Angela Dematté, jeune auteur italienne, nous conte l’histoire de Margherita Cagol, membre actif des brigades rouges. A travers la relation entretenue avec son père, on suit de 1965 à 1975, la lente mutation de cette jeune étudiante en sociologie en militante extrémiste.
Le parti pris de confronter Margherita Cagol à un père aimant, représentant du bon sens populaire, intensifie la dramaturgie. Le contraste entre la position raisonnable, résolue et tendre de l’aîné et la fougue ivre d’absolue de la jeune fille éclaire les raisons d’un combat terroriste sans jamais les justifier ou les condamner. Il est rare de trouver des pièces contemporaines au récit si bien mené. L’écriture est agréable et efficace. Le propos est clair sans être simpliste. Plus qu’une pièce sur les brigades rouges, il est question ici du cheminement d’une jeune fille, de la confrontation entre ses origines simples et raisonnables et le destin extrémiste qu’elle s’est choisi. La mise en scène sobre sert efficacement le texte et la scénographie dans laquelle interviennent des vidéos d’époque.
Romane Bohringer apporte au personnage toute sa fougue. Avec son regard noir et intense au service de l'exaltation du personnage, elle nous emporte dans l'engrenage de l'engagement extrême. Richard Bohringer tout en douceur et en émotion touche particulièrement. Il dose parfaitement confiance admirative et inquiétude. Ce couple père fille à la ville n’empiète jamais sur le duo de la pièce. Ils sont tous deux incandescents et vous emportent durant une heure trente qui passent en un éclair.