En 1967, à Détroit, alors que la population afro-américaine subit sans cesse la ségrégation raciale, la ville vit sous les émeutes violentes. Un soir, la fête bat son plein au Motel Algiers. Quand des coups de feu semblant venir du Motel éclatent, la police prend d'assaut l'Algiers et violente ses jeunes clients.
Le film débute par un rappel à grande vitesse et en dessins de l'histoire des afro-américains et des persécutions subies. Ce démarrage qui interpelle par son côté expéditif, laisse place à vingt minutes de scènes, caméra à l'épaule, décrivant l'ampleur des émeutes. Esthétiquement ce moment est très efficace. L'heure suivante est dédiée à l'interrogatoire meurtrier qu'effectue la police dans le Motel Algiers, le cœur du sujet du film. Kathryn Bigelow laisse ici parler ce qui apparaît comme une appétence pour la violence. Sa façon de filmer affiche une certaine complaisance. La dernière partie est consacrée, de façon expéditive au procès.
Globalement, le film, qui présente des faits réels qui devraient nous révolter, laisse froid. Cela est sans doute dû au fait que la réalisatrice met un point d'honneur à rester la plus neutre et sans doute la plus juste possible avec chacun des protagonistes. Elle ne prend pas position. Son film n'a pas de regard, de point de vue. Kathryn Bigelow semble mettre tout son talent de réalisatrice à conter un simple fait divers sans proposer de réelle réflexion sur ce que ces événements racontent de la vie des noirs et des blancs aux Etats-Unis. De plus, les portraits des protagonistes sont à peine esquissés. On ne comprend pas toujours très bien le rôle réel qu'ils ont joué et l'empathie s'installe à minima.
Globalement, le film manque de l'ambition qu'un vrai regard d'auteur lui aurait apporté.