Le 17 décembre 2012, Maureen Keaner, professeur d'anglais chez Areva et syndicaliste à la CFDT, est agressée à son domicile. Depuis plusieurs mois, elle enquête sur un projet de contrat entre Areva, EDF et la Chine qui mettrait en danger 50 000 salariés d'Areva et le savoir-faire nucléaire français (ce qui finit d'ailleurs par arriver).
Jean-Paul Salomé reconstitue tout le contexte précédent l'agression et l'enquête sur l'agression. Par soucis d'égalité envers Maureen Keaner, tous les noms des protagonistes de cette affaire politico-judiciaire ont été conservés. On imagine le temps passé par les avocats pour verrouiller le scénario et éviter de potentielles poursuites. Car l'affaire est édifiante.
Mais ce qui interpelle dans cette histoire vraie, c'est qu'elle ait pu passer inaperçue dans les médias et auprès de l'opinion publique. Ce qui intrigue c'est la relation de proximité entretenue par Maureen Keaner avec Anne Lauvergeon, la facilité d'accès de la syndicaliste auprès des grands patrons d'Areva, sa notoriété auprès des politiques. Ce qui fascine, c'est cette personnalité particulière de Mauren Keaner, qui provoque à la fois admiration et inquiétude. Isabelle Huppert joue parfaitement cette ambiguïté, passant en une seconde de la victime à la manipulatrice, semant le doute sans que jamais il ne s'impose tout à fait. Elle est magistrale.