SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
Marc Becker présente les rushs de son dernier film à ses producteurs/distributeurs qui déçus décident de confier la reprise du film à quelqu'un d'autre. Marc fuit avec son film et son équipe.
Marc, clone de Michel Gondry, est fantasque, angoissé, hyperactif et bipolaire. Gondry dresse ici le portrait, d'un créateur et de sa solitude face à son oeuvre, de sa tyrannie à l'égard de son équipe. Et celui d'un bipolaire, en pleine phase maniaque, assailli par une multitude d'idées qu'il juge forcément géniales.
Pierre Niney est parfait dans le rôle du réalisateur débordé par lui même et insupportable pour les autres. Il est entouré des excellents Blanche Gardin, Frankie Wallach, Camille Rutherford et la remarquable Françoise Lebrun.
Le film, autoportrait du réalisateur sur le tournage de L´écume des jours, est aussi une représentation des affres de la création et un hommage à l'entourage, souffre douleurs, des artistes. C'est imaginatif, vif et très, très drôle. Une bouffée d'air frais.
Concu par Benjamin Lazar, Florent Hubert et Judith Chemla, ce spectacle enchanteur, mêle l’opéra de Verdi et le roman de Dumas, le chant et le théâtre, l´italien et le français, lyrisme et modernité. Le livret de Verdi, qui n´est pas repris dans sa totalité, est adapté par Florent Hubert et Paul Escobar, pour un orchestre de chambre (accordéon, contrebasse, violon, violoncelle, clarinette, piano, cor et flute). Cette ré orchestration allége et modernise l'oeuvre, plaçant la beauté des mélodies au premier plan.
Le texte de Dumas dans ces passages les plus forts est dit ou projeté sur les murs brûlés du théâtre. La mise en scène fiévreuse expose la décadence de la bourgeoisie parisienne du 19e et de ses filles de joie, l´insouciance où l´argent, le jeu et la luxure sont rois. Le spectacle s´ouvre ainsi par une surprenante et très belle scène de fête, plongée sous un voilage, sous lequel Violetta/Marguerite/Marie semble déjà étouffer au sens propre comme au figuré. Pourtant, la folie joyeuse des protagonistes qui jouent de la musique, chantent, parlent de désir et d´argent est très drôle. Cet humour, franc ou désespéré, ne quittera jamais vraiment la scène accompagnant le lyrisme romantique et la tragédie. Cette cohabitation d'émotions contradictoires bouleverse le spectateur. Les comédiens, tous chanteurs et musiciens ; l'orchestre de chambre c'est eux ; jouent et chantent merveilleusement bien, passant d'une phrase parlée à une phrase chantée avec un naturel confondant. A la tête de cette merveilleuse troupe, Judith Chemla est parfaite, à la fois frêle et forte de son pouvoir de séduction. La puissance de sa présence singulière et de sa voix de soprano impressionnent. A ses côtés Damien Bigourdan émeut, campant un amoureux transi, à l'italienne, gestuelle ample et conquérante comprise. Le reste de la troupe (Florent Baffi, Jérôme Billy, Renaud Charles, Élise Chauvin, Axelle Ciofolo de Peretti, Myrtille Hetzel, Bruno Le Bris, Gabriel Levasseur, Sébastien Llado, Benjamin Locher et Marie Salvat) est au diapason.
Un très beau spectacle à ne pas manquer jusqu'au 3 octobre 2023.
Ce spectacle créé en 2016 est aussi disponible en DVD.
Il aura fallu attendre 20 ans pour voir, en France, une nouvelle grande et belle exposition consacrée à Nicolas de Staël. Après le Centre Pompidou en 2003, c'est le Musée d'Art Moderne de Paris qui accueille une rétrospective de l'oeuvre du Prince de la peinture de l'après-guerre.
Près de 200 oeuvres, dont une cinquantaine jamais exposées en France, issues de collections privées et de musées sont exposées de façon chronologique, présentant l'évolution de l'œuvre, inspirée au peintre par ses voyages (Paris, La Sicile, La Provence, Antibes), sa vie amoureuse et sa soif de remettre sans cesse son art en question. Son style, tout à la fois abstrait et figuratif, joue avec la lumière, manipule les couleurs des plus sombres aux plus éclatantes, et simplifiant les formes, multiplie les recherches graphiques. Formats minuscules et gigantesques se côtoient, chacun écrin de choix, ici une miniature paysage de mer, là un match de foot grandeur nature. 12 années d'une oeuvre prolifique et magnifique dans une vie prématurément interrompue à l'âge de 41 ans.
Anaïs, thésarde, jeune, belle et libre, vit à 100 à l'heure. Elle délaisse Raoul son amoureux, puis rencontre Daniel un homme plus âgé, marié à Émilie, écrivaine.
Anaïs Demoustier porte le film, virevoltant de scène en scène entre euphorie et gravité. Le film trace le beau portrait d'une jeune femme éprise d'absolue portée par son désir. A ses côtés, deux sociétaires de la Comédie Française l'incontournable Denis Podalydes et le torride Christophe Montenez, et Anna Canova et Bruno Todeschini, tous les quatre parfaits. Valeria Bruni-Tedeschi marque une fois encore, troublante et troublée, fiévreuse et raisonnable,
Sur l'île de la Réunion, François Sentinelle est flic et pseudo-chanteur.
Pour incarner ce personnage de capitaine de police dilettante, Jonathan Cohen fait du Jonathan Cohen. Le film est donc à réserver aux fans du comédien. Même s'il reste excellent, Jonathan Cohen prend le risque de lasser d'autant que le film repose essentiellement sur lui. Les gags basés sur les bourdes du capitaine et de son équipe de décérébrés se succèdent et s'avèrent souvent drôles, lassant un peu sur la durée. Ils dominent dans un scénario qui semble pourtant vouloir installer une intrigue policière crédible. Les deux personnes réfléchies du film, interprétées par Raphaël Quenard et Emmanuelle Bercot, très bien tous les deux, interviennent comme une respiration dans le too much. Mais le scénario ne trouve jamais son équilibre.
Sans être totalement raté, le film ne convainc pas vraiment.