Le film s’ouvre sur un générique rythmé et coloré qui évoque Truffaut et Demy. L’ambiance 50-60 est plaisante et ces 3 premières minutes nous placent sous les meilleurs hospices. On déchante vite avec l’apparition de Ludivine Sagnier qui ne nous quittera plus pendant une heure. Comme à son habitude, mais peut-être de façon encore plus spectaculaire, elle bouge faux, elle parle faux, elle sourit faux. Son personnage peu sympathique qui croise d’autres personnages tout aussi désagréables ne nous pousse pas à la bienveillance et l’histoire ne passionne pas.
La deuxième partie voit l’arrivée sur l’écran de Catherine Deneuve, Louis Garrel et Chiara Mastroiani. On se dit que si on ne s’attache pas plus à l’histoire on aura au moins le bonheur de voir de bons comédiens. Mais le destin des personnages qui se veut sans doute émouvant ne fait qu’agacer ou pire laisse indifférent. Car jusqu’au bout, les héros d’Honoré comme souvent sont particulièrement tête à claque et d’un égoïsme rare. Le récit, par ailleurs assez mal ficelé, est sans intérêt. Il court pourtant sur deux générations et des époques riches en bouleversements sociaux. Mais Honoré n’a pas grand chose à dire et se focalise toujours sur les mêmes sujets, l’époque finalement ne change rien. Quand on a déjà vu plusieurs de ses films, on est obligé de constater que le réalisateur tourne en rond et que la vie « particulière » de ses personnages, par cette répétition, fait de plus en plus factice et caricaturale. On n’échappera pas au personnage atteint du sida qui bien sûr est homosexuel à moins que ce soit le personnage homosexuel qui bien sûr a le sida… A cela s’ajoute, une narration sans imagination, sans grâce.
Le problème quand l’histoire n’intéresse pas c’est qu’on s’attache à ce qui, en d’autres circonstances, sembleraient être des détails. Ainsi, les chansons d’Alex Beaupain sont terriblement semblables mélodiquement. Ce manque de variété ajoute à l’ennui. Quant au choix de la petite mignonne Sagnier pour interpréter l'impressionnante Deneuve jeune, on demeure dubitatif, idem quand on retrouve le premier mari de Sagnier, interprété par Rasha Bukvic, jeune acteur très grand et élancé qui 30 ans plus tard se transforme en Milos Forman, petit et trapu. Voilà où, très rapidement, le film nous mène. On comble l’ennui comme on peut.