Quatre souvenirs de Gaspard Ulliel.
A la télévision et dans les magazines, en figure de mode, dans des publicités à l'image léchée et aux slogans pas toujours compréhensibles, il était une des égéries de la marque Chanel. Beau et mystérieux. Une aubaine disait-il de cette entrée d'argent qui lui permettait de choisir les rôles qui l'intéressaient vraiment.
Au cinéma, dans le Saint-Laurent de Bertrand Bonello. Il incarne parfaitement toute la complexité du grand couturier, génie admirable et révolutionnaire, diva capricieuse, homme à la fois fragile et bourreau de son entourage. Les César préféreront récompenser Pierre Niney qui, la même année, incarnait, très bien, un Saint-Laurent aseptisé. Des deux comédiens c'est pourtant Ulliel qui avait pris le plus de risques et relevé le défi artistique le plus osé.
Au cinéma encore, dans Juste la fin du monde de Xavier Dolan, adaptation de la pièce de Jean-Luc Lagarce, il interprète le dramaturge. Le rôle d'un homme en sursis qui se sait condamné et qui vient se confronter une dernière fois à la violence de sa famille déjantée. Ses silences, ses expressions, la délicatesse de son jeu impressionnent et touchent durablement. Il recevra pour ce rôle le César du meilleur comédien, son 2e après celui du meilleur espoir reçu en 2005 pour un Long Dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet.
Au théâtre dans Démons de Lars Noren mis en scène par Luc Bondy, il incarne Tomas dont le couple est pollué par un duo de voisins toxiques. Face à Romain Duris et Marina Foïs et aux côté d'Anaïs Demoustier, il révèle une belle présence et une justesse de jeu que le trac de la scène n’altère pas.
Gaspard Ulliel est mort, ce mercredi 19 janvier, à l'âge de 37 ans emportant avec lui toutes les promesses que son talent portées.