Le théatre Marigny présente, jusqu'au 2 décembre, "La vie devant soi" de Romain Gary.
En adaptant ce livre culte et déjà cinématographié avec le monstre Signoret, Xavier Jaillard prenait de gros risques. Le livre doit beaucoup à l'écriture espiègle et riche de Gary et le "réduire" à une pièce de théâtre semblait hasardeux.
C'était sans compter sur le talent de Didier Long, metteur en scène décidément très inspiré. Sa mise en scène enrichie de vidéos et musiques accompagne et complète parfaitement l'intelligent découpage de Jaillard. La voix off reprenant le livre assure les liaisons entre les scènes, clarifiant l'évolution des personnages et amplifiant une émotion déjà bien installée par les comédiens.
D'abord, les deux seconds rôle, le père interprété par Magid Bouali qui en une scène fait mouche et bien sûr le bon docteur Katz, interprété par Xavier Jaillard lui-même également très bon. Ensuite, Aymen Saïdi, le Momo, narrateur de son histoire d'amour avec Madame Rosa. Malheureusement, fréquemment faux parce qu'il crie plus souvent qu'il ne joue. Dommage, car lorsque son jeu se fait murmure il touche juste.
Et puis, et surtout, Myriam Boyer en Madame Rosa. Telle qu'on avait pu l'imaginer à la lecture du livre. Tout en lourdeur, peur et folie. Entre raison, tolérance et infinie tendresse. Oscillant entre le plus beau et le plus laid. Myriam Boyer est simplement magnifique.
A elle seule, elle justifie l'existence de la pièce.