James Thierrée présente son nouveau spectacle au théâtre du Châtelet. Que les amateurs des envolées lyriques du comédien-circassien et de sa troupe soient prévenus : le James Thierrée de Room commence sa mue. Un corps qui ne peut plus tout à fait assumer les acrobaties incroyables de virtuosité ancre de plus en plus au sol l'artiste. Thierrée y voit l'occasion de s'ouvrir à d'autres modes d'expression. Pour la première fois dans une de ses créations, les personnages parlent de façon compréhensible et James Thierrée y incorpore des chansons.
Quant au propos du spectacle, de l'aveu même de James Thiérrée, il n'y en a aucun. Pas de ligne conductrice, pas de cadre. Pourtant, depuis la salle, il nous semble percevoir une mise en abîme des affres de la création, la perte d'inspiration, les cauchemars qui réveillent l'artiste à la veille d 'un spectacle, les questions existentiels qui naissent du travail du créateur, l'obsession de bâtir, la nécessité de faire sens.
Sur scène, un architecte-metteur en scène (James Thierrée) et son assistant (Alessio Negro) travaillent sur des plans pour bâtir The Room, habiller et occuper l´espace, faire spectacle. De hautes parois de murs, jusqu´ici au sol seront dressées à différents moments du spectacle, virevoltant, pour composer un cadre jamais satisfaisant. Entre-temps, une dizaine d´artistes comédiens, chanteurs (dont Sarah Manesse qui impressionne particulièrement), musiciens barrés (dont Anne Lise Binard très drôle) et accrobates (dont Ching-Ying Chien, impressionnante) se lanceront dans des saynètes folles où l'on croisera un lézard aux allures de Spider-Man, un frelon, une psy hystérique, un ballet de mannequins... La musique, depuis toujours très présente, est ici jouée live et James Thierrée chante. Le spectacle se fait et se défait ainsi laissant voir l'arrière des décors, les machinistes.
Pendant 1h45, le "n´importe quoi", dénoncé par le créateur lui-même, enchante.