SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
Pour son troisième spectacle, Alex Lutz rend hommage à Gérard, son père, et décrit l´homme qu´il a été au fil des époques : l´après-guerre, les 30 glorieuses, mai 68... Il fait intervenir ses amis Jean-Luc et Marie-France, dans des incarnations d´une vérité confondante dont il est devenu maître. Le comédien alterne ainsi portrait du père, souvenirs de famille, réflexions sur la transmission, sur l´évolution des modes de vie et des générations.
Accompagné du guitariste Vincent Blanchard (compositeur des musiques de ses spectacles et de ses films) et de Nilo et Saint Trop´, ses chevaux, Alex Lutz, avec fluidité, jongle avec les moments d´émotion et les nombreux éclats de rire. D´une durée d´1h45, le spectacle est d´une grande densité, les idées drôles ou émouvantes se succèdent à un rythme soutenu. La scénographie très belle - efficacité des lumières, ingéniosité du décor - se fond parfaitement dans l´ecrin de choix qu´est le Cirque d´Hiver.
Un beau spectacle, d'une grande maîtrise, impeccablement interprété.
L'enquête sur Orpea menée par Victor Castanet racontée par le journaliste lui même et par six anciens salariés. Leurs témoignages sont complétés par les enregistrements sonores effectués par le journaliste et une salariée et sont agrémentés par la reconstitution de scènes jouées par des comédiens, ces dernières n'apportent rien à la démonstration.
Maltraitance des résidents, poussée au maximum des taux de rentabilité des 350 résidences, détournements d'argent public, terrorisation des salariés,... l'ampleur des malversations de ce groupe sectaire aux méthodes mafieuses éclate ici avec la même puissance que dans le livre. Le documentaire apporte en plus le témoignage des courageux salariés qui ont témoignés à visages découverts, et explique les conséquences du livre sur le groupe Orpea et ses dirigeants.
Agnes Varda a vécu à Paris de 1943 jusqu'à sa mort en 2019. Elle y fut photographe, cinéaste et artiste visuelle.
Le musée Carnavalet présente 130 photographies complétées par des courriers, cahier de notes, objets, photos de tournage et extraits de ses films, tous issus de la collection privée de la famille et de sa société de production Ciné-Tamaris. Il est question ici de mettre l'accent sur le métier de photographe, le premier choisi par Agnès, et sur l'importance de Paris dans son oeuvre complète.
L'exposition est organisée en un parcours un peu foutraque qui sied parfaitement à la glaneuse qu'était Agnès Varda. A ses débuts de photographe avec sa compagne, la céramiste Valentine Schlegel, succède rapidement son installation au 86 rue Daguerre, qui sera la maison-atelier de sa vie. Sur les photos, des voisins, des inconnus de la rue, la jeunesse d'une époque et des artistes prestigieux tels Jean Vilar, Gérard Philippe, Calder, Delphine Seyrig, Brassai, Geneviève Richier, Hantai, Fellini pour ne cité qu'eux, tous pris en photo à Paris. Un petit film amusant montre notamment Agnès faisant poser le photographe Brassai. Plusieurs écrans diffusent des extraits de ses films, longs et courts métrages. Une salle est dédiée à Cléo de 5 à 7, film culte qui voit Corinne Marchand arpenter Paris dans l' angoissante attente de ses résultats médicaux.
En 2021, pour la sortie de son nouveau livre, Christine Angot se rend à Strasbourg où elle rencontra pour la première fois son père et où il vécu jusqu'à sa mort en 1999. Sa femme y vit encore. Christine Angot va lui rendre visite et la confronter violemment à l'inceste qu'elle a subi pendant plusieurs années.
Ce documentaire est une vertigineuse démonstration des conséquences infinies d'un crime sur sa victime et ses répercussions sur son entourage.
Christine Angot entre par quasi effraction chez sa belle-mère, bouscule sa mère, bouleversante, interroge son ex-mari et écoute sa fille. L'extrême souffrance de Christine est telle qu'elle écrase tout jusqu'à la possibilité même que d' autres aient pu souffrir collatéralement, même si leur souffrance n'est pas aussi violente et indélébile que la sienne.
C'est souvent violent, parfois injuste et égoïste mais la douleur, la colère, la culpabilité, l'impuissance et l'incommunicabilité, tous ensemble, s'expriment comme rarement.
Née en 1926, dans le Los Angeles des pauvres, passant de familles d'accueil en foyers, subissant des abus, Norma Jean Baker se prend rapidement en mains. Elle découvre vite que poser pour des photos paye bien mieux que le travail à l'usine. Elle interroge les photographes pour savoir ce qui fait une bonne photo, s'achète un livre d'anatomie... et devient en moins de 2 ans le mannequin le plus recherché de la Côte Ouest. Rapidement, on l'a teint en blonde et lui défrise les cheveux. A 20 ans, elle a déjà fait plusieurs couvertures de magazines. Grâce à elles, la Twenty Century Fox la remarque et lui offre un contrat. Le studio la fait poser pour des photos dénudées. Parallèlement, Marilyn se met à travailler dur prenant des cours de danse, de chant, d'escrime... pour être prête quand l'occasion se présentera.
Le documentaire se base sur l'autobiographie de l'actrice et des témoignages pour démontrer le travail fourni par Norma Jean pour devenir Marilyn. Son intelligence et sa capacité d'adaptation, dont des modifications physiques, lui permettent de répondre aux diktats des studios et aux désirs des hommes qui dirigent et décident de tout.
En voix off, Georgia Scalliet dit les paroles de Marylin, extraites de son autobiographie. Ces citations confirment la finesse de son esprit et sa capacité exceptionnelle à analyser le comportement des autres à son égard. Agnès Jaoui commente son parcours soulignant l'attitude dédaigneuse et abusive du monde du cinéma et des médias.
Le montage qui mêle images d'époque, extraits de films et interviews, et récentes, pointant notamment les similitudes entre les abus et humiliations subies par Marilyn et que le mouvement #metoo aide à dénoncer aujourd'hui, donne du rythme au récit.
Un documentaire à projeter à ceux qui prennent encore Marilyn Monroe pour une belle idiote.