L'amitié qui lia Emile Zola et Paul Cézanne débuta dans la cours d'une école d'Aix en Provence. Leur relation durera plus de 40 années jalonnées des succès du premier et des échecs du second, liés tous deux par le goût de l'art et d'un certain anticonformisme.
Les témoignages de cette étonnante amitié sont rares et Danièle Thompson ne cache pas qu'elle a dû imaginer la plupart des scènes de son film, en se basant sur leur correspondance et sur les écrits de ceux qui les côtoyèrent dont notamment le marchand d'art, Ambroise Vollard. La réalisatrice s'est attachée à dépeindre le milieu artistique de l'époque ; Emile Zola, critique d'art, est un grand défenseur des impressionnistes (Monet, Manet, Renoir, Pissarro sont ses amis). La reconstitution de l'époque est soignée tout comme la photographie plutôt remarquable. Si le film pêche c'est par le développement de l'histoire qui est mené de façon assez abrupte. La première partie du film est construite de multiples scènes très courtes ayant certainement pour but d'installer la psychologie des personnages mais qui semblent parfois un peu bâclées ou avoir été bien bousculées lors du montage. Certains évènements de la vie de Cézanne mériteraient un traitement plus fin et approfondi. Mais la réalisatrice préfère s'attarder sur le conflit qui mena à leur rupture. Ici tout est question de choix et on imagine bien ceux, cornéliens, qu'a du faire la réalisatrice. Nous n'aurions sans doute pas fait les mêmes. La musique, composée par Eric Neveux, vient alourdir un peu plus le propos mais la réalisatrice ne souhaitait pas faire appel au répertoire classique. Si l'ensemble est décevant il n'est toutefois pas désagréable. Danièle Thompson a du métier et ça se voit. Et Guillaume Canet est bluffant en Emile Zola. Encore un choix surprenant qui pour le coup est un coup de maître. Le comédien est épatant dans le rôle du grand homme, fidèle, faible, humain et attachant.
A voir en salles dès le mercredi 21 septembre.