SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

2 novembre 2024 6 02 /11 /novembre /2024 20:03

Ambroise Vollard fut l'un des plus grands collectionneurs de peintures de la fin du XIXe et du début XXe siècle. 

Tout d'abord, marchand de tableaux, il exposa Cézanne, une première pour le peintre. Il expose Van Gogh, soutient Gauguin, Maillol, Matisse, découvre Degain et Picasso. Il est également éditeur et publie en tant qu'auteur des livres sur ses peintres. Après la 1e guerre mondiale, il met un terme à son travail de marchand d'art, se retrouve avec un stock et une collection personnelle estimée à 6 000 œuvres.

Il meurt d'un accident de voiture en 1939. Alors que la guerre éclate, ses oeuvres sont partagées entre son frère, ses soeurs et un couple d'amis. Les deux familles désignent deux experts (Biniou et Fabiani qui s'associeront pour détourner les oeuvres, les vendant à Hitler entre autres. Ce n'est que le début de l' histoire rocambolesque de la collection Vollard.

Ce documentaire la restitue de façon précise et espiègle.

A voir en replay sur France.tv 

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1 novembre 2024 5 01 /11 /novembre /2024 18:38

Dans la Russie stalinienne, en 1930, Sémione, chômeur et pas très malin, vit dans un appartement communautaire aux crochets de sa femme et de sa belle-mère. Il voudrait gagner sa vie comme musicien mais il ne sait pas jouer d'instrument. Lorsqu'un quiproquo laisse à penser qu'il est suicidaire, autour de lui, beaucoup trouvent leur compte dans ce suicide.

Erdman n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer la société russe stalinienne ; sa pièce fut d'ailleurs rapidement interdite. Tout le monde en prend pour son grade. Il pointe du doigt, entre autres, le régime qui affame son peuple et le manque de courage de l'intelligentsia qui préfère pousser le prolétaire au suicide revendicatif, car "seuls les morts peuvent dire ce que les vivants pensent".

Stéphane Varupenne présente une mise en scène qui souligne l'agitation des protagonistes dans un espace restreint. L'idée d'enfermement domine.  Sur scène, le décor est, dans la première partie, centré sur la chambre à coucher. Elle est entourée de hauts murs, cage d'escaliers et de rideaux qui figurent la promiscuité des habitations communautaires. Promiscuité soulignée un peu plus par un travail sur le son, les voisins sont ainsi omniprésents. Le décor se transforme ensuite en vaste salle des fêtes pour le dîner d'adieu de Semione, puis disparaît totalement pour une curieuse mise en bière. Parallèlement, petit à petit, les comédiens investissent la salle, des musiciens interviennent, on chante. La mise en scène de Stéphane Vanrupenne s'étend et prend des formes multiples qui servent parfaitement le désarroi de Semione, qui agité, passe par tous les états.

L'intérêt de la pièce réside dans l'alliance d'un message politique et existentiel fort et d'une réelle puissance comique. Les répliques hilarantes sont foison, le comique de situation percutant. Le jeu des comédiens du Français (Jérémy Lopez, Serge Bagdassarian, Julie Sicard, Adeline d'Hermy, Florence Viala, Clément Hervieu Léger, Yoann Gasiorowski, Sylvia Berger, Christian Gonon, Anna Cervinka, Clément Bresson, Adrien Simion, Léa Lopez, Melchior Butin des Rozier) a cette précision indispensable au vaudeville où le rire prend toute sa plénitude dans les détails, un geste, un mouvement de tête, un sourcil levé. La troupe est, ici encore, absolument remarquable.

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31 octobre 2024 4 31 /10 /octobre /2024 23:36

John Cassavetes et Gena Rowlands ont été un couple emblématique du cinéma indépendant américain. Un cinéma fait à la maison, entre amis et en famille, aux sujets audacieux qui n'entraient pas dans les cases des films de studios. Contre présente un portrait de cet homme et cinéaste incontrôlable qui naviguait hors des sentiers battus et en filigrane de sa femme comédienne géniale.

La pièce déroule son récit à travers la création d' Une femme sous influence, le rapport des critiques au cinéma de Casavetes et des interrogatoires policiers au sujet d'une agression supposée d'un chef opérateur par Casavetes lui-même.

Ainsi le récit dessine la création, ies difficultés de donner vie à une oeuvre décalée dans un cinéma devenu business, l'art de la critique et ses bons mots, le portrait du réalisateur farouchement à contre courant, arrogant et vindicatif et l'importance de son entourage dans la réalisation de ses œuvres.

Sur le plateau, trois espaces : un studio TV, un commissariat et le salon des Casavetes - Rowlands, souvent lieu de tournage. Dans cette mise en scène de Sébastien Pouderoux et Constance Meyer, la circulation entre ses trois espaces est très fluide. Et si la vidéo intervient c'est avec pertinence sur les scènes d'interrogatoires ; les comédiens filmés ainsi en gros plans donnant libre court à un jeu très expressif.

C'est intelligent, drôle et excellemment interprété. Dominique Blanc en Pauline Kael, critique à la dent dure, et Marina Hands, en imperturbable Gena Rowlands, sont magnifiques de justesse, d'élégance et de drôlerie. Sébastien Pouderoux est parfaitement inquiétant, suffisant et éruptif dans le rôle du maître et Nicolas Chupin plus vrai que nature en Peter Falk Ils sont très bien accompagnés par Jordan Rezgui, Antoine Prud'homme de la Boussiniere, Rachel Collignon et Blanche Sottou.

Une création totalement réussie.

Lire le post sur le film Une femme sous influence 

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29 octobre 2024 2 29 /10 /octobre /2024 20:55

A la fin de sa vie, François Truffaut se confia à son ami Claude de Givray, avec le projet d'écrire son autobiographie. Trop affaibli, il dut renoncer et ces entretiens ne furent jamais publiés.

Ce documentaire est construit à partir de ces entretiens et de correspondances, Louis Garrel prêtant sa voix au réalisateur, complétés par des interviews et illustrés par des documents d'archives et des extraits de films, les siens comme ceux qui l'ont inspirés.

Le récit de François Truffaut éclaire une partie de son oeuvre : ses souvenirs d'enfance qui ont nourri Les 400 coups et L'argent de poche, ceux de son adolescence d'où naquit l'histoire de L'amour à 20 ans, ceux des années d'occupation qui ont inspirées Le dernier métro... Mais il évoque aussi l'influence de ses films, tel La peau douce, sur sa vie.

Il est toujours passionnant d'écouter François Truffaut parler de ses films, de ses influences, de  sa vie, de l'enfance...

Isabelle Huppert, Pascal Grégory, André Dussolier, Barbara Sukowa prêtent leur voix respectivement aux.commentaires, à Roland Truffaut (père légal de François), à Henri-Pierre Roche, à Helen Hessel (la véritable héroïne de Jules et Jim).

A voir en replay sur France.tv

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27 octobre 2024 7 27 /10 /octobre /2024 13:24

Mehdi Idir et Grand Corps Malade proposent un biopic chronologique, découpé en chapitres dont les titres, qui reprennent ceux de chansons, sont écrits sur une page de cahier, ce qui n'annonce pas un geste artistique d'une grande puissance. La période de l'enfance est traitée au pas de course, énumérant les évènements sans grâce. On est ainsi informé dès le départ que le film ne révolutionnera définitivement pas le genre.

Ensuite, le film conte la hargne de réussir du chanteur, son abnégation, ses choix heureux ou malheureux de ses débuts difficiles, durant lesquels il rencontrera deux personnages clés : Pierre Roche (Bastien Bouillon surprenant) et Edith Piaf (Marie-Julie Baup excellente). Le scénario déroule les étapes clés de son ascension de 1941 à 1960 (le concert de la consécration à l'Alhambra) en les illustrant des chansons de Charles sans qu'on sache très bien si la chronologie des évènements et des chansons est respectée. Les réalisateurs passent rapidement sur certains événements mais usent pour d'autres de redondances dont on ne comprend pas l'utilité.

Les années suivantes sont contées encore plus rapidement semblant là uniquement pour illustrer les tubes du grand Charles. Les réalisateurs choisissent de finir le film sur une période où le chanteur ayant atteint son objectif de gloire et venant de perdre son fils est en proie à la dépression. Curieux.

Exception faite de la présence de Tahar Rahim, impressionnant sans que sa prestation ne prenne le dessus sur son incarnation, le film s'oubliera vite.

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