyber harcèlement par la publication de photos et vidéos intimes. Trois réalisatrices, Andréa Bescond (Les Chatouilles), Sylvie Verheyde (Stella), Lucie Borletteau (Un beau soleil intérieur) se sont emparés de ces histoires apportant leur style propre. Si la série est d'une grande efficacité didactique, les trois récits sont de qualité et de portée assez inégales.
Victor, réalisée par Andréa Bescond, qui aborde le sujet par le prisme du posteur de vidéo, est sans doute formellement et sur le fond la plus efficace. Et curieusement celle qui expose le mieux la gravité du geste et la violence subit par la victime.
10 épisodes de 26 minutes à voir sur Amazon Prime.
La régie publicitaire de la RATP a encore censuré une affiche promouvant un évènement artistique. Après, entre autres, la publicité du spectacle de Stéphane Guillon, interdite sur le réseau en 2012, la pipe de Tati remplacée par un moulin à vent sur l'affiche annonçant l'exposition à la Cinémathèque en 2009, la cigarette supprimée de l'affiche du film Coco Chanel ou de Gainsbourg, vie héroïque en 2010,...., Médiatransports refuse l'affiche (ci-contre) du nouveau spectacle de Wally Dia, le très politique stand-upeur.
Sur son cou tatoué, on peut notamment lire " Macron est comme un père alcoolique, à la maison il te pourrit la vie, dehors il te fout la honte", sur sa pommette "Je suis comme l'IGPN, je ne suis pas là pour faire le procès des policiers". Des propos qui présentent, selon la régie publicitaire "un caractère politique incompatible avec le devoir de neutralité qui s’impose dans les transports publics et pourrait être considérée comme diffamatoire ou injurieuse".
JCDecaux Affichage avait également demandé à Patrick Timsit de modifier le visuel de son spectacle On ne peut pas rire de tout en 2015.
Le Théâtre de l'œuvre accueillera, du 1er février au 27 avril 2024, Waly Dia dans Une heure à tuer.