Aller voir un spectacle de Bartabas dans son théâtre équestre Zingaro est magique car le lieu est... magique. Du chapiteau restaurant aux décors et caravanes échoués tout autour, de l'entrée dans le théâtre sur un plancher de bois qui surplombe les écuries, loges où les artistes, issus de la plus noble conquête de l'homme, se concentrent, à la piste et les gradins de bois rouge qui l'entourent, jusqu'au feu de bois géant qui vous salue à la sortie du spectacle, tout participe à faire de ce moment quelque chose de merveilleux.
Quand le spectacle commence la beauté des chevaux vous saisit. Leur agilité, la précision du dressage bluffent. Dans "On achève bien les anges", la première scène les surprend libres seuls sur la piste, puis des anges descendent doucement du ciel pour les chevaucher. Ces acrobates impressionnent eux aussi par leur technique. Les tableaux se succèdent semblant tout d'abord nous conter une histoire puis nous perdant dans une série de saynètes dont on ne sait plus si elles s'associent pour nous raconter quelque chose ou au moins illustrer un propos. À l'exception de 3-4 scènes esthétiquement réussies et quelques bonnes idées mal exploitées, l'habillage et le propos artistique laissent sur sa faim.
Les chevauchées et l'incroyable talent de Bartabas pour obtenir ce qu'il veut des chevaux impressionnent. Son talent purement artistique, sa capacité à emmener plus loin cette maîtrise technique convainc moins. On rêve d'un Bartabas associé à un James Thiérrée, lui aussi homme de cirque, qui porte une poésie et une profondeur sans pareil. En associant leur savoir-faire, ils pourraient créer un spectacle totalement magique lui aussi.