Dans les rues de Paris, Souleymane pédale le plus vite possible pour effectuer les livraisons de repas qui lui rapporteront quelques euros. Il se démène aussi pour être prêt pour son entretien de demande d'asile et obtenir enfin les papiers qui lui permettront de travailler en toute légalité.
Malgré toute l'énergie qu'il déploie, Souleymane trébuche sans cesse, acculé par ceux qui, sous couvert de l'aider, l'exploite. Boris Lojkine filme Souleymane au plus près. Sa caméra embarquée nous emporte dans un cinéma naturaliste, cousin de celui des frères Dardenne.
Ce dispositif bénéficie de la grâce de son comédien. Abou Sangare est impressionnant de vérité. Certes, cette histoire est très proche de la sienne mais cela ne suffit pas à expliquer cette remarquable incarnation. A ses côtés, pour une scène finale clé, on retrouve l'excellente Nina Meurisse qui fut la Camille du film éponyme de Boris Lojkine.
Le scénario s'il ne ménage pas Souleymane n'est jamais misérabiliste, ne donne jamais dans l'émotion facile. Si celle-ci se présente, c'est de constater, encore et toujours, la façon dont sont traités les réfugiés, migrants politiques, sanitaires ou économiques, et notre incapacité à leur venir en aide..
Le film a reçu au Festival de Cannes 2024, le prix du jury et du meilleur comédiens dans la sélection Un Certain Regard