Claude, élève de seconde, éveille l'attention de Germain, son professeur de français, par la qualité de sa rédaction. Encouragé par son professeur, il poursuit son récit dont le sujet est l'étude de la famille d'un camarade de classe.
"Dans la maison", on retrouve les sujets de prédilection de Ozon, la manipulation, la perversité, la satire des classes sociales, une homosexualité plus ou moins refoulée... On y trouve aussi une réflexion pas très poussée sur la création et la part du réel dans la fiction et celle de la fiction dans la réalité d'un adolescent.
Ozon s'incarne dans la peau de cet adolescent inquiétant dont le physique d'enfant sage laisse entrevoir une certaine malignité. C'est à travers le regard de Claude qu'Ozon s'amuse à la caricature du couple intello-bourgeois parisien, de la famille "bonheur de vivre" banlieusarde à l'américaine qu'il filme d'ailleurs comme une série télé, de l'éducation nationale qui ne sait plus quoi inventer pour être juste et efficace, de l'art contemporain...
Ozon balade son film entre deux univers principaux et adopte deux façons de raconter l'histoire : l'univers fantasmagorique et inquiétant du Claude voyeur dont les images "sitcomisées" sont la plupart du temps accompagnées en voix off par l'élève lui-même, et le monde bourgeois ronronnant de Germain filmé plus simplement avec une lumière moins clinquante. Tout son film consiste à passer de l'un à l'autre.
Tout d'abord attrayant le film devient un peu lassant. Est-ce l'effet redondant du commentaire en voix off plus proche du commentaire pour non voyant que de l'analyse des faits ? Est-ce l'intrigue qui manque de réels rebondissements ? Est-ce le propos qui manque de profondeur ? Le concept du manipulateur-manipulé trop évident ?
Toujours est-il que, malgré la qualité de l'écriture, l'intérêt s'émousse au dernier tiers du film. Pourtant le duo Lucchini et Scott-Thomas est très bon en une sorte de couple à la Spencer Tracy-Katherine Hepburn et le jeune Ernst Humhauer, révélation du film, est parfait d'ambiguité.