La réalisatrice virtuose, reine des sagas historiques, ne nous emportera plus dans de nouveaux tourbillons romanesques. Avec elle, les téléfilms avaient de l'ambition, du panache, une sacrée allure. Elle avait un grand sens du récit, du rythme et du cadre. Ses décors et ses costumes etaient particulierement soignés, tout comme ses distributions. Elle savait faire appel aux monstres sacrés comme aux acteurs virtuoses moins exposés, dont quelques membres de la Comédie Française, mais aussi aux jeunes pousses prometteuses. Dés la fin des années 70, ses "Dames de la Cote" nous fascinaient. Voir Edwidge Feuillère, Françoise Fabian, Denise Grey, Hélène Vincent et Michel Aumont dans le même feuilleton, ça avait de la gueule. On ne jouait pas dans la même catégorie que la production habituelle. A côté de ses maîtres du beau jeu, la découverte de l'étrange Évelyne Buyle, et des fougueux Fanny Ardant et Francis Huster nous confirmait l'exception du moment. Les autres sagas qui suivront ne feront que valider l'excellence de ses oeuvres et la confiance que de grands comédiens, connus et moins connus, renouvelleront à la réalisatrice. On se souvient plus particulièrement de "Le chef de famille", une de ses rares histoires modernes, où l'on retrouve le jeune couple Ardant-Huster mais aussi Edwige Feuillère, Pierre Dux et Micheline Dax, des fresques historiques "L'allée du roi", "Un pique-nique chez Osiris", "Voici venir l'orage" habitées par Dominique Blanc, Didier Sandre, Samuel Labarthe, Michel Duchaussoy, Marina Hands, Daniel Mesguish, Éric Ruf, Annie Duperey, Dominique Reymond, Anouck Grinberg, Natacha Reigner, Anne Brochet, Céline Samie, Cécile Brune. Ou encore de l'adaptation d' "A la recherche du temps perdu" où l'on retrouve dans le rôle du conteur Micha Lescot, génial comédien que le théâtre s'arrache aujourd'hui.
Le film de télévision de qualité, beau, intelligent, poétique mais pas chiant vient de perdre l'un de ses grands maîtres. Nina Companeez nous a quitté ce 9 avril.