SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
Le musée Maillol accueille une grande exposition des oeuvres de Robert Doisneau. Organisée par le faiseur d'événements Tempora et les deux filles de Robert Doisneau, Instants donnés présente 400 photographies, réalisées entre les années 1930 et 1980 et sélectionnées parmi les 450 000 clichés répertoriés.
Classés par thématiques, Enfance, Ateliers. d'artistes, Ecrivains, Banlieues, Gravitès, Bistrots... , clichés connus et moins connus retracent la diversité du travail de Doisneau. Engagé comme photographe chez Renault, freelance pour l'agence Rapho, puis photographe exclusif pour Vogue, le photographe fait le grand écart entre son travail personnel au réalisme poétique et les reportages de mode et les publicités.
Si les photos des enfants de Paris, avec leur intitulés souvent drôles, qui ouvrent l'exposition séduisent d'avance, la suite offre de belles (re) découvertes : les photos des mineurs de Lens, celles des mains de la sidérurgie, celles du montage des statues de Maillol dans le Jardin des Tuileries, celles des artistes, ses photos montages...
Une très belle et généreuse exposition à voir jusqu'au 10 octobre.
Le documentariste suit Alain Pons, maire de Teuillac (Gironde) de 1979 à 2001. En 1987, alors que le village fête le centenaire de l'école, il découvre les cahiers de Rachel Taytel, élève de l'école jusqu'au 11 janvier 1944.
L'ancien maire, bouleversé d'apprendre que l'oppression des juifs a touché son village, cherche à reconstituer la vie de la jeune Rachel. Dans sa quête, il retrouve des photographies et des lettres, et interroge les habitants qui ont pu la côtoyer.
Entre vagues souvenirs d'enfants et amnésie collective, les témoignages oraux sur cette enfant et sa famille sont plus que succincts. Demeurent les archives administratives, le témoignage de Ginette Kolinka qui a été emmenée au camps de Drancy comme David, Myrla et Rachel Taytel, l'éclairage de Boris Cyrulnik sur l'amnésie comme moyen de défense et une école communale qui désormais porte le nom de Rachel Taytel.
Le 13 novembre 2015, en Tunisie, près du village de Slatnya, Mabrouk Soltani, 16 ans, est décapité par des Djihadistes alors qu'il fait paître son troupeau dans la montagne. Son cousin qui l'accompagne est laissé en vie pour apporter la tête du supplicié à sa mère et témoigner de la punition.
10 ans plus tard, Lofti Achour renomme les deux enfants Nizar et Achraf et reconstitue les évènements. La complicité des cousins, la dureté de la vie au milieu d'un désert de cailloux, la beauté et l'indépendance de la cousine convoitée, le meurtre, la peur des représailles, le deuil impossible, la recherche du corps, l'indifférence des autorités, le traumatisme d'un enfant... Achour retrace cette histoire et ses conséquences immédiates à travers le regard traumatisé d'Achraf. C'est par lui qu'Achour fait le portrait d'une jeunesse sacrifiée, assassinée ou témoin de la barbarie. Ainsi quand dans un rêve Achraf revoit Nizar et lui demande s'il a souffert, Nizar lui répond "moins que toi".
Si le film est très fort par l'histoire dont il est tiré, il l'est également par la forme de son récit qui contre-balance la violence du propos par une vision onirique des relations entre les enfants et de leur rapport à la mort. Enfin, l'esthétique du film sert parfaitement le message. La photographie est magnifique, autant dans les quelques scènes d'intérieur que dans celles en montagne ou sur le sol aride qui entoure le village. La beauté et l'excellence des comédiens, dont les jeunes Ali Helali, Yassine Samouni et Wided Dabebi, est aussi remarquable.
Elsa Granat s´approprie la pièce de Tchekhov, la triture, y ajoute des citations de Racine, de Shakespeare et des textes contemporains, recentre le propos sur Arkadina, créé deux nouveaux personnages et une vaste séquence d'ouverture et une scène de clôture.
Il est peu de dire que cette version de La Mouette ne séduit pas. Esthétiquement, le moche domine. Les décors sont hideux tout comme les costumes. La mise en scène est brouillonne. La bande son, pas toujours heureuse et très présente, écrase régulièrement la voix des comédiens. Comédiens qui anonnent ou hurlent jouant le désespoir et l'hystérie. Les scènes chorales, que maîtrisent particulièrement les comédiens du Français habituellement, fonctionnent mal. Tout est d'une extrême lourdeur.
L'ensemble rend le texte inaudible dans tous les sens du terme. La réflexion sur la création, l'évolution de la Russie à travers sa jeunesse et la mélancolie amer Tchekhovienne disparaîssent totalement.
La Cinémathèque présente la première exposition consacrée au réalisateur américain Wes Anderson, constituée avec l'aide de celui-ci et d' éléments de sa collection privée.
Elle invite à parcourir chronologiquement l'oeuvre du cinéaste, de son premier long métrage, Bottle Rocket (1996) au dernier en date, Asteroid City (2024). Cela à travers des extraits de chacun de ses films, la présentation des très beaux costumes de Milena Canonero, de storyboard et dessins préparatoires, d'accessoires tels le chemin de fer du French Dispatch ou les livres des enfants du Moonrise Kingdown et des éléments de décors tels les poissons crées de toutes pièces de LaVie Aquatique, de maquettes dont l'immense Budapest hôtel, des marionnettes du Fantastic Mr. Fox, et figurines de l'Ile aux chiens des photos de tournage...
Chaque élément rappelle la puissance esthétique de l'œuvre et la part artisanale essentielle dans son efficacité. La minutie avec laquelle Anderson crée les univers de ses films, et les éléments matériels de la vie de chacun de ces héros impressionnent.