SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

26 octobre 2024 6 26 /10 /octobre /2024 01:18

En Angleterre, en 1908, naissent Daisy et Violet soeurs siamoises. Elles sont adoptées par Mme Hilton, sage femme clandestine, qui les exploitera toute sa vie.

Cette véridique triste et glauque histoire de monstres de foire ne pouvait que séduire Valérie Lesort et Christian Hecq. Ils content ainsi la vie des sœurs Hilton de leur naissance à leur mort sur une tonalité burlesque non dénuée de sensibilité. On rit beaucoup, jamais au dépend des soeurs Hilton, mais toujours de leur entourage.

Le cirque et le cabaret sont mis à l'honneur présentant un vaste éventail de monstres, soit par leur difformité physique, soit par l'ignominie de leur comportement. Les scènes et numéros d'une époustouflante créativité et d'une impressionnante ingéniosité se succèdent.

Décors, costumes, maquillage et perruques, jeux de lumières, où le rouge domine, servent merveilleusement le propos.

Christian Hecq, qui multiplie les personnages, est, cette fois encore, hilarant. Virginie Lesort et Céline Milliat-Baumgartner impressionnent dans la chorégraphie qu'impose le rôle des soeurs siamoises. A leur côté, Yann Frisch et Renaud Crols, multipliant eux aussi les personnages sont excellents.

Et Charlie l'aboyeur est inoubliable dans la scène d'ouverture du spectacle

Lire les post sur les précédents spectacles de Christian Hecq et Virginie Lesort : La mouche, 20 000 lieux sous les mers, Le voyage de Gulliver 

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24 octobre 2024 4 24 /10 /octobre /2024 20:38

Paul Francoeur vient de remporter de justesse les primaires de son parti contre Marie-France Tremeau qui digère mal sa défaite.

Pierre Schoeller, à qui on doit déjà l'excellent L'exercice de l'Etat, adapte le roman d'Edouard Philippe et Gilles Boyer dont le vrai héros est César Casalonga, conseiller spécial de Francoeur.

Cette série qui mêle étude du microcosme politique et thriller bénéficie d'une réalisation soignée, d'un montage précis et d'un casting 4 étoiles en la personne de Melvil Poupaut, Swan Arlaud, Karin Viard, Evelyne Brochu, Maud Wyler et Philippe Uchan.

A voir sur France.tv

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22 octobre 2024 2 22 /10 /octobre /2024 20:04

François Truffaut disait "Même quand Jean Pierre Leaud dit bonjour, même quand il ouvre une porte, nous basculons dans la fiction, pour ne pas dire dans la science fiction."

Cette façon unique de jouer, de parler un peu faux comme parlait Truffaut, a fait de Jean-Pierre Leaud un acteur étrange, incomparable. et marquant. On se demande encore si Jean-Pierre Leaud existe vraiment ou s'il n'existe que dans la fiction ?

Cyril Leuthy trace le portrait de l'acteur, éternel adolescent, comme on mène une enquête, à base d'archives, demandant à deux jeunes comédiens et Michel Fau de jouer ses rôles ou tenir ses propos, faisant appel aux témoignages d'Olivier Assayas, Noémie Lvovsky, Lucas Belvaux, Chantal Goya, Nathalie Baye, Françoise Lebrun, Josiane Balasko, Aki Kaurismaki, Olivier Assayas, Lucas Belvaux, Bertrand Bonello, Tsai Ming-Liang, Nobihiro Suwa

Enfant de la balle - mère actrice, père scénariste et dialoguiste - acteur d'un rôle monstre, Antoine Doinel, acteur d'un réalisateur, François Truffaut. Son bout d'essai pour Les 400 coups est presqu' aussi célèbre que le film.

Il naît en tant qu'acteur, à 14 ans, en 1959 au Festival de  Cannes. Un gosse avec dans la tête des idées d'adulte, très ressemblant à son personnage Antoine Doinel que Truffaut dessine à partir de sa propre enfance et adolescence mais aussi et de plus en' plus de celle de Leaud.

Leaud devient assistant de Godard - son deuxième François - qui le fait tourner dans six films dont La Chinoise, et Masculin, Féminin.

En 1970, Domicile conjugal signe la fin de l'adolescence et d'Antoine Doinel ou presque (en 70 L'amour en fuite verra le retour d'un Antoine adulte). Mais pas de sa complicité avec Truffaut qui lui confiera encore deux grands rôles dans deux chef d'oeuvres : Les Deux anglaises et le continent et La Nuit Américaine.

Mal à l'aise dans la vie, mais très à l'aise devant la caméra, il tourne parallèlement avec Skolimowski, Jean Eustache...

En 1984, la mort de Truffaut le plonge dans un deuil insurmontable. Il tourne pourtant à nouveau dans l'inattendu Les Keufs de Josiane Balasko où il joue un flic improbable et tourne avec de jeunes réalisateurs dont il a marqué la cinéphilie : Aki Kaurismaki, Olivier Assayas, Lucas Belvaux, Bertrand Bonello, Tsai Ming-Liang, Nobihiro Suwa.

Un très beau portrait à voir en replay sur Arte.tv

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13 octobre 2024 7 13 /10 /octobre /2024 15:03

Franck, riche chef d'entreprise, demande à Justine d'organiser un week-end pour lui et sa nouvelle conquête. Budget 14 000€. Justine fait appel à ses amis pour se garder la plus grande marge possible.

Bruno Podalydes (Jocelyn), Denis Podalydes (Albin), lsabelle Candelier (Sandrine), Jean-Noël Brouté (Caramel), Florence Muller (Rosine), Dimitri Doré (Ifus), tous excellents, composent l'équipe de bras cassés de Justine (Sandrine Kiberlain), tandis que Daniel Auteuil excelle en séducteur graveleux.

Podalydes est fidèle à son style, fait d'un comique de situation et d'une mise en image proche de la BD. Le film adopte le rythme du bateau sur les canaux, soit 9km heure. C'est lent mais c'est très drôle.

Film disponible en VOD.

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11 octobre 2024 5 11 /10 /octobre /2024 22:18

Christiane Jatahy adapte librement ShakespeareSon Hamlet se déroule de nos jours dans un monde où les rois règnent encore  Le prince du Danemark est visité par le fantôme de son père. Le roi qui vient de mourir assassiné intime l'ordre au prince, gagné par la folie, de le venger.

L'histoire d'Hamlet se reconnaît aisément, les mots de Shakespeare se font bien entendre,  pourtant cette proposition est tout à fait autre. Christiane Jatahy mêle au texte originel, majoritairement présent, des textes de sa création et des extraits de Virginia Woolf, attribue les paroles de personnages à d'autres, escamote et déplace pas mal de scènes, fait répéter à plusieurs reprises certaines répliques clés de la pièce pour souligner leur importance et la folie d'Hamlet. Elle le place dans la posture du repenti qui s'interroge sans cesse sur ses actes, leur violence et sur ce qu'il aurait fallu faire pour les éviter, hanté par ses fantômes et par ses crimes. Elle nous convie dans sa fantasmagorie, au coeur de son malaise.

Aussi, ici, le fils du roi se déclare fille et est considérée comme telle par tous à l'exception de son beau père, le traître et faible Claudius. Les personnages féminins sont forts. Gertrude assume et revendique ses choix, Ophélie n'est plus cette petite chose fragile.

Marque de fabrique de Christiane Jatahy, la mise en scène mêle théâtre et cinéma. Le premier quart d'heure de la pièce voit la projection du spectre du roi (Loïc Corbery) sur un voile placé en avant scène tandis que l'on devine les comédiens sur le plateau. Jatahy joue avec efficacité sur les proportions projetant l'image du roi défunt en format XXL, tel qu' il prend place dans l'esprit du prince. Puis, ce sont les invités du mariage de Gertrude et Claudius qui prennent place en vidéo. Ce procédé donne corps à la perception étrange, à la folie d'Hamlet. La vidéo sera utilisée régulièrement tout au long de la pièce via un téléviseur que les comédiens déplaceront à de multiples reprises. Le mobilier sera aussi déplacé et replacé. Cette effervescence incessante est peut-être le point faible de la mise en scène. Entre ses mouvements de décors, les projections de vidéo live, les sous-titres des dialogues en portugais (personnages d'Ophélie et de Polonius), la musique pop, les images qui se reflètent dans les nombreux miroirs du décor et l'immense scène, on ne sait plus où posé son regard et conserver toute son attention.

On en admire d'autant plus les comédiens - Servane Ducorps, Isabel Abreu, Tom Adjibi, David Houri, Tonan Quito, Matthieu Sampeir - tous excellents et très sollicités par cette mise en scène.

Mais de tout cela ce qui marque le plus est sans conteste Clotilde Hesme, incroyable d'intensité. Une très grande comédienne.

Lire le post sur La règle du jeu mise en scène par Christiane Jatahy

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