Ce soir, il n'a pas trouvé de chambre d'hôtel. Sous la pluie, il a rencontré un camarade, réel ou inventé, à qui raconter sa solitude, ses rencontres, ses combats.
Roger Davau met en scène la pièce de Bernard-Marie Koltes, écrite en 1977. Dense, le texte est sans ponctuation, d'une seule phrase où le héros dit sa haine d'un système qui broie et expulse, dénonce la trahison des femmes, se méfie du désir qui affaiblie l'homme fort, confie l'importance de rester digne, se félicite d'avoir su se libérer de tout, s'interroge sur le prix de cette liberté, presse ce camarade aux allures d'enfant de ne pas le laisser, seul, sous cette pluie qui ne finit pas. Ce monologue bouscule par sa noirceur, enchaînant récit limpide et propos confus, il nous interroge sans cesse. Sur la petite scène de la salle Belleville, dans un décor minimal, Christophe Hatey s'en empare avec vigueur et sensibilité, laissant éclater la vérité de cet être abîmé.
A voir au théâtre de La Croisée des chemins, le jeudi à 21h et le dimanche à 19h jusqu'au 8 mai.