Le Comte de Bouderbala a une bonne gueule, une belle présence sur scène, le sens du mime et se démarque des autres pro du stand-up par l’usage d’un vocabulaire bien plus étendu que la moyenne. Réjouissant donc.
Le Comte de Bouderbala semble avoir oublié que le tout médias quotidien des français réduit à peau de chagrin la durée de vie de tout sujet d’actualité et que les tendances le sont de plus en plus brièvement. Aussi, lorsque pour faire rire son public, sur la scène de l’Alhambra, le 8 décembre 2011, il évoque toujours les aventures de Ribéry et Zahia, l’adhésion de Doc Gynéco à l’UMP, le voile de Diams, les violences conjugales de Cheb Mami ou Khaled… on se dit qu’il se fout un peu de son public. Le Comte de Bouderbala, Saint-dionisien, nous présente aussi sa vision des rappeurs dont il n’hésite pas à dénoncer… le mauvaise usage de la langue française… Propos qu’il illustre assez longuement d’exemples édifiant tirés de morceaux musicaux... datant tous de plusieurs années... Vexant donc.
Quand le Comte de Bouderbala, pour rafraîchir un peu son spectacle, évoque l’affaire DSK et la mort de Kadhafi et qu’il le fait en deux pauvres phrases, trois grimaces et une demie-vanne, on se dit qu’il est déjà à sec. Inquiétant donc.
Le Comte de Bouderbala ne brille pas par son originalité. Une grande partie de son spectacle tourne autour du principe du « les américains sont comme ci, les français sont comme ça ». Il enfonce à son tour les portes ouvertes de ce sujet vu et revu. Sujet d’autant moins inédit que Rachid Badouri qui assure sa première partie a choisi lui de nous parler des québecois versus les français… Quand Le Comte de Bouderbala dit que Obama a la classe et que Sarkozy ressemble à De Funés, on se pend et on note deux-trois vannes plus loin que le Comte de Bouderbala est le seul comique avec Laurent Gerra a évoqué encore Jacques Martin, Léon Zitrone et Jean-Pierre Pernaud dans son spectacle. Affligeant donc.
Le Comte de Bouderbala présente, comme dans tout bon spectacle comique, la partie dite raciste et assumée comme telle. Il l’ouvre sur un sketch descriptif des Roumains ou Roms (il alterne les deux appellations) mendiants, agressifs, moches et mal fringués avec une férocité qui pourrait être très drôle s’il y apportait la petite note de nuance, même faux cul, qu’il sert lorsqu’il évoque les autres communautés et origines culturelles. Tels les juifs et les noirs (mais pas trop parce que « c’est tabou »), les chinois (largement mais c’est quand même eux les plus forts car ils vont tous nous niquer), les arabes qui doivent leur mauvaise réputation aux images diffusées à la télé… ce qui n’est sans doute pas le cas des Roumains brocardés il n’y a pas si longtemps par certains hommes politiques qui occupent les mêmes journaux télévisés…Enervant donc.
Le Comte de Bouderbala a sans aucun doute un vrai talent de stand-upeur. Le problème c’est qu’il semble revenir d’une longue hibernation. Flemmard, son spectacle a 3 ans de retard. Fainéant donc.