SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
Après 30 ans de mariage, Miren quitte le domicile conjugal et porte plainte contre son mari pour viols répétés.
Cette mini série espagnole de quatre fois 50 minutes fait le récit du combat d'une femme qui trouve le courage de se soustraire à l'emprise de son mari. Chaque épisode conte une étape de son parcours : la fuite du domicile et le dépôt de plainte, le risque de l'exclusion avec la réaction des enfants, de la famille, des amis, le procès, le verdict et ses conséquences.
Le scénario dévoile progressivement les mécanismes et l'ampleur de l'emprise, ceux de la prise de conscience de la victime et de son entourage, le déni du coupable, les preuves impossibles, la force nécessaire pour combattre, une justice hésitante, la peur permanente.
Le soin avec lequel la fiction sert le propos fait de cette série une réussite.
Quartier Picasso à Boulogne sur mer, des adolescents passent un casting pour un tournage. Gabriel, le réalisateur, veut tourner un film avec des jeunes aux parcours compliqués comme ses personnages. Ceux que les autres appellent "Les pires".
Les réalisatrices semblent vouloir alerter sur les dommages causés aux jeunes acteurs amateurs lors des tournages, notamment des films sociaux. La violence des scènes qu'ils doivent jouer et subir pour des cinéastes prêts à les mettre en danger et à s'immiscer dans leur intimité pour obtenir leurs scènes fantasmées ou un cinéma "vérité", la proximité malsaine des adultes et des enfants et l'espoir sans lendemain généré chez des familles en difficulté.
La démonstration est édifiante et met parfaitement mal à l'aise. La mise en abîme est permanente au point qu'on ne sait plus quel rôle jouent les enfants : sont ils eux-mêmes ou le personnage pour lequel ils ont été castés ?
On s'interroge aussi sur le processus que les réalisatrices ont su mettre en place pour éviter l'écueil qu'elles dénoncent.
Les jeunes comédiens sont touchants et impressionnants de naturels. On remarque particulièrement Mallory Wanecque qui depuis a tourné l'Amour ouf, Timeo Mahaut, aperçu depuis dans Un ours dans le Jura et Loïc Pech. Johan Heldenbergh, acteur professionnel, est parfait d'ambiguïté dans la peau du réalisateur.
Pantin, quartier des quatre chemins, Marion, propriétaire de son 2 pièces au 32 avenue Jean Jaurès, reçoit un courrier du tribunal administratif. Le maire demande qu'un expert soit désigné pour évaluer l'état de l'immeuble soupçonné d'être un danger public.
Le documentaire conte les quatre années d'actions conduites par les habitants, essentiellement des locataires, pour sauver l'immeuble. Entre petites victoires, sabotages, et grosses désillusions, leur vie est un enfer.
A travers ce combat, est aussi fait le portrait de ces habitants qui représentent toutes les précarités et origines du quartier : chômeur, retraité, ouvrier, agent de sécurité, aide soignant, intermittent, serbe, chinois, algérien, tunisien... Une France d'en bas en miniature.
L'état dans lequel se trouve l'immeuble est édifiant et en dit long sur l'attitude des propriétaires, qu'ils soient malhonnêtes ou irresponsables, et sur l'état de ces quartiers pauvres négligés ou mal aidés par l'Etat (qui leur envoi les drogués qu'il ne veut plus à Paris...).
En1950, Anatole Zsa-zsa Korda, un homme d'affaires sans scrupules, réchappe à une 6e tentative d’assassinat. Alors qu'il mène son projet le plus ambitieux qui risque de le ruiner, il propose à sa fille Liesl qui se prépare à entrer dans les ordres de lui succéder.
Dès le premier plan, l'esthétique chère à Wes Anderson saute aux yeux. La scénographie travaillée jusqu'au moindre détail impressionne. Cette beauté des décors et des accessoires prend une part importante dans le plaisir procuré par les films de Wes Anderson. L'esprit décalé, jouant sur l'effet de surprise, le rire et l'étrangeté des personnages agit parfaitement. Tout le film sera à la hauteur de cette première scène.
Le casting est parfait. A commencer par Benicio Del Toro qui, dans le rôle de cet étrange héros, est excellent. A ses côtés, Mia Threapleton est parfaite tout comme Michael Cera. A leurs côtés, dans des rôles secondaires mais essentiels, on trouve Tom Hanks, Benedict Cumberbach, Mathieu Amalric, Bill Murray entre autres.
Si on peut reprocher au film d'être inutilement compliqué dans le récit du montage financier, tout le reste est particulièrement plaisant.
De nos jours, à Liège, Perla, Julie et Ariane, adolescentes, vivent avec leur bébé dans une maison maternelle, entourées de puéricultrices et d'assistantes sociales. A leurs côtés Jessica est à huit mois de grossesse.
Les frères Dardenne présentent pour la première fois un film choral en traçant le portrait de quatre adolescentes confrontées au rôle de mère. Elles ont toutes un parcours de vie cabossée mais chacune rêve son avenir et celui de son bébé différemment.
Le film alterne les séquences entre ses quatre héroïnes dessinant en scènes de vie très réalistes leur psychologie, la difficulté de leurs situations et leurs rapports à leur enfant, à leur petit ami, à leurs mères. Cette alternance donne du rythme au film qui n'hésite pas à aussi prendre son temps pour que la complexité des sentiments s'exprime pleinement. L'émotion, mesurée, sans pathos, affleure ainsi à plusieurs reprises.
Les jeunes comédiennes, Janaina Halloy-Fokan, Elsa Houben, Babette Verbeek et Lucie Marielle, sont impressionnantes de vérité. A leurs côtés India Hair, Christelle Cornil et Jef Jacobs sont excellents.
Prix du meilleur scénario au Festival de Cannes 2025.