Depuis janvier, la compagnie Gwenaël Morin investit Les Laboratoires d'Aubervilliers. En résidence pour une année complête, le metteur en scène propose au public de vivre le Théâtre permanent. Permanent car chaque instant de la journée est dédié au théâtre (repos le dimanche et lundi), ouvert au public et gratuit. Les matinées sont réservées aux ateliers de transmission qui permettent aux professionnels, amateurs ou simples curieux d'assister et participer à des séances de travail menées par les comédiens de la compagnie ou par Morin lui-même. Sujet des séances : l'étude d'un des personnages de la pièce que présente la troupe le soir même. Les après-midi sont réservées à la Compagnie qui prépare et répète la pièce qui succédera à l'affiche ; chaque pièce étant jouée pendant deux mois.
Lorenzaccio, Tartuffe, Berenice se sont succèdés sur scène depuis janvier. Antigone est présentée jusqu'au 24 septembre puis Hamlet et enfin Woyzeck clôtureront l'année.
L' Antigone de Sophocle était donc au programme hier soir et comme l'été joue les prolongations, la réprésentation pu avoir lieu dehors (avec plaid en secours tout de même). Budget plus que restreint, temps de création réduit au maximum et aussi parti pris de mise en scène, les décors et costumes sont fait de carton, chaterton et contreplaqué. On ne peut plus minimaliste comme si le public avait convoqué la troupe par surprise. Cela peut effrayer et vous faire craindre le pire et sans doute que beaucoup de comédiens ne sauraient assumer ce minimalisme là, mais Gwenael Morin a, entre autres talents, celui de savoir choisir ses comédiens. A commencer par Virginie Colemyn exceptionnelle dans le rôle de Créon. Et oui, aussi, les femmes peuvent jouer les rôles d' hommes et inversement et le même comédien jouer tout à la fois celui du jeune premier et de la jeune première. Dans une mise en scène très physique, rapide et surprenante, les comédiens nous emportent dés les premières minutes et la magie fonctionne.
C'est un tour de force que de prouver que le théâtre peut se faire dans le plus simple appareil, un tour de force que le talent seul autorise.