Pour son premier film français, Asghar Farhadi perd la finesse qui fait son grand talent. "Le Passé" propose un récit laborieux autour d’un secret qui plus ou moins élucidé sera trituré dans tous les sens pour créer une tension un peu artificielle. On n'est pas loin de la surenchère. Les rebondissements, dignes d'un soap opéra, se succèdent en nombre dans un scénario qui n’a pas la fluidité de ceux des précédents films Asghar Fahradi. Tout est sur expliqué, surjoué.
Grand portraitiste, Farhadi met habituellement un point d'honneur à rester neutre, ne prenant le parti-pris d'aucun de ses héros mais n'en condamnant aucun autre non plus. Il reste, ici aussi, d'une certaine façon neutre mais ne fournit que peu d'excuses à son personnage féminin interprété par Bérenice Béjo. Egoïste, immature, pas très bonne mère et régulièrement hystérique, elle n’est pas particulièrement sympathique. Les deux hommes, compagnon rongé par la culpabilité et ex moralisateur, font avec. Côté interprétation, l’Iranien Ali Mosaffa, excellent, survole la distribution.
Après cette grosse déception, espérons qu'Asghar Farhadi retrouvera pour son prochain film toute la délicatesse de ses productions iraniennes.