Jeanne Dielman, veuve, vit avec Sylvain, son fils adolescent à Bruxelles. Sa vie d'une grande routine est ponctuée par les tâches ménagères et par la visite des clients de son activité de prostituée.
Jeanne Dielman..., tourné en 1975, a été élu le 1er décembre 2022, "meilleur film de tous les temps" au classement décennal de la revue britannique Sight and Sound. Hasard ou conséquences, le film restauré ressort en salle, l'occasion de vérifier les raisons de cet étrange et audacieux prix.
Le film porte une forte personnalité formel. Il est construit en plans fixes que la divine Delphine Seyrig habite et traverse. La colorimétrie est pâle. Blanc, beige, marron, jaune paille et bleu gris dominent. Les bruits de la vie domestique envahissent l'espace sonore. Les dialogues sont réduits au minimum. Quand la parole vient c'est par la voix de Delphine Seyrig ou par celle d'une voisine anonyme sur des considérations domestiques ou par celle de l'adolescent qui s'interroge sur les relations charnelles.
Ainsi les tâches quotidiennes répétitives, maîtrisées, sournoisement alienantes, forment la vie en huis clos (appartement et commerces du quartier) de Jeanne Dielman. Mais, petit à petit, l'expression sur le visage de Jeanne change, la mécanique semble se gripper.
Difficile de dire que Jeanne Dielman est le meilleur film de tous les temps (si ce classement a un sens). Il est en tous cas remarquable, nous tenant en haleine pendant ses trois heures de plongée au coeur de la vie de Jeanne Dielman.
Date de sortie : 1976