SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

29 octobre 2022 6 29 /10 /octobre /2022 22:11

1663, Molière triomphe avec L’Ecole des femmes. Ce succès déchaîne les critiques auxquelles Molière répond par un pamphlet sur l'art de la comédie avec La Critique de l’Ecole des femmes.

Pour sa troisième intervention à la Comédie Française, Julie Deliquet (Fanny et Alexandre, Vania) propose une création dans laquelle elle plonge les spectateurs dans l'intimité de la troupe de Jean-Baptiste Poquelin. 

Molière (Clément Bresson) y est entouré de ses comédiens, Madeleine Béjart (Florence Viala) et sa fille Armande (Adeline d'Hermy), jeune épouse du maître, la marquise du Parc (Elsa Lepoivre), Mlle de Brie (Pauline Clément), Guillaume Brécourt (Laurent Stocker), Philibert du Croisy (Serge Bagdassarian) et La Grange (Sébastien Pouderoux). De la vie quotidienne de la troupe aux répétitions, du partage des gains jusqu'aux débats sur l'intention des écrits du maître, Julie Deliquet interroge le collectif en mettant en scène ce qu'aurait pu être les échanges des créateurs de la Comédie Française.

Julie Deliquet glisse dans la bouche des comédiens, ceux de Poquelin et ceux du Français, des réflexions sur l'esprit de troupe dans ce qu'il demande aussi de sacrifice, sur l'organisation et la hiérarchisation du groupe, mais aussi sur la misogynie ou non de Molière, sur la puissance de la comédie et l'élégance de la tragédie, sur le besoin viscérale de jouer, sur le statut des comédiens dans la société, sur la classification des publics... Et ce avec force conviction mais aussi beaucoup d'humour.

Dans un très beau décor sur deux étages, où les déplacements sont nombreux, où l'espace est sans cesse, dans son entier, occupé, le mouvement, horizontal et vertical, règne en maître. Oscillant entre éclairage maximal, salle comprise, et éclairage à la bougie, le travail sur la lumière est aussi très précis. La sonorisation en fond est constante, que ce soit les bruits de la foule et des feux d'artifice de la Saint-Jean aux klaxons des voitures qui nous ramènent à notre siècle (et à la relève des jeunes comédiens).

La troupe du Français est ici, encore, impressionnante. Le spectateur oublie vite qu'il s'agit d'une reconstitution tant, sous ses yeux, Jean-Baptiste, Madeleine, Armande et les autres explosent de vie, et de fièvre de jouer, à moins que ce ne soit Clément, Florence, Adeline, Elsa, Serge et les autres...

​​​​​​La mise en abîme touche à son paroxysme dans la seconde partie de la pièce dédiée à L'Impromptu de Versailles qui voit Molière et ses comédiens répéter. Là aussi, l'incarnation est si forte, la proximité des interprètes et de leur personnage est telle, qu'on plonge totalement dans cette création à l'infini.

A voir salle Richelieu jusqu'au 15 janvier 2023

 

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