François dirige "Le Davaï Théâtre", théâtre itinérant qui sillonne la France depuis plus de 20 ans. Sa troupe d'acteurs, chanteurs, acrobates, régisseurs forme une famille grouillante où femmes, hommes, enfants s'aiment et se détestent successivement et tout à la fois. Et où chacun composent comme il peut avec le poids des épreuves.
Dès la première scène, Léa Fehner nous plonge dans le tourbillon et la folie de ces ogres. La caméra sans cesse en mouvement filme en gros plans la troupe hurlante au travail. C'est Tchekhov qui se joue et se chante devant un public éberlué. Quand le spectacle est fini rien ne s'arrête. Ca bouge, ca tchatche, ça picole, ça rigole, ça hurle et ça s'engueule. La réalisatrice met en scène avec une précision d'orfèvre cette troupe ivre de vie, saoule et possiblement saoulante. Chaque scène se joue sur plusieurs plans tant au niveau de l'image qu'au niveau des dialogues. Les scènes de groupe où l'énergie déboule de toute part sont parfaitement lisibles et audibles. Les couleurs, le mouvement, les dialogues explosent en feu d'artifice. Parfois, le temps soudainement suspendu, le silence s'installe, les artistes épuisés s'épanchent et se penchent sur leurs peines. Après quoi et pourquoi courent-ils ?
Les personnages multiples sont dessinés en peu de trait avec une précision et un sens parfait de l'effeuillage. Les comédiens, tous sans exception, enfants compris, sont impressionnants de naturel : Adèle Haenel, Marc Barbé, Marion Bouvarel, François Fehner, Lola Duenas... il faudrait pourvoir les citer tous tant le film puise sa force dans ce travail de troupe.
Le film dure 2h24 et l'on relève 2 fois 45 secondes d'ennui.
Tout est dit.
A voir en salle dès le mercredi 16 mars.