SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

2 mars 2018 5 02 /03 /mars /2018 22:57

Patrick Timsit adapte au théâtre le livre d'Albert Cohen. Seul en scène, il dit les mots de l'auteur et incarne son deuil.

Timsit est un grand acteur, tellement grand qu'on peut le regarder incarner un auteur et un texte que l'on trouve tous les deux déplaisants et le trouver toujours grand comédien. Car dans ce texte, Albert Cohen est de ces hommes, imbus d'eux mêmes, qui lorsqu'ils rendent hommage à leur mère, ne parlent que d'eux, rapportent tout à eux. Il décrit son chagrin, son sentiment d'abandon, la perte non pas d'un être cher mais de l'amour inconditionnel qu'on lui portait. Les mots qu'utilisent Cohen pour nommer sa mère semblent bien petits, étriqués et écrasés par le "je" de l'auteur. Et ce "moi, moi, moi" qui nie la personnalité même de cette femme réduite à la fonction exclusive de mère devient vite insupportable.

Pour la mise en scène, l'usage de la vidéo tellement présente au théâtre désormais qu'on en finit presque par s'étonner quand elle nous fait grâce de son absence, est ici inutile et hors propos. Les interludes musicaux sont aussi incongrus. Si les chansons sont belles et ont un propos plus ou moins proches avec le sujet elles n'apportent rien. On pourra même trouver d'assez mauvais goût l'utilisation du "petit train" des Rita Mitsouko en illustration du chagrin que Cohen, alors adulte et résident Suisse, avait à voir sa mère repartir pour Marseille.

Demeure le talent de Patrick Timsit que l'égocentrisme de l'auteur et le mauvais goût du metteur en scène ne peuvent atteindre.

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