C'est un Jacques Weber sans nez et en costume de ville, qu'on retrouve sur la scène du théatre de la Gaité Montparnasse pour un Cyrano revisité et escamoté.
Le décor se limite à celui d'un bistrot sans époque et à un ecran de ciné qui diffuse, entre les scènes, le muet "Cyrano de Bergerac" d'Antonio Genina (1924).
Weber s'est gardé le rôle titre ainsi que ceux de De Guiche, Montfleury et Ragueneau (un accessoire associé à chacun des personnages, permet de s'y retrouver). Il est accompagné de deux comédiens excellents, Anne Suarez et Xavier Thiam, interprétant les autres rôles dont bien sûr ceux de Roxane et Christian, et d'une pianiste accompagnant notamment les interludes réservés au film muet.
Jacques et Christine Weber ont ainsi découpé l'oeuvre de Rostand pour n'en garder que les "meilleurs morceaux", une sorte de compil., d'une heure trente quand même. La chronologie respectée permet de rendre l'ensemble toujours compréhensible même si cela est plus simple si on connait déjà l'oeuvre originale. Le spectacle reste agréable car la plume de Rostand fait toujours effet et que les comédiens sont très bons. La mise en scène parfois très coquace (notamment la scène du duel avec le vicomte dite à deux voix et chorégraphiée "à la fin de l'envoi, je touche") peut dérouter.
On peut aussi se demander s'il est juste pour l'auteur d'escamoter ainsi un si bel ouvrage. Aussi, à force de raccourci ne perd-t-on pas en intensité ?
Dans la scène finale celle de la révélation et de la mort de Cyrano, la magie n'opère pas. La petite musique triste doit sans doute nous aider à nous émouvoir mais cet artifice, en version normale inutile, ici agace. Aussi, les éclairages pleins phares n'aident pas dans une scène où le soir tombe et où la pénombre joue un rôle clé. Même les acteurs n'y sont pas.
Ce ratage final achêve de nous convaincre que cette version a peu de coût, sans être ratée, a assez peu d'intérêt.