Le rideau de la Comédie Française se lève. Pour décor, trois portes semblables, comme le souhaitait l'auteur. Les acteurs, convoqués sur scène, attendent. Le chœur (Clothilde de Bayser, parfaite) entre ironie et renoncement annonce le destin de chacun. La tragédie est écrite et aura bien lieu sous nos yeux.
Marc Paquien propose une mise en scène physiquement exigeante au diapason de la fougue d'Antigone. Dans le rôle titre, Françoise Gillard pousse parfois jusqu'à la folie alors qu'on imagine Antigone plus proche de l'exaltation. C'est la seule réserve que l'on retient après la représentation. Car ici tout emporte à commencer par la beauté poétique du texte d Anouilh dont les thèmes abordés résonnent encore aujourd'hui. La mise en scène énergique, la beauté simple du décor, le travail sur le son, celui sur la lumière, l'interprétation de Nazim Boujenah qui en deux scènes vous saisit, le contraste entre la stature frêle et sèche de Françoise Gillard et l'imposante carrure et la voix de stentor de Bruno Raffaelli font de cette représentation un très beau moment.