Sami Frey interprête cette nouvelle-monologue de Becket écrite en 1946, modifiée en 1969 et publiée en 1970. Une oeuvre de jeunesse adaptée à l'âge de la maturité.
Un homme d'un certain âge, quelque peu misanthrope, nous conte son premier et unique amour, qu'il rattache à la mort du seul être qui l'a, sans doute, réellement aimé : son père.
Sami Frey joue ce personnage étrange et étriqué, accueillant avec septicisme cette femme qui bouscule sa confortable solitude et ce nouveau sentiment qu'est l'amour.
Le texte de Beckett est absurde, pathétique et très drôle.
La mise en scène de Sami Frey tout en simplicité laisse la place au texte et au jeu : deux bancs et un rideau de fer pour décor, un fond sonore d'une note, et une alarme qui se déclenche quand le héros dépasse une ligne, celle de son univers exigu ?
Voix douce et profonde, raide d'immobilisme, un brin inquiétant, le comédien, hypnotise la salle. Un grand moment comme on en rencontre rarement.