Dans l'Alouette, Jean Anouilh s'empare de l'icône Jeanne d'Arc, petite bergère exaltée qui, pour contenter Dieu, suit les voix qui l'habitent et manient les hommes influents, avec pour seule arme la flatterie et la tournure d'esprit.
Jean Anouilh se moque des hommes orgueilleux, lâches et assoiffés de pouvoir, de l'Eglise intransigeante et corrompue. Il honore l'intelligence, la passion et la force de caractère d'une Jeanne qui à l'image d'une Antigone, seule contre la folie des hommes, va droit où ses passions et ses croyances la mènent.
Le décor sobre est habillé d'éclairages ingénieux qui s'épanouissent dans une rosace XXL. Exceptionnellement, Christophe Lidon nous gratifie d'une mise en scène sans trop d'esbroufe et offre un bel écrin à la pièce.
La plume d'Anouilh est ici particulièrement affutée et drôle. Car, contre toutes attentes, on rit beaucoup ici et les bons mots et le décalage sont rois.
A la qualité du texte s'ajoute, l'autre richesse de la pièce : la grâce de Sarah Giraudeau qui manie avec virtuosité le burlesque et le drâme, la candeur et la force. C'est une joie sans pareil de voir à l'oeuvre un tel savoir faire.