La petite Sandra promet à sa mère mourante de la garder en vie en ne cessant jamais de penser à elle. Quand elle emménage avec son père chez la future épouse de celui-ci, Sandra, toujours obnubilée par sa promesse, accepte d'endosser les travaux les plus ingrats.
Le théâtre de la Porte Saint-Martin accueille le public rideau ouvert, scène et murs nus, affichant une austérité surprenante. Pourtant, dès le début de la pièce et pendant 1 heure 40, le théâtre va prendre vie de la plus belle des façons. La vidéo, qui a envahi les théâtres avec plus ou moins de bonheur ces dernières années, offre ici un spectacle d'un esthétisme bluffant. L'un des décors principaux, la maison de verre, est particulièrement impressionnant et intrigue par sa beauté et son ingéniosité. La mise en scène fluide fait la part belle au mouvement, dans une chorégraphie très expressive. Les comédiens (Noémie Carcaud, Caroline Donnelly, Catherine Mestoussis, Deborah Rouach, Alfredo Cañavate) sont excellents. Leur léger accent belge est un bonheur supplémentaire qui sert particulièrement efficacement la tonalité féroce et drôle des dialogues et du propos général. Car Pommerat présente de Cendrillon une version à la fois cruelle et hilarante. On rit ainsi beaucoup à cette histoire au demeurant touchante. Le récit d'une extrême simplicité, servi par un texte ciselé, offre une réflexion étonnante sur le poids de la culpabilité et du malentendu.
L'ensemble compose un spectacle de très beau et très grand théâtre.