Chantal Ladesou avale les mots, mâche les syllabes, n'articule pas. C'est sa marque de fabrique. Dés le début du spectacle, elle annonce la couleur à peu près ainsi :
Les gens qui viennent me voir dans les pièces de boulevard me disent "j'aime beaucoup ce que vous faites. Vous me faites beaucoup rire mais je ne comprends pas tout ce que vous dites. Alors, je reviens et plus je reviens moins je comprends et plus je ris". C'est comme ça qu'on remplit les théâtres !!
Dans "J'ai l'impression que je vous plais vraiment", Chantal Ladesou s'adresse à ce public, SON public, celui qui la suit fidèlement de pièce en pièce. Elle y parle donc de théâtre, de sa vie conjugale, des coulisses et à-côtés de son mêtier. Le tout à tort et à travers, dans un grand foutrac où Chantal Ladesou se raconte, avance dans son récit, s'interrompt pour apostropher un spectateur puis repart en arrière, change de direction, et revient dans son non-récit à un rythme effreiné. Allure déguigandée, "souplesse de l'échine", tonalité de voix unique, Chantal Ladesou déploie une énergie incroyable qui pourrait laisser croire qu'une troupe entière joue. En réalité, elle est bien seule en scène et sans doute plusieurs dans sa tête tant sa folie est grande et un rien étrange. L'interprète est irrésistible donc et si l'on rit beaucoup c'est avant tout grâce à elle. Le texte décousu, qui donne à l'occasion mais gentillement dans une certaine grossièreté, accuse quelques faiblesse qui sans le talent de Ladesou pourraient être fatal au spectacle.
Mais la vedette sur la scène de Bobino est avant tout Chantal Ladesou. Le texte n'est que prétexte à laisser cette orfèvre du rire ravire son public une nouvelle fois.