Souvenir du 15 décembre 2001 : une rencontre furtive, le temps d'une signature sur une affiche dans un café en face du théâtre de la Gaité Montparnasse après une représentation de "Madame Marguerite". Annie Girardot devant une bière sans alcool, voix grave, ton abrupt et bienveillant à la fois. La comédienne, fidèle à l'icône de notre enfance, nous bouscule un peu.
Les médias ont tendance à l'oublier, mais Annie Girardot, avant de devenir la représentante de tous les malades d'Alzheimer, a été une immense comédienne. Dans les années 70, elle était LA star du cinéma français. Toute notre enfance-adolescence sera bercée par ses films. Drôle ou touchante, elle a tourné avec les plus grands réalisateurs. Une liste aussi variée qu'impressionnante : Carné, Grangier, Allegret, Visconti, Oury, Rossi, Ferreri, de La Patelière, de Brocca, Audiard, les frères Taviani, Lelouch, Giovanni, Pinoteau, Boisset, Comencini, Molinaro, Blier, Haneke...
Les images bouleversantes de ses dernières années, celles troublantes de la remise des Césars de 1996, ne prendront jamais le pas sur celles de "Mourir d'aimer", "La zizanie", "Un homme qui me plait", "Mourir d'aimer", "Rocco et ses frères", "Tendre poulet", "Vivre pour vivre", "Docteur Françoise Gailland"... ni sur celles du souvenir de la représentation de "Madame Marguerite".