Une vie est le premier roman de Guy de Maupassant. Stéphane Brizé adapte au cinéma le récit de cette vie, celle de Jeanne, jeune aristocrate, que l'on suit de sa sortie du couvent et son mariage, jusqu'à ce qu'elle devienne grand-mère.
La réalisation et la photographie de Stéphane Brizé nous plongent d'emblée au coeur de cette vie dure et décevante. Le format carré de l'image, l'étouffante austérité des moments de solitude et de désespoir, la modernité et le naturalisme des scènes de bonheur, le découpage qui évite la stricte chronologie, qui mêle raccourcis limpides et scènes au long cours, la musique au piano forte, la gestion du son, les voix off en dialogue ou en poésie, tout est d'une délicate précision. Nombreuses sont les scènes de grâce absolue autant par les choix de réalisation que par la qualité des comédiens que Brizé fait jouer avec le même réalisme que dans ses films précédents. Yolande Moreau, Jean-Pierre Darroussin, Swann Arlaud, Clotilde Hesme, Nina Meurisse... sont parfaits. Quant à Judith Chemla, dont on admire depuis déjà plusieurs années la présence singulière, elle donne à Jeanne sa fragilité et sa force, sa fraîcheur et sa noirceur, sa présence unique.