Valérie Bacot est une des grandes victimes de l'incompétence de la société policière et judiciaire. Valérie Bacot a sans doute vécue l'un des plus édifiants abandons par la société civile. C'est ce qui frappe de la façon la plus évidente dans sa vie sous l'emprise d'un bourreau. A côté, de l'indicible, de la plus extrême violence d'un homme, c'est l'inaction de son entourage, l'absence de toute intervention humaine et humanitaire qui terrifient.
La mise en scène d'Anne Bouvier souligne particulièrement cet abandon, listant les fonctions et places de tous ceux qui auraient pu intervenir et ne l'ont pas fait. C'est, dans tout ce qui fait la puissance de la mise en scène, ce qui marque particulièrement.
Sylvie Testud incarne Valérie enfant, adolescente, adulte et mère, inconsciente, violentée, victime et combattante. Dans de courtes scènes, de quelques secondes, elle est aussi ses parents, le bourreau, ses enfants, mais également l'avocate qui intervient comme pour soutenir Valérie dans le déroulé de son terrible récit. La lumière s'adapte à chaque personnage dont Sylvie Testud prend les traits, sans coupure, d'une intonation de voix, d'un mouvement, d'une position du corps, d'un port de tête.
Cette adaptation de l'autobiographie de Valérie Bacot est d'une force rare. L'interprétation de Sylvie Testud, qu'accompagne l'efficace et sensible mise en scène d'Anne Bouvier, est remarquable par sa puissance et sa retenue.
A voir au théâtre de l'Oeuvre jusqu'au 30 décembre 2022.