Le grand public a fait sa connaissance au 1er trimestre 2005, alors qu'elle est retenue en otage en Irak, enlevée avec Hussein son fixeur, lors d'un reportage à l'université de Bagdad. Le visage de Florence Aubenas, journaliste à Libération, apparaît alors dans les médias, est tagué dans les rues, affiché sur le fronton des institutions. Libérée après 157 jours de détention, Florence Aubenas revient et répond aux interviews souriante et heureuse d'être libre. Impressionnante.
Elle se lance dans la réécriture d'un livre débuté avant sa privation de liberté, un livre sur une affaire qui secoue la France, l'Affaire d'Outreau. Dans "La Méprise", Florence Aubenas se penche sur chaque protagoniste, chacun enfermé dans une vie de violence, dans les fantasmes des adultes, dans une incarcération arbitraire, dans le rêve d'une grande affaire... Les criminels, les enfants violés, les innocents accusés, le jeune juge d'instruction comme envouté... Aubenas trace le portrait d'un quartier et des protagonistes, adultes et enfants, citoyens lambda et représentants de l'ordre. Elle décrit leur rôle, celui qu'ils ont tenu et celui qu'ils leur a été attribué, la folie qui semble avoir gagné ceux qui ont sur eux droit de vie ou de mort, le tout avec une précision, non dénué d'humanité mais sans concession. Elle a eu accès au dossier est retranscrit fidèlement les mots tenus par chacun. Ce qu'elle écrit dit beaucoup sur la misère humaine, la difficulté de vivre une vie simple à côté de ceux qui possèdent encore moins, la force de la volonté de vouloir exister d'une façon ou d'une autre, le poids d'une société qui dicte ses lois sans nuance. Une humanité folle où toute la bonté du monde peine à prendre prise.