SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

14 février 2025 5 14 /02 /février /2025 22:42

Helen vit seule à la campagne. Quand Simon Gilbert frappe à la porte, elle sait qu'il vient pour le poste d'"homme à tout faire". Très vite elle lui demande de la tuer, sans douleur et sans la prévenir.

Sophie Tonneau qui est aussi l'auteur de la pièce, interprète le rôle d'Helen, entre envie d'en finir et rage de vivre. L'ampleur de son expressivité dans la terreur d'Helen d''être tuée et dans le plaisir enfantin que l'héroïne prend dans le jeu fonctionne particulièrement. Yves Comeliau campe avec charme l'assurance et les hésitations de Simon. Ils sont tous les deux très bien et portent ensemble le rire.

La mise en scène ménage quelques effets et des moments de danse et de musique qui fonctionnent bien.

La pièce offre d'excellents moments et de belles idées. On rit et on est touché. Elle mériterait sans doute d'être étoffée,  de 2 ou 3 scènes qui donneraient à voir plus précisément l'évolution de la relation de ses deux héros. Il faut également noter que la pièce présente une qualité rare : celle d'avoir une fin signifiante et efficace.

Partager cet article
Repost0
10 février 2025 1 10 /02 /février /2025 20:19

A l'occasion des 80 ans de la libération des camps, Arte rediffuse la série documentaire Les quatre soeurs de Claude Lanzmann.

En 2017, Lanzmann présente une série de quatre documentaires, tous issus des entretiens qu'il a menés pendant les années 70 pour la réalisation de son œuvre monument Shoah.

Il choisit quatre récits de femmes qui ont vécu la déportation. Ruth Elias, Ada Lichtman, Paula Biren, Hanna Marton ont été déportées pendant la seconde guerre mondiale parce qu'elles étaient juives. Ruth, 19 ans, vivait en Tchécoslovaquie, Paula Biren, 17 ans, vivait dans le ghetto de Lodz en Pologne, Hanna Marton vivait à Budapest, Ada Lichtman, vivait à Wieliczka où tous les hommes furent fusillés.

Ce qu'elles ont vécues, de façons tout à la fois différentes et terriblement semblables, démontrent et confirment les procédés mis en place par l'Allemagne nazie pour exterminer les juifs.

Chaque témoignage a son film propre : Le serment d'Hypocrate pour Ruth Elias, enceinte lors de sa déportation, Baluty pour Paula Biren, membre de la police juive avant d'être déportée à Auschwitz, La puce Joyeuse pour Ada Litchman qui participa à la révolte du camp de Sodibor, L'arche de Noé pour Hanna Marton qui fit partie des 1684 juifs "achetés" et "sauvés" par Rudolf Kastner.

A voir sur Arte.tv

Partager cet article
Repost0
9 février 2025 7 09 /02 /février /2025 19:15

M6 diffuse le film tiré de la tournée Nevermore de Mylène Farmer qui l'a menée dans les stades en France, Suisse et Belgique en 2023 et 2024.

Scène immense s'étendant en proscenium en croix jusqu'au cœur du public, écrans XXXXXL, nacelle qui permet à la chanteuse de survoler les spectateurs, oiseaux noirs géants... dès les premières images le gigantisme de l'installation impressionne. Les vues aériennes sur la structure du Stade et sur les 80 000 spectateurs donnent les proportions de l'événement. Les images en plans larges ou serrés sont très belles. Les moyens techniques déployés pour cette captation sont à la hauteur des ambitions du spectacle.

Tout serait parfait si le réalisateur n'avait fait le choix de changer de plans toutes les 2 ou 3 secondes, semblant vouloir être partout simultanément. Gros plans sur les musiciens, sur les danseurs, sur les cuissardes de Mylène, sur des éléments du décors... Plans larges vu du toit, plans sur le ciel, plans dans le noir dont ne sait quoi... A force de vouloir tout montrer, il ne montre rien et ne rend certainement pas honneur à la scénographie imaginée par la chanteuse, incluant les vidéos conçues pour les écrans géants, les différents décors et les chorégraphies. 

Le film en devient agaçant. Reste la playlist qui mixte classiques incontournables et morceaux plus récents : Prologue, Du temps, Peut-être toi, Libertine, Optimistique moi, A tout jamais, C'est une belle journée, Paysage glacé, Tristana, Medley (Remember, Dégénération, Beyond m'y control, Je t'aime mélancolie, Rolling Stone, Pourvu qu'elles soient douces, Tristana), Rayon vert, Rêver, L'Autre, Que l'aube est belle, Sans contrefaçon, Oui mais non, Ode à l'apesanteur, Que je devienne, XXL, Rêve interdit, Désenchantée, Rallumer les étoiles, Épilogue.

A voir en replay sur M6

Partager cet article
Repost0
8 février 2025 6 08 /02 /février /2025 23:57

Louis est de retour dans sa famille. Après plusieurs années d'absence, il revient annoncer à sa mère, sa soeur, son frère et sa belle sœur qu'il va bientôt mourir. 

Pour les 30 ans de la disparition de l'auteur, le théâtre de l'Atelier présente Il ne m'est jamais rien arrivé et Juste la fin du monde. Cette dernière est mise en scène par Johanny Bert qui suspend dans les cintres, à la vue des spectateurs, le mobilier de la maison familiale. Chaque élément descendra pour se positionner aux côtés des acteurs au fur et à  mesure des scènes. Ce principe de mise en scène fonctionne curieusement assez bien, soulignant visuellement l'étrangeté des échanges. Le choix de représenter le père disparu par un masque d'homme semblant flotter entre les scènes s'avère bien moins efficace, à la limite du ridicule.

Pour incarner les membres de cette famille dysfonctionnelle, menée par les non-dits et les ressentiments, cinq comédiens. Vincent Dedienne, dans le rôle du taiseux Louis, joue le personnage avec distance, soulignant une posture en retrait. Son talent s'exprime plus pleinement dans ses longs apartés au public. A ses côtés, dans le rôle de la petite soeur admirative et survoltée, on retrouve avec joie Céleste Brunnquell. Astrid Bayiha, Christiane Millet et Loïc Riewer, particulièrement marquant dans le rôle du frère, composent le reste de la famille.

* Lire la critique de l'adaptation cinématographique réalisée par Xavier Dolan 

Partager cet article
Repost0
4 février 2025 2 04 /02 /février /2025 20:07

Mêlant confidences face caméra et vidéos personnelles, entre documentaire et auto-portrait, Vincent Lindon, cœur sanglant dessine une personnalité d'une grande complexité. 

Humiliations de l'enfance, manque d'amour d'une mère, exigences d'un père, souffrances d'un métier d'acteur qu'il dévalorise, emportements, besoin constant d'aller vite, agacement pour les autres et pour lui-même, amour fou pour ses enfants, dégoût de la vieillesse, goût tardif pour les honneurs,... le portrait se fait par évocations, déclarations et auto analyses.

Vincent Lindon se révèle ainsi en homme agacé par les autres et par lui-même, qui se glisse dans la peau des personnages pour se fuir.

En homme à fleur de peau, dont on perçoit, que les humiliations et les blessures de l'enfance l'ont façonnées violemment.

En homme excessif tout à la fois touchant et agaçant.

En homme drôle aussi dans ses agacement, qui, par exemple, en tournage à Chypre, un dimanche, au bord d'une piscine où il "ne sert à rien" s'étonne : "Si on m'avait dit, ça, un jour, que j'allais me mettre sur deux frites."

Un documentaire âpre à réserver à ceux qui éprouvent de l'admiration ou de l'affection pour  Vincent Lindon, comédien immense.

A voir sur Arte.

Partager cet article
Repost0