Eric Ruff a invité dans la grande maison Camille Bernon et Simon Bourgade qui adaptent le livre de John Maxwell Coetzee "Waiting for the barbarians".
Dans une petite ville à la frontière du territoire désertique des "Barbares", arrive un colonel de la police politique pour tuer dans l'œuf une supposée invasion prochaine. Le magistrat en charge de la ville, humaniste mou, compose entre son devoir envers l'Empire et son inclination pour une Barbare.
Ce texte dénonce les colonisations, les pouvoirs totalitaires, la torture, la peur et la haine de l'autre, la bienveillance paternaliste... Sujets multiples et récit trouble que Camille Bernon et Simon Bourgade embrouillent avec une mise en scène superfétatoire.
A l'entrée en scène de Didier Sandre et Stéphane Varupenne, première déconvenue : les comédiens sont équipés d'un micro casque qui immédiatement les propulsent hors du théâtre vivant. Sensation accentuée par les dimensions à taille humaine de la salle du Vieux Colombier ; les acteurs si près et leur voix amplifiées désincarnées.
Très vite l'apparition d'une illustration sonore qui s'avèrera quasi constante, justifiera le besoin de sonoriser les voix. Des effets visuels de mise en scène, au premier abord étonnants, s'avéreront plus envahissants qu'efficaces, intervenant comme des attractions qui affadissent le propos, frôlant l'incongruité quand ils transforment une expédition vers le peuple Barbare en une page de Tintin au Tibet ou en Rencontre du 3e type.
Les rares scènes où la scénographie s'efface pour repositionner les comédiens au cœur du dispositif sont comme des moments de grâce où l'on entend l´excellence de l´interpretation. Car les comédiens du Français, sont, malgré tout, tous excellents avec en tête Didier Sandre qui impressionne dans son engagement, Stéphane Varupenne, Suliane Brahim, Christophe Montenez, Elissa Alloula, Clément Bresson et Etienne Galharague. Ces scènes de calme confirment l'inefficacité de la surenchère scénographique.